Blois | Un père incestueux condamné à 10 ans de réclusion criminelle

Un père a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour avoir agressé sexuellement et tenté de violer sa fille alors qu’elle avait entre 12 et 14 ans


Le verdict a été rendu, lundi 28 octobre, au palais de justice de Blois. © (Photo d’illustration NR)

Je me dégoûte”. Lorsqu’on demande à ce père de bientôt 40 ans de s’exprimer sur les agressions sexuelles qu’il a commises sur sa fille adolescente, à son domicile dans le Vendômois, voilà sa réponse.

L’enfant avait entre 12 et 14 ans. Elle a révélé les faits en septembre 2017. Interrogé, lundi, par la présidente de la cour, Patricia Renzi-Goillot, le père reconnaît une « attirance sexuelle » envers sa fille. « L’attirance et le désir ont pris le dessus, mais je me rendais vite compte et je m’arrêtais tout de suite. » Aujourd’hui, il dit aussi se rendre compte du mal qu’il a causé. Non seulement à sa fille. Mais aussi à toute sa famille. Qui a volé en éclat.

Me Nathalie Coeudevez, le conseil de la jeune fille, aujourd’hui âgée de 16 ans, décrit un homme au double visage. D’un côté, quelqu’un de « totalement lisse, sans aspérités. » De l’autre, il renvoie une « image sombre, secrète, cachée, qu’il ne dévoile que dans sa vie sexuelle déviante […]. Sa fille devient un objet de plaisir sexuel narcissique. »

Douze à 15 ans requis Pour la mère de la victime, et ex-femme de l’accusé, « l’incompréhension demeure toujours », comme le souligne son avocate, Me Sandrine Pouget.

« Comment cet homme qu’elle a aimé, avec lequel elle a partagé quinze ans de sa vie, avec qui elle a eu deux enfants, a pu commettre l’impensable ? Elle a développé un fort sentiment de culpabilité, pour ne pas avoir su, ne pas avoir pu protéger sa fille. »

Le père reconnaît les agressions sexuelles. Mais il dément depuis le début toute tentative de viol, « le point central de ce dossier », pour l’avocat général, Jean Demattéis. Il évoque deux possibilités pour la contestation de ce fait.

« Ou bien, c’est une approche stratégique, ou bien c’est une approche psychologique. L’intention, elle est tellement odieuse, abjecte, ignoble, qu’il est possible qu’il décide sciemment ou inconsciemment de l’occulter de sa mémoire. »

Quoi qu’il en soit, s’appuyant sur les déclarations constantes de la victime, l’avocat général en est convaincu :

« Si elle n’avait pas serré les jambes avec suffisamment d’énergie, de désespoir, je pense que la pénétration serait allée jusqu’au bout. Elle aurait été violée. »

Il requiert douze à quinze ans de réclusion criminelle avec un suivi sociojudiciaire de cinq ans (cinq ans de prison supplémentaire en cas de non-respect). Il demande aussi que l’autorité parentale sur sa fille soit retirée au père.

Pour Me Coeudevez, il n’y a « pas de doute » non plus. Le souvenir de cette tentative de viol est « très précis » dans la tête de sa cliente, une scène qu’elle a décrite dans le détail lors de ces différentes auditions et vendredi encore à la barre de la cour d’assises, lors du premier jour du procès. « Il est dans le déni conscient et dans une minimisation pour préserver cette belle image lisse, sans aspérités. »

L’avocat de la défense, Me Damien Vinet, ne partage pas cet avis.

« La parole de la victime, elle a sa place dans le procès, mais elle ne doit pas être sacralisée. »

Il s’appuie sur les déclarations de l’adolescente lors de la confrontation avec son père en septembre 2018, où elle déclare :

« Je ne sais pas vraiment s’il est entré dedans. » « Je suis intimement persuadé de la souffrance de la victime, mais force est de constater qu’il y a plus d’interrogations que d’affirmations. »

Et de rappeler que son client a été « constant du début à la fin : il n’a jamais eu l’intention de violer sa fille. » Il s’agace aussi du procès de « moralité » que l’on fait à l’accusé parce qu’il est déjà allé voir des prostitués et parce qu’il fréquentait des clubs échangistes. « La moralité n’a pas sa place dans une cour d’assises. » Quant aux déclarations de l’expert psychologue sur l’ « anomalie des fantasmes » du père… « Ah ! Parce qu’il y a des fantasmes normaux ? »

L’avocat de la défense conclut en s’adressant aux jurés : « Je ne vous demande pas d’être généreux dans votre décision. Je vous demande d’être justes. »

Retrait de l’autorité parentale Après deux heures de délibérations, la cour a condamné le père, pour l’ensemble des faits, à dix ans de réclusion criminelle.

Ensuite, il fera l’objet d’un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans (trois ans de prison s’il n’est pas respecté). Son autorité parentale sur sa fille lui a été retirée. Il est inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Source : lanouvellerepublique.fr

 

 

 

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