Avignon | Le pédophile Raymond Adam et sa complice Carine Boluda condamnés

non

Pédophilie au parloir : 30 ans pour Raymond Adam, 15 ans pour Carine Boluda aux assises du Gard
Carine Boluda
Raymond Adam, un ancien pompier volontaire, déjà condamné à 20 ans de réclusion pour avoir abusé de plusieurs enfants, comparaît aux côtés d’une ancienne amie, Carine Boluda, qui lui amenait au parloir sa fille, où l’adolescente était victime de viols.

Mise à jour du 12 janvier 2023 :

Le pédophile récidiviste et la mère de famille complice définitivement condamnés

Il avait abusé sexuellement d’une fillette au parloir de la prison de Nîmes. La mère de la fillette se désiste également de son appel. Ils sont définitivement condamnés

Il y a un an, en janvier 2022, un homme en état de récidive légale pour des viols sur des mineures, avait été condamné pour d’autres abus sexuels sur une fillette, l’enfant de sa compagne.

Raymond Adam a écopé il y a douze mois, de 30 ans de réclusion dont 20 ans de peine de sûreté. La mère de la fillette avait été condamnée à 15 ans, pour “complicité de viol”.

Les deux avaient décidé de faire appel et une audience était programmée devant la cour d’Assises du Vaucluse ce mois de janvier 2023. À quelques jours de l’audience, Raymond Adam et la mère de famille ont décidé l’un après l’autre de se désister.

Il n’y aura donc pas de second procès concernant les viols sur une mineure dans un parloir familial de la maison d’arrêt de Nîmes. Les deux sont définitivement condamnés aux peines infligées dans le Gard.

 

Mise à jour du 29 Janvier 2022:

Le troisième jour du procès de Raymond Adam et de Carine Boluda s’ouvre ce jeudi devant la cour d’assises du Gard. Après les plaidoiries mercredi en fin de journée des parties civiles, au terme d’une journée très lourde, l’audience va débuter avec le réquisitoire de l’avocat général Pierre Couttenier, puis les quatre avocats en défense vont plaider, avant un verdict attendu dans l’après-midi.

-17 h 25 : Le verdict est rendu après deux heures de délibéré

Après deux heures de délibéré, la cour d’assises du Gard revient rendre son verdict. Les deux accusés sont tous les deux reconnus coupables de l’intégralité des faits qui leur étaient reprochés.

Carine Boluda est condamnée à quinze ans de réclusion criminelle.

Raymond Adam est condamné vu l’état de récidive légale à la peine de 30 ans de réclusion avec une peine de sûreté des deux tiers, et cinq ans de suivi socio judiciaire. Interdiction de toute activité avec des mineurs.

-14 h 20 : Me Ludovic Para pour la défense de Raymond Adam

“Si c’était un mec bien on n’aurait pas besoin de réclamer trente ans de prison contre lui. Ce gars-là n’est pas un mec bien. Mais ce n’est pas le pire non plus. C’est quelqu’un qui n’arrivera pas à recueillir votre empathie et votre sympathie. Les pédophiles sont peut-être les personnes les plus difficiles à comprendre, mais c’est quelqu’un qui a entamé un chemin, et on ne peut pas le lui enlever.”

“L’avocat général qui a de l’expérience a dit : moi, sur ses aveux, je le pense sincère”.

“Est-ce une vraie démarche ou est-ce pour s’en sortir? En 2019 il dit en audition : je reconnais cette orientation pédophile. Ne lui tenez pas rigueur de ce qu’il n’a pas réussi à tout dire d’un coup. Ce qui est important, c’est le chemin.”

“Il a franchi ce pas, ne lui enlevez pas ça. C’est un effort qu’il a fait sincèrement”.

“Cet homme se retrouve dans une situation très particulière. C’est quasiment pas possible de trouver quelqu’un qui va devoir faire une peine aussi lourde”.

“Lorsqu’il a été renvoyé devant la cour d’assises du Gard les viols sur Justine avaient déjà commencé. Si on en avait eu connaissance, la procédure aurait été jointe aux autres.”

