Tours | Un pédophile condamné pour atteinte sexuelle

La tête le plus souvent baissée, l’homme de 34 ans, divorcé et père de trois enfants, peine à répondre à la présidente.

Une affaire d’agression sexuelle était traitée au tribunal d’Aurillac jeudi 2 mai 2019. (©VDC)

Pourquoi a-t-il eu une relation avec une adolescente de 14 ans ? « Parce que je l’aime, c’est une relation amoureuse », finit-il par balbutier à la barre du tribunal correctionnel de Tours où il est poursuivi pour atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans.

Ami du compagnon de la maman de la jeune fille que nous appellerons Lucie (*), il a reconnu des caresses sur les cheveux, les épaules, les cuisses, « rarement les fesses », mais nié toute relation sexuelle.

« Saviez-vous que la loi interdit ces attouchements sexuels entre majeur et mineur de moins de 15 ans ? », insiste la présidente.

« Oui, je le savais. Ça me gênait un peu quand même. J’aurais dû attendre qu’elle ait 15 ans. Je n’ai pas d’autres explications, sauf qu’elle est très mature. »

Cette relation, débutée en avril 2018, a été signalée par le collège de l’adolescente. D’où la procédure. L’idylle dure depuis.

Avec l’accord des parents, à condition que les rencontres se fassent au domicile familial. « La maman elle-même s’était mise en couple à 14 ans et demi, précise la juge. Les repères sont ainsi différents. » 

Ce qui gêne la magistrate ? L’existence d’un dossier classé sans suite, en août 2013, dans lequel le prévenu était soupçonné d’avoir agressé une jeune fille de 13 ans, amie de la famille, dans une piscine.

C’est au tour de Lucie de prendre la parole, encouragée du regard par ses parents et sa sœur. Elle a aujourd’hui 15 ans et ne comprend pas. « Il ne m’a pas forcée, j’étais d’accord, je ne vois pas où est le problème ! » Comment voit-elle son avenir ? « Avec une maison, ensemble, un chien, des enfants. » 

Le procureur Grégoire Dulin interroge : « Où se situe le droit ? Où se situe la morale ? »

Puis, à l’adresse du prévenu : « Vous encourez sept ans d’emprisonnement [] Quand un majeur a une relation avec une mineure, on estime qu’il peut y avoir une emprise sur cette ado qui est une adulte en devenir. »

Se tournant ensuite vers Lucie : « Vous êtes victime, je vous le dis [] La vie est longue, pas rectiligne, et elle vous appartient. On dit que vous êtes mûre. Ce que je sais, c’est que vous êtes jeune et qu’une relation amoureuse peut s’estomper dans le temps. »

L’avocate du prévenu insiste :

« Quelques mois plus tard, elle ne serait pas devant vous. N’a-t-on d’ailleurs pas connu un débat national autour de la possibilité de mettre la majorité sexuelle à 13 ans ? »

Le trentenaire est condamné à cinq mois de prison avec sursis.

« C’est une peine d’avertissement, a précisé la présidente Christine Blancher. Évidemment, vous vous projetez dans l’avenir avec Lucie mais cette première procédure juge bon de vous mettre cette peine au-dessus de la tête au cas où il vous viendrait l’idée d’avoir une relation avec une autre adolescente. Un mineur même de plus de 15 ans reste un mineur. »

Le prévenu devra verser 1 € de dommages et intérêts. Il se voit inscrire au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

(*) Prénom d’emprunt.

Source : lanouvellerepublique.fr

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