Dieppe | Deux fillettes agressées sexuellement par leur tante

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Hébergée au domicile de la famille, elle abuse des ses nièces
Attouchements sur ses petites-filles près de Lisieux : 3 ans ferme
Le tribunal de Dieppe a jugé mardi 22 novembre 2022 une affaire d’agressions sexuelles sur mineures, deux petites filles de 3 et 5 ans. La tante a été reconnue coupable des faits.

Depuis les faits, la plus grande des fillettes se bouche les oreilles lorsqu’elle entend le prénom de sa tante.

Quand elle a entendu sa fille, Mila*, 3 ans et demi appeler sa sœur Inès*, 5 ans, pour qu’elle vienne lui « lécher la nénette » et qu’elle a retrouvé sa cadette allongée par terre culotte baissée, son sang n’a fait qu’un tour.

Mardi 22 novembre, à la barre du tribunal de Dieppe (Seine-Maritime), la mère de famille originaire d’une commune du canton de Tôtes raconte :

« J’ai eu un choc, je n’avais plus de bras ni de jambes »

À deux pas d’elle, la prévenue : son ex-belle-sœur et donc la tante de ses deux filles.

Car rapidement, lorsque la maman a commencé à interroger sa petite fille, celle-ci a raconté que sa tata lui a léché le sexe dans la chambre de ses parents.

Hébergée au domicile de la famille

Une tante, âgée de 34 ans, hébergée au domicile de la famille durant un mois et demi, en juillet 2019 après avoir été victime de violences conjugales.

Une tante qui s’était plusieurs fois retrouvée seule en la présence des deux fillettes en l’absence des parents.

Dans un premier temps, Inès a expliqué ne pas avoir été victime d’agression sexuelle.

Mais sa parole s’est libérée lors de sa rencontre avec le médecin mandaté pour réaliser des examens gynécologiques sur elle et sa sœur.

Immédiatement, elle a expliqué que sa tante aurait « enlevé sa bague » avant d’introduire son doigt dans son sexe sexe qu’elle aurait également léché.

L’examen gynécologique a permis de mettre au jour des lésions compatibles avec les déclarations de l’enfant.

En revanche, rien n’a été relevé sur le corps de Mila.

La prévenue nie les faits

À la barre, les mains glissées dans les poches de sa doudoune, le visage fermé, la prévenue n’a qu’une parole :

« Je n’ai pas les mots. Je n’ai rien fait à mes nièces ».

Face aux déclarations des fillettes et aux expertises, cette femme au casier judiciaire vierge a été mise en examen.

Dans un premier temps, elle a dit ne pas se souvenir exactement des dates où elle a été hébergée au domicile de son ex-belle-sœur, puis elle a nié être restée seule avec les fillettes, ne pas avoir pénétré dans la chambre parentale…

Des déclarations qui ont ensuite fluctué.

En revanche, elle a toujours nié les agressions sur ses nièces.

Le juge lui lance :

« Ces changements dans vos déclarations fragilisent votre version »

Le président du tribunal note que les enquêteurs ont eu du mal à entendre Mila, la petite fille ne s’est pas beaucoup exprimée.

Mais Inès a donné plus de détails.

Un complot selon la prévenue

Pour la prévenue, il s’agirait d’un complot, mis en place par son ex-mari – avec la complicité de son ex-belle-sœur –, pour que celui-ci récupère la garde de leurs enfants.

Des enfants placés par la justice rappelle le juge.

Puis devant les enquêteurs, elle a expliqué que les petites filles facilement manipulables auraient aussi pu mentir.

Pourtant les contre-expertises demandées par les parties civiles sur les deux petites filles concluent « à une absence d’instrumentalisation ».

Deux enfants qui depuis 2019 sont perturbées : pipi au lit, cauchemars…

Les parents ont vu changer leur comportement.

Le juge indique :

« L’aînée se bouche les oreilles lorsque le prénom de la tante est prononcé »

« Des actes impulsifs »

La prévenue a également fait l’objet d’expertises psychologique et psychiatrique qui disent qu’elle « n’a pas de penchant pour une sexualité pédophilique », mais qu’elle a une « personnalité névrotique ».

Et que si elle a commis ces faits, il s’agirait « d’actes impulsifs non mentalisés ».

Le psychiatre estime « que si les faits sont avérés, elle peut être dangereuse pour ses enfants ».

L’avocate de la maman et des petites filles indique que pour elle, il est inconcevable que ces dernières aient menti :

« Comment à cet âge très jeune, 3 et 5 ans, on peut inventer une telle histoire et surtout la maintenir dans le temps tout au long de l’enquête et devant les experts ? »

Trois ans de prison requis

Par ailleurs, concernant un soi-disant « complot, les victimes n’auraient aucun intérêt ».

Elle demande des dommages et intérêts pour ses trois clientes, car si pour l’instant les petites filles vont relativement bien, qu’en sera-t-il plus tard, à l’âge de la puberté ?

Pour la procureure de la République, ces enfants sont bien victimes d’agressions sexuelles.

Et pour elle, il ne fait aucun doute que l’agresseur est bien leur tante.

Elle demande pour ces faits, dont l’un de viol correctionnalisé, la peine de trois ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt différé, avec suivi socio-judiciaire durant trois ans.

La défense plaide la relaxe

Vu le positionnement de sa cliente depuis le début de la procédure, l’avocate de la prévenue plaide la relaxe.

Elle tente de démontrer des incohérences dans le dossier, comme les termes employés par Mila et ceux rapportés par sa maman pour désigner son sexe.

Elle indique :

« Des propos qui interrogent »

Elle note également que dans l’expertise gynécologique, les lésions dateraient de deux à quatre semaines avant l’examen, alors que la dernière fois que la prévenue s’est trouvée seule avec les enfants remontait à cinq semaines.

Elle indique également que sa cliente ne porte jamais de bague au doigt indiqué par l’enfant.

Prison ferme sous bracelet électronique

Le tribunal n’a pas été convaincu par ces explications.

Il a condamné la prévenue à 36 mois de prison dont 24 mois avec sursis probatoire renforcé durant deux ans.

Les 12 mois de prison ferme seront réalisés en détention à domicile avec un bracelet électronique.

Elle doit avoir un suivi psychologique, a interdiction d’entrer en contact avec les enfants, doit se former ou travailler et réparer les dommages causés.

Elle écope également d’une peine d’inéligibilité durant trois ans et de l’interdiction d’exercer une activité bénévole ou professionnelle au contact d’enfants durant la même durée.

Son nom sera inscrit au Fijais, le Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

Elle devra verser des dommages et intérêts aux victimes.

La prévenue a dix jours pour faire appel de la décision.

*Les prénoms des deux petites filles ont été changés pour préserver leur anonymat.

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