“Quand on a été condamné pour des faits et qu’on recommet la même chose, ça se cumule. C’est rare : quelqu’un qui est incarcéré pour 20 ans, n’a pas en général l’occasion de recommencer.3

“Dans ce dossier, si il n’y a pas la circonstance de récivide, les peines peuvent être jointes. La récidive dans ce dossier, sur 107 parloirs, elle concerne 1 parloir, celui du 30 janvier 2016. Pour ce parloir là, il n’encourt pas 20 ans de prison, il encourt 20 plus 30. Il a commencé sa peine en 2013, il est libérable en 2033, et là il commencera à purger ses 30 ans. Il sera libérable dans le pire des cas en 2063, il aura 94 ans et Justine aura 64 ans. Est-ce qu’il y a besoin d’en arriver là pour lui faire payer ce qu’il a fait ?”

“Pour cette seule visite, il encourt cinquante ans.”

“Pour que quelqu’un comme ça sorte, il faut que tous les voyants soient au vert”.

“Il y a beaucoup de personnes qui sont attirées par les enfants, mais il y en a beaucoup qui résistent, et qui y arrivent. Lui n’y est pas arrivé, et il doit être puni sévèrement. Il était amoureux de Justine. C’est fou mais c’est ainsi. Ce que je dit, il le réalise et si il le réalise c’est qu’il y a de l’espoir, et si il y a de l’espoir il ne faut pas le faire sortir à 95 balais ce type là. On n’a pas choisi un système de droit d’élimination.”

“Toute sa vie n’est pas construite autour de ça. Il est en train de commencer à comprendre et peut-être un jour il guerira. Et s’il ne guérit pas il restera en prison.”

“Si Justine se couche ce soir en se disant ouf, il est puni, ce sera une bonne chose. Mais la peine est aussi rendue pour la société, pour mettre à l’écart quelqu’un qui a fait quelque chose de grave.”

“La sévérité de la peine est aussi faite pour dissuader quelqu’un de recommencer. Mais pour dissuader quelqu’un d’autre, ça ne marche pas. Les Etats où la peine de mort est en vigueur, il n’y a pas moins de crimes. Cela ne marche pas pour tout ce qui est pulsionnel.”

“Vous allez entendre parler d’une seule chose la semaine prochaine, Nordahl Lelandais.”

“Si vous prononcez les trente années qui vous sont demandées, vous en prononcerez cinquante”.

“Si vous prononcez une peine de 30 années, vous ne le condamnez pas à mort, mais vous le condamnez à mourir en prison.”

Derniers mots des accusés.

Carine Bodula, les mains jointes et les yeux brillants :

“Je veux demander pardon à Justine.”

Raymond Adam :

“Je veux demander pardon à Justine, j’espère qu’elle pourra se reconstruire”

Il est 15 h 10, la cour se retire pour délibérer.

-14 h : Me Caroline Greffier, première avocate de Raymond Adam

Me Caroline Greffier :

“Lorsqu’on lui pse la question il dit qu’il est 100 % responsable. J’entendais hier mon confrère Fumanal vous demander de ne pas vous laisser enfumer et de ne pas chercher à comprendre. Mais vous ne pouvez pas vous arrêter là.”

Justine, en pleurs depuis la fin de la plaidoirie de Me Ezzaitab, tout comme sa mère, quitte la salle.

“Il va falloir comprendre comment il en est arrivé à ces faits. Le premier élément de compréhension, c’est que ce n’est pas un chemin qu’il a décidé d’emprunter, ce sont des pulsions qu’il ne parvient pas à contrôler.”

“L’expert psychiatre nous a indiqué hier que pour un pédophile c’est presque impossible de contrôler ses pulsions.”

“Les aveux de M. Adam n’étaient pas parfaits, on vous a même suggéré qu’ils étaient de circonstance. Ils arrivent au jour de l’audience. Ce ne sont pas des aveux de circonstances, le chemin a été long pour arrêter de se mentir. L’admettre, c’est également permettre à la médecine de l’aider à contrôler les pulsions.”

