Melun | 15 ans de prison pour avoir violé et drogué sa fille de 9 ans pendant des années

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« Je suis un monstre, j’ai touché ma fille Juliette* »
À 12 ans, après avoir été violée à de multiples reprises pendant trois ans, Juliette (le prénom a été changé) avait trouvé la force de dénoncer son père. Le procès de cet homme de 40 ans s’ouvrait ce lundi devant la cour criminelle départementale de Seine-et-Marne, à Melun.

Comprendre l’incompréhensible, sonder l’insondable.

Ce lundi 6 novembre 2023 s’ouvrait devant la cour criminelle départementale de Seine-et-Marne, à Melun, le procès de Michel (le prénom a été changé), 40 ans.

L’homme comparaît pour des faits d’incestes commis sur sa fille entre ses 9 ans et ses 13 ans.

Il encourt jusqu’à vingt ans d’emprisonnement pour « viols incestueux commis sur une mineure de moins de 15 ans par un ascendant ».

Il est également accusé d’avoir administré à sa fille mineure une substance de nature à alterner son discernement ou le contrôle de ses actes, pour commettre un viol, une agression sexuelle et/ou l’enregistrement d’images à caractère pornographique.

S’il a reconnu les faits de viols et d’agressions sexuelles, il a toujours démenti l’administration de médicaments.

En cette première journée d’audience, l’enjeu est de cerner la personnalité de l’accusé.

La cour criminelle — composée d’un président, de cinq juges et de quatre assesseurs — a trois jours pour comprendre qui est Michel et rendre son verdict.

Face à cet homme, sur le banc des parties civiles, il y a Juliette, aujourd’hui âgée de 15 ans.

Brune aux cheveux longs, grande et longiligne, elle paraît en avoir 17.

Câlinée par sa mère pendant toute la journée d’audience, elle jette parfois un regard à son père, qu’elle n’a plus revu depuis son incarcération.

Elle n’a plus peur.

Juliette serre fort dans ses bras un lapin en peluche.

Lorsque est diffusée une série de photos de Juliette plus jeune, prises au moment des faits, son père les regarde, lui lance un regard puis se prend la tête dans les mains.

Ingénieur de formation, Michel est un homme ordinaire.

Il est décrit comme gentil, serviable et attentif par son entourage proche, discret par ses voisins.

Bref, rien ne semble prédestiner l’accusé à commettre plusieurs viols sur sa fille.

La première fois, elle était âgée de 9 ans.

Lui déclare avoir eu l’impression de « porter un masque ».

Il filmait Juliette pendant des rapports forcés

Pendant plus de trois ans, il lui fait vivre un calvaire.

Tout commence par des attouchements sur le sexe lorsqu’il est seul avec elle dans le logement familial.

« De mes 9 à mes 10 ans, il touchait mes parties intimes, me demandait de me déshabiller. Il m’enlevait ma culotte », déclarait Juliette aux enquêteurs de la police il y a trois ans.

Puis, lors de la séparation du couple, les attouchements sexuels se transforment en viols par pénétration sexuelle répétée.

Un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, elle est entre les mains de ce bourreau, son père.

Il lui achète et demande de porter des sous-vêtements « de femme » et la filme pendant les rapports forcés qu’il lui inflige.

Juliette déclare aux policiers qu’il lui donnait des médicaments dans son yaourt qui l’endormaient, en lui assurant qu’il s’agissait d’antihistaminiques (contre les allergies).

Il s’agit du seul point qu’il dément.

« Rien ne pouvait me laisser imaginer ce qu’il faisait vivre à ma fille »

Interrogée, l’ex-femme de Michel, Eva (le prénom a été changé), mère de Juliette, parle d’un homme « charmant, gentil, avenant » :

« On s’est mis ensemble rapidement après s’être rencontrés. J’avais déjà un enfant, un petit garçon qu’il a très bien accueilli. Il s’est tout de suite comporté comme un père pour lui. Michel, c’est quelqu’un qui a peu confiance en lui et qui avait besoin d’une personne qui le pousse. »

Concernant la sexualité du couple, elle décrit des rapports classiques et doux :

« Rien ne pouvait me laisser imaginer ce qu’il faisait vivre à ma fille. Il ne m’a jamais forcée à avoir un rapport sexuel. Il n’y avait rien d’étrange », détaille-t-elle.

