Cholet | Le papy pédocriminel n’ira pas en prison

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Pédocriminel En liberté

Il se justifie : « Elle se promenait dans la maison parfois en serviette en sortant de la douche » !
photo d'une adolescente tendant la main pour échapper a l'agression
Lundi 19 juin, un Vendéen de 73 ans a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur sa petite-fille et a été condamné à un an de prison avec sursis.

C’est la première fois qu’il se retrouve à la barre d’un tribunal. Lundi 19 juin 2023, un Vendéen de 73 ans comparait devant les juges de l’audience correctionnelle de La Roche-sur-Yon.

Il est poursuivi pour des agressions sexuelles qu’il aurait commis sur sa petite-fille, âgée de 17-18 ans au printemps et à l’été 2021.

Les premiers faits se seraient déroulés entre mars et avril 2021. A cette période, sa petite-fille est hébergée chez lui et son épouse, dans l’est de la Vendée, afin de suivre un stage à Cholet. Un matin, alors que la grand-mère est partie faire des courses, le grand-père vient taquiner sa petite-fille pendant son petit-déjeuner.

Des chatouilles qui finissent en attouchement

« Je lui ai demandé si elle voulait que je lui gratte le dos », explique le septuagénaire à la barre.

« Elle a dit oui », continue-t-il. Pour s’exécuter, le retraité passe alors sa main à l’intérieur du t-shirt dans le dos de la jeune fille.

Sauf que cette main s’est soudain retrouvée sur la poitrine de la jeune fille. Sidérée par ce qui vient de se passer, l’adolescente ne réagit pas et préfère s’éclipser vers sa chambre.

Elle va alors garder ça pour elle, n’osant en parler à personne… Un silence qui a des conséquences sur la jeune fille. Elle passe du doute au déni, ne sachant plus quoi penser. Un trouble qui se manifeste aussi en cauchemars répétés et par des phases de pleurs.

Jusqu’en août suivant. Toujours hébergée chez ses grands-parents, la jeune fille ne parvient pas à remonter la fermeture Éclair de sa combinaison. Au même moment, sa grand-mère est partie au sous-sol. La jeune fille demande alors à son grand-père de l’aider. Elle se retrouve sur ses genoux et sent les mains du vieil homme lui entourer ses hanches et remonter vers ses seins. Paniquée, elle s’écarte. Les faits en restent là.

Mais ce deuxième épisode convainc la jeune fille de signaler et porter plainte. Malgré l’avis de sa mère.

« Ma main a ripé »

Face au juge, le septuagénaire ne semble pas comprendre ce qu’on lui reproche. Sur les premiers faits, il reconnaît avoir voulu chatouiller la jeune fille, mais sans mauvaise intention. Quant à expliquer comment la main s’est retrouvée sous le t-shirt, dans le dos, puis devant sur la poitrine, le grand-père admet à demi-mot.

« Ma main a ripé », lâche-t-il.

Un geste qu’il décrit dans un premier temps involontaire, mais qu’il va finir par reconnaître comme intentionnel.

« J’ai touché son sein, mais j’ai aussitôt enlevé ma main », détaille-t-il, les souvenirs semblant lui revenir.

« J’ai fait une bêtise, je le regrette », poursuit-il.

Concernant les faits commis en août, qu’il nie, il finit par dire aux juges :

« Vous savez, je suis un homme, si elle s’assoit sur mes genoux, elle aurait pu s’assoir sur mon sexe et moi avoir une réaction imprévue. »

« Ce jour-là, j’ai perdu un papi »

Des aveux en demi-teinte. Le septuagénaire indique avoir fauté « peut-être », à cause de « l’attitude provocante » de sa petite fille.

« Elle se promenait dans la maison parfois en serviette en sortant de la douche », raconte-t-il.

Présente à l’audience, la petite-fille, qui est devenue majeure lors des faits d’août 2021, veut comprendre et surtout souhaite que la justice tranche.

« Je suis choquée qu’il ne reconnaisse pas les deuxièmes faits. Je veux qu’il soit puni pour ce qu’il a fait et qu’il reconnaisse. Ce n’est pas à moi de régler ça, mais à la justice », témoigne-t-elle.

« Ce jour-là, j’ai perdu un papi », ajoute-t-elle.

Elle a aussi perdu confiance en elle et depuis, les relations intimes avec son petit-ami sont très compliquées.

Être reconnue comme victime

Avec son avocate, elle demande 3000 € pour son préjudice moral.

« C’est une jeune femme qui s’est montrée courageuse en allant porter plainte. Elle est allée à l’encontre de sa famille qui souhaitait régler ça en interne. Elle veut juste être reconnue comme une victime », insiste Me Hermouet.

Pour mieux comprendre la personnalité du prévenu, la juge revient sur l’enquête menée autour de cette affaire. Elle souligne que les proches interrogés présentent le grand-père comme quelqu’un de « blagueur, tactile, un peu lourd », qui n’hésite pas à peloter sa femme devant les autres, mais tout cela sans de mauvaises intentions.

Une autre génération

« Il ne se rend pas compte des gestes inconvenants qu’il peut avoir », constate la procureure de la République.

Pour elle, ce dossier pourrait se résumer à une :

« Trahison des chatouilles qui deviennent la porte d’entrée de l’agresseur sexuel ».

Estimant comme la partie civile que cette affaire « ne devait pas rester dans le huis clos familial », elle requiert trois ans de prison avec sursis, ainsi qu’une inscription au Fijais (fichier des délinquants sexuels, NDLR).

« Il a fauté, oui, mais ce n’est pas un agresseur qui cherche ses proies », défend Me Bayle, conseil du prévenu.

« Monsieur est d’une génération où les mains baladeuses n’étaient pas considérées comme graves. Ses gestes étaient irrationnels »

. Et sollicite « l’extrême indulgence du tribunal ».

Après en avoir délibéré, les juges ont reconnu le grand-père coupable des faits d’agressions sexuelles et l’ont condamné à un an de prison avec sursis simple. Il devra également indemniser la victime à hauteur de 1500 €

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