“Dans ce dossier on a un enchaînement de failles. Mme Boluda aurait dû être le premier rempart. Je veux m’attarder aussi sur les brêches institutionnelles. La première est le permis de visite en prison accordé en juin 2013 : sans ce permis de visite, en juin 2013, M. Adam est incarcéré et Justine ne subit plus de viol.”

“Je veux aussi vous parler du traitement des plaintes. Celle déposée en 2015 par son frère.”

L’avocate évoque ensuite les autres errements de la justice dans ce dossier.

“Pourquoi est-ce important de parler de ces dysfonctionnements ? Dès 2013 M. Adam aurait pu être empêché et à maintes reprises. Il ne s’agit pas de minorer sa responsabliité. Mais il s’agit de prendre en considération que le système judiciaire n’a pas protégé Justine mais n’a pas non plus protégér M. Adam de lui-même. Dès 2013 la justice avait les moyens de mettre un coup d’arrêt aux pulsions de M. Adam à l’égard de Justine et de lui -même.”

-13 h 45 : Reprise avec la plaidoirie de Me Wafae Ezzaitab

“Elle n’a pas su voir la vérité” reconnaît Me Wafae Ezzaitab, seconde avocate à plaider pour Carine Bodula, la mère de Justine. “Maintenant elle est sortie de sa grotte et elle est prête à reconnaître la vérité judiciaire. C’est une maman qui va être jugée et condamnée à une peine criminelle, avec des circonstances atténuantes parce qu’elle était malade. Ce que je veux dire pour Justine, ce que sa maman n’a pas été capable de lui dire, c’est ” j’espère que je ferai tout pour que tu me pardonnes”. Elle demande pardon et assumera les conséquences de cet amour dysfonctionnel.”

– 11 h 30 : Me Annélie Deschamps, en défense pour Carine Boluda
Me Annélie Deschamps, pour Carine Boluda, est la première des avocats de la défense à prendre la parole.

“Il y a sans doute une question que vous vous posez, que l’on entend souvent : comment défendre l’horreur et comment défendre leurs auteurs.”

“Chaque accusé a le droit d’être défendu. Vous êtes là aussi pour entendre Justine et sa souffrance. Justine et justice ne sont séparées que d’une seule lettre. La justice, c’est loin d’être délicat, même si on essaie d’arrondir les angles. La justice c’est essayer de comprendre ceux qui sont aujourd’hui dans le box pour prononcer une peine adaptée à la situation de chacun. Si la justice n’était pas humaine nous n’aurions pas besoin de vous, vous ne seriez pas là.”

“J’ai appris à connaître Mme Boluda à sa sortie de garde à vue,où elle était encore plus recroquevillée qu’aujourd’hui. J’ai été très surprise de lire ensuite quatre mois plus tard dans le rapport d’expertise psychiatrique le mot de manipulatrice. Quel rapport avec cette personne fragile? J’avais du mal à la comprendre. J’avais perçu la fragilité, les trois cancers en quelques années, la détresse. Aujourd’hui j’estime que mon rôle est de faire parler le silence de Mme Boluda. Elle ne parvient pas à se défaire de ce carcan dans lequel elle s’est enfermée.”

“M. Adam vous expliquait hier comment il avait été difficile de parler et à quel point il était difficile pour lui de savoir que dans la salle il pouvait y avoir sa famille. Elle est prise dans cette difficulté de se débattre à la fois de donner des explications et l’impossibilité de libérer sa parole.”

“Elle est dans un état physique et psychique délabré au moment de la recontre avec Raymond Adam. Son ex compagnon nous a décrit une personne influençable, à la psychologie d’adolescente. Chacun nous a expliqué qu’elle était faible, à la recherche d’amour.”

“C’est une femme seule, coupée de la réalité, et j’ai la conviction qu’il y a eu une forme d’emprise psychologique, et que petit à petit elle a pu s’installer dans la croyance que M. Adam pourrait être un bon père. Je suis persuadée que lorsqu’elle remplit la demande de parloir et qu’elle écrit : belle-fille pour Justine, elle y croit”.