« Et comme père ? » demande le juge.

« Je le voyais comme un papa poule », souffle la mère de Juliette.

« Vous a-t-il déjà demandé de filmer vos rapports ? » demande l’avocate générale.

« Non, jamais », assure-t-elle.

Même discours de Christelle (le prénom a été changé), compagne de Michel depuis son divorce et jusqu’à la révélation des faits, le 30 octobre 2021:

« Il m’a appelée en pleurs me disant : Il faut que tu t’éloignes de moi, je suis un monstre. J’ai touché ma fille Juliette, je suis un monstre. C’était un choc pour moi. Jamais je n’aurais pu imaginer cela. J’ai tout de suite mis fin à cette relation », déclare-t-elle, après avoir décrit des relations sexuelles « très régulières et épanouies ».

Le matériel informatique a parlé

Enfin, la cour criminelle interroge l’accusé sur les faits d’inceste qui lui sont reprochés.

Ses déclarations sont troublantes.

Il semble inclure sa fille dans ses rapports forcés.

Ainsi, il parle d’une relation « inappropriée ».

« On se disait qu’il fallait arrêter… »

Avant de se reprendre :

« Je me suis mal exprimé. »

Des abus de langage relevés par la cour.

Les témoignages des proches de Michel ont du mal à éclairer l’horreur des actes commis par cet homme.

Mais le matériel numérique a parlé.

Une perquisition menée chez lui a permis la saisie de l’ensemble de son matériel numérique : téléphones, ordinateurs, CD, clés USB, disques durs…

Les experts y ont trouvé une quantité importante de photos et de vidéos montrant l’accusé pendant des actes sexuels.

Après trois jours d’un procès intensif , l’accusé, a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur sa fille.

La cour a également retenu sa culpabilité pour avoir administré des médicaments dans le but de la sédater.

Le verdict est tombé vers midi, condamnant l’homme à quinze ans de réclusion criminelle pour “viols incestueux commis sur une mineure de moins de 15 ans par un ascendant”.

La décision a été rendue après une analyse minutieuse des faits présentés au cours du procès, incluant les attouchements, viols, enregistrements d’images à caractère pédopornographique, et l’administration de substances pour altérer le discernement de la victime.

À l’annonce du verdict, il est resté impassible, tandis que Juliette et sa mère, Eva, se sont pris dans les bras, exprimant un soulagement.

L’avocate générale avait requis quinze ans de réclusion, soulignant la gravité des actes commis.

L’avocat de la partie civile a qualifié Michel de “monstre” et a détaillé le nombre choquant de viols sur sa propre fille, estimant entre 260 et 290 sur une période de trois ans.

Et puis il y a les détails aggravants : recherches de vidéos à caractère pornographiques de relations incestueuses sur Internet, la lingerie sexy qu’il lui achète, les vibromasseurs qu’il utilise, les tests de grossesses.

L’avocate de la défense, Me Stéphanie Thierry-Leufroy, a tenté de trouver de l’humanité dans ce dossier difficile, soulignant la personnalité en apparence normale de l’accusé.

Les expertises psychiatriques ont déclaré Michel “réadaptable” et ne présentant pas de risques criminels, malgré la nature choquante des actes.

La cour a finalement statué, condamnant Michel à quinze ans de réclusion criminelle, avec cinq ans de suivi socio-judiciaire, une injonction de soins et un suivi psychopathologique.

L’interdiction de paraître au domicile de Juliette a été prononcée, et l’autorité parentale sur sa fille lui a été retirée.

Michel est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

Cette affaire met en lumière la tragédie de l’inceste en France, où environ 160 000 enfants sont agressés sexuellement chaque année, souvent par un membre de leur famille.

Un sondage Ipsos de novembre 2020 indique que 10% des Français ont été victimes d’inceste, soulignant l’ampleur du problème avec environ 6,7 millions de personnes concernées.

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