La Réunion | 9 mises en examen dans une affaire de prostitution d’adolescentes

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Les victimes résidaient dans un foyer de protection de l’enfance
Une femme et huit hommes ont été mis en examen à La Réunion dans une affaire de prostitution de mineures qui résidaient dans un foyer de la protection de l’enfance, a-t-on appris jeudi auprès du parquet de Saint-Pierre.

Actualisation du 22 juin 2023 :

Proxénétisme : Une Saint-Pierroise de 19 ans incarcérée, huit clients placés sous contrôle judiciaire

Il y a un mois, un réseau de proxénétisme mettant en scène des mineures de moins de 15 ans a été démantelé dans le sud du département. A la tête de ce réseau présumé, une jeune fille de 19 ans prise en flagrant délit de proposition à un client qui recherchait de jeunes vierges.

Fatima* avait 19 ans lorsqu’elle a commencé à proposer et même à forcer des jeunes filles de son entourage à se prostituer.

Une de ces dernières avait fait une fugue d’un foyer de l’enfance et s’était retrouvée hébergée chez elle. C’est ainsi que Fatima lui avait mis la pression pour qu’elle fasse des passes, au risque de se retrouver à la rue si elle refusait, ou bien de voir publier sur les réseaux des vidéos compromettantes.

En 2021, la victime avait porté plainte et permis aux forces de l’ordre de mettre la main sur un réseau orchestré par Fatima. Plusieurs mineures qui se trouvaient sous sa coupe ont pu être identifiées ainsi que huit clients mis en examen dans cette affaire et placés sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’ouverture d’une information.

Quant à Fatima, elle a été interpellée en flagrant délit de proposition d’une adolescente de 14 ans à un homme qui recherchait “de jeunes vierges”.

Vêtue d’un jean et coiffée comme une enfant à qui on a fait des couettes, la vingtenaire a comparu ce mardi devant les magistrats de la chambre de l’instruction afin de contester le refus de sa demande de remise en liberté. En larmes, elle a tenté d’attendrir la cour alors que le parquet général dans ses réquisitions avait brossé un portrait de sa personnalité plutôt inquiétant.

Victime d’abus au cours de son adolescence, Fatima semble avoir un rapport à la moralité et aux mœurs très particulier.

Dénuée d’affect, la jeune prévenue qui effectuait des passes au domicile maternel et en la présence de sa mère nécessite une prise en charge psychologique et un suivi socio-judiciaire pour pouvoir se réadapter à sa sortie de détention, indiquent les experts psychologues et psychiatres l’ayant examinée.

Son avocat, Me Ben Ali Ahmed, a souligné qu’il n’était moralement pas acceptable que les clients du réseau soient libres alors que sa cliente, si jeune, soit à la geôle. La cour s’est donnée jusqu’à demain pour rendre sa décision.

* Prénom d’emprunt

 

Actualisation du 18 Avril 2023:

Ouverte en juin 2022, une information judiciaire a permis de démanteler un réseau de proxénétisme impliquant des mineures de 14 à 17 ans placées dans un foyer départemental de l’enfance.

Huit clients et la proxénète présumée ont été mis en examen.

Des hommes âgés d’une cinquantaine d’années, pères de famille pour certains, qui s’offraient des prestations sexuelles tarifées avec des gamines de 14 à 17 ans.

Tel sont les contours d’un réduit mais très actif réseau de prostitution de mineures que les policiers du STPJ de La Réunion, agissant sous commission rogatoire d’un juge d’instruction saint-pierrois, ont entrepris de démanteler il y a un peu moins d’un an.

Tout part en juin dernier du foyer départemental de l’enfance de Terre-Rouge, à Saint-Pierre, où une adolescente menacée de voir diffuser au sein de l’établissement une vidéo d’elle en plein ébat sexuel va déposer plainte au commissariat.

Les policiers comprennent rapidement que la jeune fille a été contrainte à se prostituer, et le parquet de Saint-Pierre décide d’ouvrir une enquête.

Saisis pour mener les investigations, les policiers du STPJ de La Réunion vont alors engager des moyens importants de surveillance, tant sur le terrain que sur internet où semblent se réaliser les prises de contact, et procéder à des placements sur écoute et des examens de factures détaillées de téléphonie.

Ils parviennent bientôt à établir le lien entre une femme d’une vingtaine d’années, Samida A., et plusieurs pensionnaires du foyer pouvant héberger une cinquantaine d’enfants et adolescents en grande détresse sociale à la demande de leur famille, de l’aide sociale à l’enfance ou par mesure judiciaire.

 

Des hôteliers peu regardants

Ils découvrent alors qu’au moins quatre mineures, âgées de 14 à 17 ans et “particulièrement vulnérables” selon une source judiciaire, auraient été incitées à se prostituer par la jeune femme, qui était en ligne directe avec les clients.

Ces derniers prenaient contact avec elle à travers le site de tchat “coco.gg”, aussitôt placé dans le collimateur des policiers (lire par ailleurs).