“L’amour ça ne se contrôle pas. Ce n’est pas réfléchi. Elle a aimé éperdument, à en perdre la raison, à perdre le sens de la réalité, au point de se déconnecter de tout, y compris de ce que ses enfants ont essayé de lui mettre sous les yeux.”

“Vincent Boluda qui le connaît depuis 30 ans vous a dit que jamais il n’aurait imaginé qu’il puisse être un pédophile. C’est la démonstration de ce qu’elle ait pu entrerr dans ce cercle infernal et ai t pu croire à son innocence. Il se présente en homme libre. S’il est libre c’est qu’il n’est pas si dangereux, se dit-elle.”

“Elle a passé trois jours à pleurer dans le box, elle a passé trois ans depuis que je la connais à pleurer, je ne pense pas que ses larmes soient feintes.”

“J’ai essayé de la secouer. Mais sa construction psychologique s’est bâtie depuis cinquante ans sur des failles.”

“Son vrai problème c’est cette incapacité à voir la réalité, parce que c’est trop douloureux. Elle a regardé mais elle n’a pas vu, et c’est la fuite en avant, elle n’a pas été capable de voir la douleur et n’a pas été capable de réaliser qu’un monstre était entré à la maison parce qu’elle lui avait ouvert la porte.”

“Sans elle, les faits pouvaient-ils se réaliser? La réponse est en apparence facile.”

“Mais sur les 107 parloirs, et le chiffre est abominable, Mme Boluda n’était pas tout le temps l’accompagnatrice. Parfois c’était la mère de M. Adam, et les faits étaient commis quand même.”

“Le choix qu’elle aurait dû faire, c’est le choix de croire sa fille. Mais elle n’a pas été en capacité morale psychologique de faire face à la responsabilité et à la douleur.”

“Dans un monde parfait chaque mère aurait l’instinct maternel, mais l’instinct maternel ça n’existe pas. Ca se contruit. La société regorge de déviance et de perversions.”

L’audience reprend à 13 h 45.

-9 h 30 : l’avocat général Pierre Couttenier prend la parole

“Les nuits sont agitées lorsqu’il s’agit le matin d’emblée sans faire un claquage de parler devant vous. Ce n’est pas le procès de Justine mais c’est le procès que Justine a porté à bout de bras pour la protection de l’enfance.”

“Le représentant du ministère public avait besoin de sa présence. C’est Justine. Cette nuit je me suis dit si c’était pas Bob Morane. La héros de tous les temps. On ne juge pas Justine. La sanction n’a rien de réparatrice pour elle, la réparation ne se compte pas en jours de prison, en année de réclusion.”

“On a commencé ce procès avec ces propos-là de Justine : je voudrais travailler dans la protection de l’enfance. Cette nuit je me disais c’est Justine seule au monde. Seule dans un monde peuplé, seule dans un monde déserté, seule dans un monde de déserteurs.”

“Des scarifications parce que la violence nous renvoie dans un monde tellement paradoxal. Les parents ? Vous les avez vus ? Mais pas que.”

“Pour Justine, incontestablement, désertion de la protection. La prison incontestablement a une fonction de protection des personnes. Elle est où ? C’est une occasion de scarification. La fonction de protection de la prison n’est pas là.”

“C’est une réalité, je ne peux pas dire quoi que ce soit d’autre. C’est une réalité. Le représentant de la société plaide coupable, dans ce monde où l’on passe son temps à compter, à pointer, à conchier tous les dysfonctionnements. Vous avez vu comme moi qu’il n’y a sans doute rien de systémique. Parce que vous avez entendu les surveillants et que vous avez vu que ces gens-là avaient le souci de protéger une enfant. C’est peut-être une circonstance atténuante qui n’enlève rien à la gravité des faits.”

Le magistrat passe en revue les différentes lacunes qui ont émaillé l’histoire de ces abus dont a été victime Justine, en répétant : “Il n’y a rien de systémique” et en requérant les yeux fixés sur Justine, qui est tournée vers lui et le fixe.

