Saint-Malo | Un père de famille d’accueil jugé pour agression sexuelle sur mineur

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Affaire d’agression sexuelle jugée à Saint-Malo ce jeudi 28 janvier 2021. Une enfant accuse le père de sa famille d’accueil d’avoir abusé d’elle entre ses 10 et 13 ans.

« Je suis un homme honnête, intègre. Je ne l’ai jamais touchée ».

À peine arrivé à la barre du tribunal de Saint-Malo où il comparaît pour agression sexuelle ce jeudi 28 janvier 2021, le quinquagénaire crie son innocence.

Parfois avec un peu de véhémence. Parfois aussi en ricanant nerveusement.

Parfois aussi en pleurs, la voix étranglée par l’émotion, sous les yeux de son épouse et de ses enfants qui le soutiennent.

« Vous n’imaginez pas comment cette histoire nous fait mal. Se faire accuser d’une telle saloperie.

Ma femme a perdu ses agréments, son travail. On a vendu la maison ».

De ses 10 ans à ses 13 ans

Derrière lui, une adolescente de 15 ans, entourée de ses parents biologiques.

Elle accuse le prévenu d’avoir abusé d’elle pendant trois ans, de 2015 à 2018.

De ses 10 ans à ses 13 ans.

À l’époque, elle vivait chez le prévenu près de Saint-Malo, dont l’épouse accueillait des enfants placés par le centre départemental d’action sociale (CDAS).

La victime, élevée dans un climat de violences conjugales sur fond d’alcool, y avait été placée à l’âge de 4 ans.

Elle y était visiblement heureuse.

« Son intégration s’était très bien passée », avait constaté le CDAS.

Et puis, un jour, le CDAS reçoit un signalement du collège René Cassin à Cancale.

La jeune fille a confié à un encadrant avoir été victime d’attouchements.

Elle réitère ses accusations devant une éducatrice, puis devant les gendarmes.

D’après ses déclarations, le père de la famille d’accueil, celui qu’elle appelait « tonton » se frottait à elle, lui touchait les parties intimes.

Ça se passait généralement le soir, avant le coucher ou en regardant la télé.

« Mais ce n’est pas possible, je n’étais jamais seul plus de trente secondes avec elle. Ma femme était toujours là », se défend le quinquagénaire.

La juge relate plusieurs scènes à l’audience.

Comme ce jour de galette des rois.

« Il avait mis la fève dans sa poche et m’a demandé d’aller la chercher en mettant son sexe du côté là ».

Ces gestes déplacés, « au début » dit-elle, « je pensais que c’était une marque d’affection de sa part.

Et puis, j’en ai parlé à des copines, je me suis documenté.

J’ai pris conscience en grandissant que ce n’était pas bien ».

« Elle a toujours été cohérente, constante et précise dans ses déclarations »

« Ses copines le disent : elle n’est pas du genre à s’inventer une vie.

Elle a toujours été cohérente, constante et précise dans ses déclarations.

Sa parole est crédible selon le médecin expert.

Et sa souffrance tout à fait plausible avec une agression sexuelle ».

C’est l’avis également du Ministère Public, représenté par Émilie Goyet.

La procureure a demandé 6 mois de prison ferme (aménageable avec bracelet électronique), 18 mois avec sursis et l’inscription du prévenu au Fijais (fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

D’autres jeunes filles placées dans la même famille d’accueil ont dit aux enquêteurs « n’avoir rien remarqué d’anormal ou de choquant dans le comportement » du prévenu.

Comme souvent, dans ce genre de dossier, c’est parole contre parole.

« Lui arrivait-elle de mentir ? », demande Me Stichelbaut, l’avocat du prévenu, en s’adressant à son client :

« Oui, il lui arrivait de se mordre elle-même et d’accuser son frère ».

La victime dit-il était « très jalouse » car « je m’occupais plus des autres ».

« Il en faut plus pour condamner quelqu’un »

Pour Me Stichelbaut, son client doit être relaxé :

« On n’a rien dans ce dossier. On ne peut pas prendre le risque de condamner quelqu’un pour des faits aussi graves avec si peu.

On a seulement les déclarations d’une jeune fille qui n’ont pas été réitérées dans le temps.

Qui d’autres a été interrogé ?

Ses amies, qui la soutiennent, c’est normal.

Mais ce ne sont pas des éléments de preuve. Il en faut plus pour condamner quelqu’un ».

« Elle n’avait rien à gagner »

« Elle n’avait rien à gagner à inventer toute cette histoire », pense pour sa part la procureure Émilie Goyet.

« Elle a perdu sa famille d’accueil, elle n’est plus élevée avec son frère.

Elle a perdu tous les liens affectifs qu’elle avait avec les enfants et l’épouse du prévenu, qui était une vraie mère de substitution pour elle », complète Me Garnier, l’avocate du père de la victime.

Le tribunal rendra son verdict le 11 mars.

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