La Bourboule | Quintuple agression sexuelle au centre d’accueil

En avril 2015, cinq jeunes garçons avaient été agressés sexuellement par le chauffeur du bus, lors d’une sortie scolaire à La Bourboule (Puy-de-Dôme).

Ça aurait dû être le point culminant d’une année scolaire bien avancée.

Une « récompense » attendue par bien des écoliers.

Hélas ! Pour cinq garçons de cette école bordelaise (Gironde), la sortie de deux jours à La Bourboule (Puy-de-Dôme) a viré au cauchemar.

A cause de Mathieu.

Ce chauffeur de bus – 34 ans à l’époque des faits – qui les a véhiculés et accompagnés durant ces deux jours.

Étranglé par l’émotion et la culpabilité, il a dit le dégoût de lui-même, lundi, à la barre du tribunal correctionnel de Tours.

Devant les juges, devant le procureur, devant les avocats.

Devant les familles des petites victimes âgées de 9 ans à l’époque.

Des gosses catapultés en une nuit dans un monde qui n’est pas le leur.

Ils n’ont pas compris ce qui leur arrivait quand Mathieu s’est introduit dans leurs chambres.

Quand il en a caressé un premier, puis un second.

Prenant leur petite main pour se masturber avec.

Malgré la présence de parents, il a pris tous les risques pour céder à ses « pulsions ».

A la barre, il nie toute idée de préméditation sur l’instant.

Mais comment expliquer qu’il agressera sexuellement deux autres enfants dans la nuit ?

Puis un cinquième le lendemain matin.

Désorientés, honteux, les petits n’ont rien dit.

Comme pour faire « comme si ce n’était pas arrivé ».

Il faudra un deuxième voyage scolaire, l’année suivante, avec d’autres enfants de cette même école et le même chauffeur de bus, pour que de nouveaux faits similaires soient découverts.

Cette fois-là, les victimes ont parlé.

C’était dans les environs de Toulouse (Haute-Garonne).

La cellule psychologique mise en place immédiatement permet de libérer la parole.

Les faits de 2015 reviendront bientôt à la surface.

Mathieu, incarcéré quatre mois en détention provisoire dans le cadre de la deuxième affaire (une instruction est en cours à Toulouse), se réfugie chez les parents de son ami, en périphérie de Tours.

C’est là que le parquet de la capitale tourangelle, suite au signalement des faits de 2015, s’intéresse à lui.

Les deux dossiers n’ayant pas été joints, Mathieu a donc comparu lundi à Tours.

 

“ Ce qu’il a fait est dégoûtant ”

« Du dégoût et de la révolte, c’est ce que m’inspire ce dossier », dit Me Clément Germain (du barreau de Bordeaux), aux intérêts des parties civiles.

Et de reprendre le calvaire qu’ont vécu les cinq gamins, de pointer les dénégations du prévenu trente heures durant… avant qu’il n’admette les faits.

Totalement, il est vrai.

« Il n’y aura pas de récidive. J’ai pu me libérer du passé », assure l’intéressé qui a dit, pour la première fois aux gendarmes, les viols dont il a lui-même été victimes entre 11 et 16 ans.

Un voisin de l’époque, contre qui il a enfin porté plainte.

« Il parle d’agressions dont il a été victime dans sa jeunesse, je veux bien le croire, mais depuis quand cela autorise à devenir bourreau soi-même ?, fustige Bruno Albisetti, pour le ministère public.

Il dit qu’il n’y aura pas de récidive ? Il a tout à prouver ! »

Il requiert une peine de trois ans d’emprisonnement ferme et l’interdiction d’exercer toute profession en contact avec des mineurs.

Enfin, le procureur s’interroge sur l’opportunité d’un mandat de dépôt sachant qu’il a été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’autre affaire de 2016.

En défense, Me Frédérique Pujol (du barreau de Toulouse) lâche le mot :

« Un pédophile recherche le contact des enfants. Lui, non ! Il a honte, il se dégoûte. Car ce qu’il a fait est dégoûtant […] Bien sûr que les viols qu’il a subits ne l’excusent pas […] Trois ans ? Par rapport aux faits, oui ! Pas pour ce qu’il est aujourd’hui. »

Après délibéré, le tribunal déclare Mathieu Bedel coupable d’agression sexuelle aggravé et le condamne à trois ans d’emprisonnement avec suivi sociojudiciaire de cinq ans et injonction de soins.

Interdiction lui est définitivement faite d’exercer toute activité en contact avec des mineurs.

Il est inscrit au fichier des délinquants sexuels et devra verser aux victimes un total de 28.000 € de dommages et intérêts, outre 5.000 € de frais de justice.

Source: lanouvellerepublique.fr

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