“La société que je représente éprouve une incontestable culpabilité. La prison. La police, représentant de la société. En 2015, Christophe, son frère, un mineur qui annonce qu’il a des contacts difficiles avec la mère, et il a constaté qu’on lui impose d’aller rendre visite en prison à celui qui a été condamné. Alors lui aussi les tripes à l’air il va à la police. Un gamin. La procédure se déroule comme elle peut. Pas si mal au démarrage. Justine est attendue, entendue, et pour Justine c’est pas le moment de dire. C’est éminemment respectable car au-delà de la difficulté, de la douleur qui s’attache à des révélations de cet ordre-là, il s’agit encore à ce moment-là pour elle de protéger sa maman qui ne la protège pas. Donc gentiment à l’enquêteur qui l’auditionne elle ne dit rien”.

“La procédure, on la perd. Parce qu’on est dans un temps mort où il faut incontestablement attendre.”

“Deux ans plus tard les choses auraient dû mieux démarrer, parce que Justine vient avec son père.”

“Les viols, c’est des crimes de masse. Des enfants abusés, il y a une commission qui travaille, qui nous annonce des chiffres derrière lesquels il y a des gens. Ce temps de trois jours, on vous le doit. Mais comment allons-nous faire pour faire ce que l’on doit pour la cohorte de victimes atteintes dans leur chair? Des enfants qui ont dû se justifier seul en confrontation devant leur agresseur. Si on leur demandait de venir là et de témoigner ce serait une très longue cohorte. C’est vraiment quelque chose d’obsédant.”

“Qu’est-ce que je peux dire à ça? L’enfant qui est violé est en assistance éducative. Son agresseur est en prison. Je ne sais pas quoi dire. Vous avez aussi été violée par quelqu’un qui était sous contrôle judiciaire.”

“C’est pas une excuse, mais celui qui signe le permis de visite, ce pourrait être moi, et j’y pensais hier soir. Je me dis que j’aurais signé parce que c’était quelqu’un qui n’était pas définitivement condamné, parce que les gens détenus ont besoin de rencontrer leurs proches sinon ils deviennent fous, et parce qu’on se doit d’éviter tout traitement inhumain et dégradant, je l’aurais signé parce que naïvement je n’aurai pas imaginé : elle indiquait que vous étiez sa belle-fille. Il est évident qu’il aurait fallu vérifier plus avant. Mais dans la protection de l’enfance, il faut se méfier comme de la peste de la rationalité a posteriori. La société que je représente mériterait de la jouer profil bas. S’agissant des faits de viol, la vérité, elle nous fracasse. Vous ne doutez pas que l’enfer d’où Justine nous revient était moins peuplé de déserteurs que de gens sachant. L’unique lieu de repli de celui poursuivi, violenté, abusé dans sa chair, le seul lieu de repli.. la maison, la protection, les parents ? Rien. C’est terrifiant.”

“Tout ce qui était vérifiable dans ce qu’elle a pu dire a été vérifié. Justine a été victime de viols, jusque et y compris en prison où Raymond Adam a été condamné définitivement.

“S’il avait exercé un pourvoi, il n’y aurait pas eu de récidive. C’est du non-exercice de ce droit que la récidive est tenue. Pour la liste dantesque et inimaginable du nombre de fois où Justine a été abusée, il se trouve que nous en sommes là . La très grande majorité de ces faits entre en concours d’infraction avec des faits pour lesquels celui-ci a déjà été jugé, et jugé au maximum légal.”

“M. Adam, sur la démonstration des faits que vous avez commis je n’ai pas grand-chose à dire. Vous avez hier pris le parti haut et clair de dire que tout ce qu’elle avait dit vous l’aviez commis. C’est la seule chose que je porte à votre crédit. C’est important, jusque et y compris pour la répression que je représente. Le fait d’assumer tout est le premier vecteur, le premier espoir.”

“La seule boussole que les professionnels qui ont la mission de prévenir la récidive c’est la sincérité de ceux qui vont dire : “Je veux me sortir de là . Ils ne mesureront que cela.”

