Rouen | Un photographe jugé pour avoir agressé sexuellement ses modèles, parfois mineures

Chez le phoptographe, les enquêteurs retrouvent de multiples images à caractère pornographique de jeunes femmes mineures et majeures dans son ordinateur.

Serghei Turcanu – Getty Images/iStockphoto

L’homme, photographe artistique professionnel, aurait profité de séances érotiques pour abuser de ses modèles. Quant aux agressions sexuelles subies, les jeunes femmes déclarent que le prévenu leur à touché le sexe, les seins et les fesses. Il vendais ensuite leurs photos dénudées à des collectionneurs sur E-bay.

Un homme de 54 ans a été jugé par le tribunal correctionnel de Rouen, mardi 10 mars 2020, pour de multiples agressions sexuelles commises entre 2011 et 2013.

Mardi 10 mars 2020, un homme âgé de 54 ans a comparu au tribunal de Rouen (Seine-Maritime), accusé de multiples agressions sexuelles sur des jeunes femmes.

L’homme, photographe artistique professionnel, aurait profité de séances érotiques pour abuser de ses modèles.

Tout commence le 25 mars 2013, lorsque Isabelle*, 17 ans, dépose plainte contre William*, pour une agression sexuelle survenue le 18 février 2013 à Rouen.

Elle explique aux enquêteurs avoir vu des photos d’une copine sur Facebook, et les avoir « likées ».

L’homme a alors pris contact avec elle, lui expliquant qu’il est à la recherche de modèles, qu’il fait des « books » pour des jeunes femmes. Il lui envoie ses tarifs.

Au fil de leurs échanges, il lui propose une séance.

Méfiante, la jeune femme refuse dans un premier temps, mais le photographe lui propose à nouveau en ajoutant que ce serait « gratuit si elle acceptait qu’il utilise ses photos ».

Interrogée lors de son dépôt de plainte sur la séance photo, Isabelle déclare :

« C’était chez lui, au début tout allait bien, c’était soft, puis c’est devenu de plus en plus érotique ; il faisait des commentaires dégoûtants, il n’était pas professionnel. Il se rinçait l’œil, et à un moment donné, il m’a embrassé le sexe par surprise. Je me suis sentie très mal, j’avais peur ».

Une enquête est alors ouverte, et une perquisition est menée au domicile du suspect.

Les enquêteurs retrouvent de multiples images à caractère pornographique de jeunes femmes mineures et majeures dans son ordinateur.

Ses conversations sur Facebook sont également exploitées, elles permettent de remonter jusqu’à six victimes, six jeunes femmes dont cinq sont âgées de 17 ans.

Placé en garde à vue, William, 54 ans, explique être photographe professionnel depuis environ 20 ans. Il reconnaît avoir agressé sexuellement plusieurs jeunes femmes, mineures comme majeures.

Toutes les victimes retrouvées décrivent avoir été approchées par le prévenu de la même manière qu’Isabelle.

Certaines ont été photographiées sur la plage de Fécamp dénudées, dans des positions très suggestives, d’autres dans la chambre conjugale du prévenu, ou encore sur les quais à Rouen, devant des passants choqués.

Quant aux agressions sexuelles subies, les jeunes femmes déclarent que le prévenu leur à touché le sexe, les seins et les fesses.

Une jeune femme indique également que le prévenu lui a léché le sexe, et tenté de la pénétrer avec ses doigts, mais qu’elle l’a repoussé avant de recevoir 50 euros de sa part.

C’est cette dernière accusation que le prévenu conteste fermement :

« C’était totalement consenti, elle m’a demandé de lui faire l’amour alors qu’on se trouvait dans la salle de bain », se défend-il au tribunal.

À la barre, le prévenu reconnaît les faits, explique qu’il était en dépression à cette époque, et ajoute :

« Au début, j’ai commencé par des portraits, la mode, puis petit à petit j’ai dévié sur le nu artistique et enfin l’érotisme. Je me sentais désiré par elles, je vendais leurs photos dénudées à des collectionneurs sur E-bay ».

Il reconnaît également avoir fait signer des autorisations de droit à l’image à des mineures sans l’accord de leurs représentants légaux, et avoir antidaté certaines d’entre elles.

Sur les attouchements sexuels, il explique qu’il n’avait pas conscience du mal qu’il faisait, mais assure que depuis les faits, grâce à son suivi psychologique, il a pris la mesure de la gravité des faits.

L’expertise psychiatrique de l’intéressé conclut à un mal-être profond, un état dépressif, mais aucun penchant pédophile.

Une injonction de soins est cependant recommandée par l’expert.

Présentes à l’audience, deux victimes, mineures au moment des faits, maintiennent leurs accusations et expliquent qu’elles se sentaient mal, avaient peur, craignant pour l’une d’elle de se faire violer par le prévenu.

Une autre demande réparation à hauteur de 1 000 euros pour les faits qu’elle a subis.

L’avocate d’Isabelle souligne le courage dont sa cliente a fait preuve, car « grâce à elle, tout a pris fin ».

Concernant l’état de la jeune femme qui a été le plus gravement agressée parmi toutes les victimes, celle-ci est régulièrement hospitalisée en psychiatrie :

« Elle se considère comme un objet pour les hommes ».

Sur les faits, l’avocate dénonce l’absence de regret et d’empathie, et estime que le prévenu a agi comme « un prédateur, abusant de sa fonction de photographe pour assouvir ses pulsions sexuelles ».

Elle réclame 14 600 euros de dommages et intérêts pour sa cliente.

L’avocat d’une autre jeune femme évoque quant à lui « le mode opératoire particulier du prévenu », et réclame 4 500 euros de dommages et intérêts pour sa cliente.

Pour le ministère public, « il y a beaucoup de faits et beaucoup de victimes, avec un mode opératoire identique ».

Il estime que les faits sont parfaitement caractérisés, rappelant qu’ils ont été commis par le prévenu usant de son activité pour assouvir ses envies sexuelles, et expliquant craindre un risque de récidive.

Il requiert, malgré un casier judiciaire vierge, une peine de 36 mois d’emprisonnement, dont 12 mois avec sursis, et mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de soins psychiatriques, d’indemnisation des victimes et interdiction d’exercer la profession de photographe en présence de mineurs.

Pour le conseil de William, son client « faisait de l’art, mais n’aurait pas du agir ainsi avec des mineurs ».

Il tient à rappeler que dans cette affaire, il n’y aucun caractère pédopornographique.

Il conteste le côté « prédateur » décrit par les parties civiles, et assure « qu’il n’avait pas conscience de l’interdit franchit », affirmant que ce n’est qu’au moment de son interpellation qu’il a compris. Il demande la relaxe de l’agression sexuelle, contestée par son client.

Quant à la personnalité de William, son avocate évoque une enfance compliquée : dans sa vie d’adulte, explique-t-elle, « il ne se sentait plus désiré ni désirable, sauf lorsqu’il était derrière son appareil photo ».

Depuis les faits, complète-t-elle, des soins rigoureux ont été entrepris.

Elle demande une peine avec sursis et mise à l’épreuve.

Le tribunal rendra sa décision le 17 avril 2020.

*Les prénoms ont été modifiés

 

Source : actu.fr

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