Moulins | Le Pédocriminel Jean-Philippe Galerie, Professeur de chant, condamné à 16 ans de prison ferme

«Aujourd’hui, je me fais froid dans le dos». Un ancien professeur de chant a reconnu jeudi 21 juin 2018 les viols, agressions sexuelles et corruptions de mineures commises sur dix anciennes élèves d’un établissement scolaire catholique de Moulins entre 2007 et 2010.

Jean-Philippe Galerie exerçait une forte attraction sur ses jeunes élèves, qui l’admiraient et le craignaient. ELEPHANT & CI

Le procès de Jean-Philippe Galerie, 46 ans, s’est ouvert à huis clos partiel devant la cour d’assises de l’Allier.

Recruté à titre d’intervenant extérieur, ce compositeur-interprète de musique religieuse était chargé de monter avec des élèves des comédies musicales pour le centre scolaire Saint-Benoît.

Plus d’une centaine de jeunes allant de la sixième à la seconde y ont participé.

A la demande d’une professeure de musique, et ancienne conquête, il dirigeait un atelier de chant, «Atout Coeur», où il nouait des relations avec les victimes qui tenaient souvent les premiers rôles de ses spectacles.

Charmées et impressionnées par cet homme de vingt ans leur aîné, les plaignantes, alors âgées de 14 à 17 ans, lient avec lui des relations père-fille, au point de l’appeler, à sa demande, leur «Papa d’amour».

Faisant office de confident et père de substitution, il converse avec elles quotidiennement sur Internet, occasion pour lui pour déclamer son «amour».

A chacune, il laisse des petits mots doux dans les poches et offre bijoux, parfums et sous-vêtements féminins.

Leurs rapports devenus progressivement plus intimes, il leur demande ensuite de se déshabiller devant lui, sexe en érection, par webcams interposées.

«Elles le considéraient comme un génie artistique auprès duquel elles se sentaient importantes.

Elles le respectaient et tout ce qu’il pouvait dire était parole d’évangile», a considéré à la barre un enquêteur à l’égard d’un accusé «manipulateur et terrifiant», qui invitait ensuite les victimes à son domicile du Maine-et-Loire.

C’est dans cette maison, où il vivait avec femme et enfants, qu’il leur faisait subir les faits qui lui sont reprochés – baisers forcés avec la langue, caresses, pénétrations sexuelles non protégées, parfois à plusieurs, demande de fellation – à des jeunes filles vierges et tétanisées, ne sachant comment lui résister.

«Je n’avais pas de limites.

Cela aurait pu se passer n’importe où», a avoué l’accusé d’une voix froide et distanciée.

L’homme au front dégarni et à la bouche tombante semblait parfois se regarder, comme s’il assistait à son propre procès.

«Il y avait là l’expression d’une sexualité débridée et insatiable, le besoin de relation affective et cette notion de vouloir apprendre aux adolescentes la sexualité», a analysé cet ancien pizzaïolo et ex-secrétaire des scouts de France en Isère, qui s’est dit «soulagé» d’avoir été interpellé en mars 2016.

A l’époque, cet adepte de l’échangisme justifiait les faits en incriminant «la rigueur morale de la société», pour convaincre ces jeunes filles «timides» dont l’»éducation ne collait pas avec la grande liberté de moeurs» qu’il prônait, selon un enquêteur.

Toutes les victimes évoquent un mode de fonctionnement “sectaire”, les mettant “en compétition”» en matière de chant comme de sexualité; et “l’emprise” qu’exerçait sur elles ce “gourou” “charismatique” qu’elles craignaient et admiraient.

«On a tous été manipulés, nous toutes mais aussi nos parents et les enseignants», a regretté l’une des sept jeunes filles, qui se sont constituées parties civiles.

L’accusé a déjà été condamné une première fois pour corruption de mineur à cinq mois de prison avec sursis en 2011.

Ce qui ne l’avait pas empêché de continuer à intervenir dans l’établissement.

C’est le témoignage d’une nouvelle jeune fille, en mai 2015, donnant le nom d’autres victimes, qui a permis de «percer un secret de polichinelle» au sein du groupe.

Après trois heures de délibéré, la cour d’assises de Moulins a condamné Jean-Philippe Galerie à 16 années de réclusions criminelle pour viols, agressions sexuelles et corruptions de mineurs.

La cour d’assises est allée au-delà des réquisitions de l’avocate générale Audrey Galaud, qui avait réclamé une peine de 14 ans d’emprisonnement.

La cour a par ailleurs assorti sa peine d’un suivi socio-judiciaire de 8 ans et d’une interdiction d’exercer une activité auprès de mineurs.

Sources : Paris-Normandie & Libération

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