“Ce n’est pas une circonstance atténuante, mais franchement j’y vois de la sincérité. Mais je ne vais pas manquer de dire que pendant très longtemps vous avez été totalement insincère, tout à votre perversion, depuis le contrôle judiciaire jusqu’au parloir. Vous vous êtes joué de nous, en conscience. Vous aviez quelques cartes pour ce faire, vous les avez utilisées.”

“Mme Bouluda, je pense que votre responsabilité est démontrée et qu’elle se nomme complicité de viols, complicité d’agressions sexuelles. Mesdames et Messieurs les jurés si vous considérez que cette litanie invraisemblable de viols et d’agressions sexuelles a été possible sans elle, vous aurez un doute. Est-ce que les viols et agressions sexuelles sont possibles sans elle ? La réponse est non.”

“Cette procédure m’a hanté. J’avais du mal à considérer que la maman… Complicité de viol ? C’est pas possible ! Et allez savoir pourquoi, le 7 janvier je reçois Marianne. C’était écrit : la complicité des mères, ce tabou. J’ai dit revoyons le sujet. Vanessa Springora, elle parle avec des mots de la complicité de sa mère qui va la mettre dans la chambre, dans le lit d’un monsieur qui est un écrivain connu, M. Matzneff. Elle se demande même si on n’aurait pas une forme de coaction. Elle dit : “j’étais le moyen de la relation de couple, y compris dans sa dimension sexuelle, entre elle et lui.”

“Une autre racontait la même chose avec un photographe illustre de mes jeunes années qui s’appelle David Hamilton.”

“Il est inconcevable qu’une maman offre son enfant pour la satisfaction sexuelle de son homme . La dimension incestueuse est ci importante. Au commencement Adam doit se faire appeler papa.”

“Le papa a un droit indescriptible à rentrer dans les chambres. Madame, vous avez dit à Raymond Adam : porte ouverte. Je comprends qu’après il faille prendre quelques produits psychoactifs pour dormir.”

“Elle est belle, elle est jeune, elle est pleine de vie. Il y a une forme de jalousie parce que vous souffrez, que vous êtes malade et que dans une forme destroy elle est le vecteur de votre relation avec celui-ci.”

“Les relations scolaires on n’en a rien à faire, elle n’est pas sujet, elle n’est pas enfant, elle n’est pas protégeable, elle n’est à ce moment-là de sa vie rien !”

Le magistrat liste tous les actes commis par Carine Boluda, l’accompagnement à l’école où Justice s’assied sur le siège avant, les sorties à l’hôtel ou à Disneyland, l’envoi de photos. Seule exception sur lequel il a un doute : la demande de parloirs privatifs, faite à cause du cancer de Carine Boluda, et qui est incontestable.

“Je considère que c’est de la complicité. C’est à tout le moins de l’aide ou de l’assistance. S’il était question d’inceste, je vous demanderai de la condamner non pas comme complice mais comme coauteur, mais ce n’est pas le sujet.”

“Raymond Adam, je pense que je n’exagère en rien si je dis que les faits que vous avez commis les crimes que vous avez commis un nombre hallucinant de fois sont la manifestation d’une personne dangereuse. Cette dangerosité, la gravité, la réitération font que je requiers à votre encontre une peine de trente années de réclusion criminelle.”

“Je vous demande de fixer la période de sûreté aux deux-tiers.”

“Je vous demande d’ordonner qu’il fera l’objet d’un suivi sociojudiciaire d’une période de dix ans.” Autre réquisition, une injonction de soin, et “qu’il fera l’objet en fin de peine d’un réexamen de sa situation destiné à voir si celui ci n’a pas évolué si il convient de faire l’objet d’une mesure de rétention.”

Pour Carine Boluda, qui encourt vingt ans de réclusion, l’avocat général demande une peine de dix ans.

“Je considère que cette peine est à la hauteur et vous permettra de revenir une jour dans votre rôle de maman qui assume sa place pour ses enfants.”

