Le FBI pirate un millier d’ordinateurs dans une opération anti-pédopornographie

Ils pensaient que leur identité était protégée grâce au réseau d’anonymisation TOR.
Et pourtant, de nombreux amateurs de pédopornographie ont été piégés par le FBI, qui a piraté leurs ordinateurs lors d’une opération d’une ampleur inédite, révèle le site américain spécialisé Motherboard, documents judiciaires à l’appui.

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Le FBI a déjà eu recours au piratage pour mener ses enquêtes. © Kacper Pempel / Reuters / REUTERS

Tous navigaient sur Playpen, un important site de partage d’images pédopornographiques uniquement accessible à travers TOR. Selon les documents détenus par Motherboard, il aurait atteint 215  000 membres et 11 000 visiteurs uniques par semaine. En février 2015, la police mettait la main sur le serveur hébergeant ce site.

Mais au lieu de le fermer, le FBI décide de le maintenir en vie une quinzaine de jours, en l’hébergeant sur ses propres machines. Avec une différence : un « malware » est introduit sur le site, permettant d’infecter les ordinateurs qui s’y connectent et de récupérer leurs adresses IP, normalement camouflées par TOR. Le dispositif fonctionne, et permet de récolter au moins 1 300 adresses IP — la clé pour identifier leurs propriétaires.

Un unique mandat

Ce n’est pas la première fois que le FBI a recours à ce type de dispositif, qu’il appelle « Network Investigating Technique » (NIT). En 2011, l’opération « Torpedo », proche de celle menée contre Playpen, avait permis de collecter 25 adresses IP concernant les visiteurs de trois sites pédopornographiques. Elle avait mené à une dizaine de procès.

Mais cette fois, l’opération du FBI est d’une toute autre échelle, puisqu’elle concerne plus d’un millier de personnes. Et ce, à partir d’un unique mandat. Ce qui n’est pas sans poser question.

Certains défenseurs des libertés publiques s’en inquiètent, à l’image de Christopher Soghoian, l’un des représentants de la puissante American Civil Liberties Union, cité par Motherboard :

« C’est une nouvelle frontière effrayante de la surveillance, et nous ne devrions pas partir dans cette direction sans débat public et sans que le Congrès évalue avec attention si ces techniques devraient être utilisées par les forces de l’ordre. »

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