Eysines | Nouvelle enquête sur un foyer d’accueil pour enfants placés

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©Illustration PxHere
Deux ans après la diffusion d’une enquête qui montrait notamment des scènes de violence au sein d’un foyer d’accueil pour enfants placés à Eysines, en Gironde, un nouveau documentaire s’intéresse à ce qui a changé.

Des efforts ont été fournis sur le recrutement, la création de petites structures mais il reste encore difficile par exemple de séparer l’agresseur et sa victime après une agression sexuelle.

Deux ans après l’ enquête choc « Enfants placés, les sacrifiés de la République » du journaliste Sylvain Louvet, un nouveau documentaire est diffusé ce mercredi soir sur France 3 dans le cadre de l’émission Pièce à Conviction, avec une soirée spéciale qui débutera dès 21h05.

Ce deuxième opus « Enfants placés: que fait la République ? », produite pas Capa Presse avec la participation de France Télévisions s’intéresse notamment à ce qui a changé au centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) d’Eysines, dans lequel les images tournées par un journaliste infiltré avaient choqué l’opinion publique.

A l’écran, on voyait notamment un éducateur dépassé qui s’en prenait physiquement à des enfants.

D’autres témoignaient de violences sexuelles régulières après lesquelles victimes et agresseurs n’étaient même pas forcément séparés.

Un personnel davantage formé

Pour cette nouvelle enquête, Sylvain Louvet a décidé de retourner au CDEF voir si les promesses d’amélioration étaient tenues.

La diffusion du premier reportage avait donné lieu à un grand « remue-ménage », selon les mots du nouveau directeur du centre Franck Bottin.

L’éducateur en cause dans le documentaire et la directrice de l’époque en ont fait les frais.

En 2019, le journaliste infiltré s’était fait recruter en un tour de main, sans témoigner d’expérience ou de qualification pour encadrer des jeunes.

« Aujourd’hui on compte 95 % de diplômés au sein du CDEF, c’est important.

Le reportage avait relevé que certains n’avaient pas de diplômes, ce qui est tout à fait légal, mais ce qui ne correspond pas forcément au degré de qualité que nous souhaitons avoir », pointe le président du département Jean-Luc Gleyze qui a tenu une conférence de presse ce mercredi, sur la protection de l’enfance, sans avoir visionné les images du nouveau reportage.

A l’embauche, les CV et les casiers judiciaires sont maintenant vérifiés systématiquement, assure-t-il aussi.

De petites structures privilégiées

Comme la majorité des foyers d’urgences, le CDEF était confronté à un sureffectif chronique.

Le mot d’ordre du département est maintenant de créer de petites structures, pour recentrer l’activité du CEDF sur l’accueil d’urgence inconditionnel des enfants (refusés par d’autres structures ou rejetés par une famille d’accueil, entre autres).

« Nous avons créé sept petites maisons depuis 2017 dont quatre depuis la diffusion du documentaire qui accueillent chacune six enfants ou adolescents. Une unité spécifique a été créée au sein du CDEF pour les 3-6 ans », pointe Jean-Luc Gleyze.

Dans la dernière enquête, une éducatrice témoigne de la possibilité d’y mener un travail davantage « personnalisé » auprès des jeunes.

Un appel à projets est prévu en 2021 pour créer 32 places d’accueil pour des jeunes aux besoins spécifiques.

L’objectif affiché est de sortir tous les ados et préados du site d’Eysines, en créant des structures spécifiques.

Des mesures qui ont « considérablement fait baisser le niveau de violence sur le site d’Eysines et à l’intérieur des maisons », pointe dans le reportage Franck Bottin.

Il en veut pour preuve la baisse de 70 % du budget réparation alloué pour faire face aux dégradations matérielles, comme des vitres ou portes cassées.

Sur les violences sexuelles « pas de risque zéro »

Emmanuelle Ajon, décédée brutalement le 14 décembre 2020, intervient dans le reportage en sa qualité de vice-présidente du département en charge de la protection de l’enfance.

Elle rapporte que les agressions sexuelles entre mineurs ont beaucoup diminué sans disparaître.

« C’est un endroit où vont se retrouver des enfants concentrés malgré tout, et qui ont de la colère en eux et parfois, ils peuvent l’exercer les uns sur les autres, expliquait-elle. Nous aimerions, mais nous ne pouvons pas vous garantir le risque zéro. »

Des efforts sont faits pour séparer victimes et agresseurs mais cela n’est pas toujours possible, au vu des disponibilités dans les autres structures.

« Il faut rester franc, lucide et humble, évidemment tout n’est pas résolu, conclut le président du département.

Des difficultés subsistent, avant tout parce qu’elles sont dues au fait que ces enfants ont eux-mêmes vécu des violences, et que leurs comportements traduisent ce qu’ils ont vécu ».

Il appelle les structures compétentes sur le volet pédopsychiatriques à prendre leur part dans cette prise en charge compliquée puisque liée à des drames humains.

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