Article original :

Raymond Adam a été reconnu coupable d’abus sexuels sur six fillettes

Me Mendre, Me Leonard, Me Mattler et Me Pommarat ont porté la parole des parties civiles. Des jeunes femmes qui se sont exprimées sans haine et ont éclaté en pleurs au prononcé du verdict. Photo r.J.
Me Mendre, Me Leonard, Me Mattler et Me Pommarat ont porté la parole des parties civiles. Des jeunes femmes qui se sont exprimées sans haine et ont éclaté en pleurs au prononcé du verdict. Photo r.J.

 

Le premier bisou a été très dur. Très dur de rentrer dans son jeu. Elle a fait le maximum, elle a fait tout pour qu’on s’embrasse, elle a mis ses lèvres… Je la trouvais gentille, jolie, mais pas plus. Oui, il y avait un peu d’amour”.

Hier, en fin de matinée, au troisième jour de son procès devant la cour d’assises d’appel de Vaucluse, Raymond Adam, un éducateur sportif gardois, âgé de 46 ans, après avoir contesté les faits de viols, de tentatives de viols et les agressions sexuelles à répétition à l’encontre de cinq fillettes, admet avoir eu une relation particulière avec Anne (1) une adolescente de 15 ans. Il en avait 40. Comme les autres victimes Anne se désole “de ne pas avoir de réponses à mes pourquoi“.

Un comportement de prédateur dénoncé

Elle aussi, comme les autres parties civiles, culpabilise et parle d’une situation d’emprise. Raymond Adam se victimise et assure que c’est elle qui voulait. Le président Vivet ne manque pas de lui faire remarquer qu’alors qu’il nouait cette “relation singulière“, il était mis en examen pour avoir pendant six ans violé Marie.

Une sacré prise de risque admet l’accusé qui s’en explique : “j’étais accusé mais pas coupable. Je ne trouvais rien de mal à la rencontre car je ne voulais pas aller plus loin… Oui, objectivement, la relation était embarrassante mais mon gros défaut, c’est de ne pas savoir dire non“.

Les parties civiles ne croient pas à l’altruisme débridé de l’accusé et dénoncent son comportement de prédateur, de manipulateur. Un homme “doté d’un radar pour repérer la vulnérabilité” et qui s’abat sur des proies faciles. Des gamines de 6 à 9 ans. “Il nous promène“, plaide Me Mattler alors que Me Pommarat insiste sur la préméditation et les faits abjects commis sur de jeunes enfants.

L’avocate générale Chabaud rappelle en ouverture de son réquisitoire la qualification juridique des faits reprochés.

L’avocate générale reprend un à un les actes dénoncés en insistant sur la sincérité des plaignantes pour établir la culpabilité de l’accusé.
Un homme qui depuis le premier procès, il y a deux ans et demi, n’a pas réfléchi à ses actes. “Il est figé dans un déni inébranlable mais il doit être le seul à porter le poids de la culpabilité“, assène l’avocate générale selon qui le verdict donnera aux victimes le droit de grandir.

La demande en pleurs d’être avec sa fille à Noël

Me Nougier demande aux jurés de ne pas rester aveugle et fasciné par la compassion. L’avocat dénonce un dossier construit à charge avec l’a priori que son client est un prédateur pédophile.”Si la femme d’aujourd’hui qui accuse est sûre d’elle, l’enfant qu’elle était, hier, peut se tromper sur elle-même“, prévient l’avocat qui sème le doute pour arracher l’acquittement.

Me Aoudia veut gommer l’image de monstre pour présenter son client comme un Peter Pan avant, elle aussi, de détailler les faits mais pour tenter d’établir que les gestes de son client ont été mal interprétés.

Raymond Adam qui s’est dit déçu du procès assure que sa parole est crédible. En pleurs, il demande aux jurés de l’acquitter et ainsi de “faire à ma fille pour Noël le cadeau de son père“.

Après trois heures de délibéré la Cour et le jury déclarent l’accusé coupable de l’ensemble des faits et suivent les réquisitions :

Raymond Adam est condamné à la peine maximale encourue de 20 ans avec deux tiers de sûreté et l’interdiction définitive d’exercer toute activité professionnelle ou bénévole en contact avec des mineurs.

 

Source(s):