À travers les échanges numériques et SMS, ils comprennent que les clients, très réguliers pour certains, “passaient commande” auprès de Samida A. en vue d’obtenir des relations sexuelles avec ces très jeunes femmes, et ce depuis le courant de l’année 2021.

Avec parfois des demandes “très spéciales”, note une source proche du dossier.

Les rencontres étaient ensuite organisées par la proxénète présumée.

Soit dans les véhicules même des clients, notamment sur un parking situé à proximité d’un restaurant de Ravine-Blanche, soit dans des hôtels du centre-ville et du quartier Condé-Concession.

Des établissements ayant pignon sur rue, l’un tout proche du front de mer et l’autre à quelques mètres seulement du palais de justice, et dont les gérants se sont montrés particulièrement peu regardants.

À la mi-juillet, Samida A. est interpellée. Déférée à l’issue de sa garde à vue, elle est mise en examen dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour “proxénétisme aggravé sur mineur de 15 ans” et “proxénétisme aggravé sur mineur de 15 à 18 ans”.

Pour ces faits passibles de 20 ans de réclusion criminelle et trois millions d’euros d’amende, la jeune femme est placée en détention provisoire.

 

Un prof et un avocat parmi les clients

L’enquête ne s’arrête pas là pour autant. Poursuivant leurs investigations, les policiers vont en effet s’intéresser de plus près à la “multitude de clients” du réseau et retracer leur activité sur plusieurs mois, remontant jusqu’en 2021.

Au fil des semaines, les plus réguliers vont être convoqués et placés en garde à vue.

Deux en février, puis quatre encore la semaine dernière.

Vendredi 31 mars, les intéressés ont été présentés à la juge d’instruction, qui leur a signifié leur mise en examen pour “recours à la prostitution de mineur”, aggravé par l’emploi “d’un réseau de communication.” Des faits passibles de sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsque commis à l’égard d’un mineur de 15 ans, qui leur ont valu d’être placés sous contrôle judiciaire.

Deux types de clientèle ont été identifiés par l’enquête : l’une, assez modeste, l’autre plus “bourgeoise”. Certains clients de cette catégorie ayant parfois des professions qu’on imaginerait plus enclines à la prudence, tel cet enseignant ou cet avocat pris dans les mailles du filets.

Lors de leur garde à vue, la plupart ont affirmé ignorer l’âge des prostituées, disant qu’ils ne pensaient pas avoir affaire à des filles “aussi jeunes.”

Au total, huit de ces clients présumés ont été mis en examen au fil de l’instruction, en plus de la proxénète présumée.

Ils pourraient faire prochainement l’objet d’un renvoi devant le tribunal correctionnel.

 

Un site de tchat où ça dérape

Se présentant comme le site du “chat sans inscription”, le site “coco.gg”, toujours connu sous le nom de “coco.fr”, se retrouve régulièrement au cœur d’affaires de mœurs, d’arnaques voire de violences.

Dans le dossier des prostituées mineures de Saint-Pierre, il apparaît comme le principal vecteur ayant permis aux clients d’entrer en contact avec la proxénète présumée pour convenir des rendez-vous et du type de “prestation” souhaité.

Réputé pour sa facilité d’accès car ne nécessitant pas d’identification préalable, le site fondé en 2003 et récemment délocalisé à Guernesey, dans les îles anglo-normandes, permet d’engager des conversations entre particuliers de son secteur -en précisant le code postal de sa commune- ou dans des “tchat room” aux noms évocateurs.

Car les habitués savent que ses utilisateurs y viennent essentiellement pour des échanges ou des rencontres à connotation sexuelle.

Son absence totale de contrôle et de sécurisation ouvre toutefois à la porte de multiples dérives.

À La Réunion, coco.fr est apparu dans de nombreuses procédures comme ayant servi de support à la prostitution, ou de préalable à des rendez-vous tournant au guet-apens.

En janvier dernier, les policiers saint-pierrois avaient déjà interpellé un homme pour des agressions commises sur des victimes contactées via ce site en vue de relations sexuelles tarifées.

Article du 15 Avril 2023:

Les victimes sont âgées de 14 à 17 ans et résidaient dans un foyer départemental de la ville de Saint-Pierre, au sud de l’île.

Les mis en cause ont été présentés au tribunal le 31 mars.

La femme, âgée d’une vingtaine d’années, a été placée en détention provisoire pour proxénétisme, a indiqué la procureure de la République à Saint-Pierre, Caroline Calbo, confirmant une information du Journal de l’île de La Réunion.

Les huit hommes, qui ont eu des relations tarifées avec les mineures, ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour recours à la prostitution de mineur, a précisé la magistrate. Les faits avaient été portés à la connaissance de la justice en juin 2022, lorsque l’une des jeunes filles avait porté plainte.

Une information judiciaire avait été ouverte pour « proxénétisme aggravé sur mineur de 15 ans » et « proxénétisme aggravé sur mineur de 15 à 18 ans », a déclaré le parquet sans donner plus de détails sur « ce dossier en cours d’instruction ».

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