Figeac | Un homme arrêté à la sortie d’un lycée jugé pour corruption de mineurs

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L’homme a été mis en examen pour une affaire de viols sur mineur toujours en cours d’instruction
photo de la façade d'un palais de justice
Un homme de 38 ans était jugé par le tribunal correctionnel de Cahors en comparution immédiate pour fabrication et diffusion de message pornographique accessible à un mineur et corruption de mineur du 1er septembre au 2 novembre 2023 à Figeac.

Jusqu’où aurait pu aller Charles* pour terminer l’écriture de son livre ?

Cela aurait pu être la 4e de couverture d’un mauvais polar mais la réalité est bien plus déconcertante.

Il y a près de deux mois, des jeunes filles de 13 à 17 ans sont abordées à la sortie de leur établissement scolaire ainsi que sur l’esplanade de l’espace François Mitterrand à Figeac par un homme de 38 ans.

Charles se présente comme un écrivain en mal d’inspiration, le cœur de son ouvrage n’est autre… qu’une jeune fille de 14 ans et demi, Mathilde qui cherche à s’affranchir de ses parents et à découvrir sa sexualité.

Il leur fait lire un résumé, et leur demande de remplir un questionnaire ainsi qu’une fiche avec leurs coordonnées : mail, téléphone et date de naissance, pour leur envoyer le premier chapitre.

La plupart refusent jugeant le comportement du supposé écrivain plutôt louche.

Une jeune fille de 13 ans alerte ses parents qui contactent dans la foulée la gendarmerie.

Charles est contrôlé sur place par les gendarmes, il reconnaît qu’il fait lire un passage de son livre aux passants.

Plusieurs témoins et cinq jeunes filles confirmeront qu’il n’abordait que des mineures.

Quand les militaires consultent son dossier judiciaire, il apparaît que Charles a été mis en examen pour une affaire de viols sur mineur toujours en cours d’instruction par le parquet d’Agen.

L’affaire n’a donc toujours pas été jugée et la présomption d’innocence prédomine.

Un comportement malsain dans un club sportif

Lors des auditions, une jeune fille explique avoir donné ses coordonnées et avoir reçu un mail le soir même où Charles insiste pour avoir le contact de son amie qui était avec elle.

Elle le bloque instantanément.

Elle raconte aussi aux enquêteurs qu’elle aurait appris que Charles aurait été viré du club sportif où il était bénévole auprès d’une équipe féminine au regard de son comportement.

Le président du club et une joueuse mineure sont alors entendus également, elle décrit “un pervers” malsain et tactile qui ouvrait la porte des vestiaires au moment des douches.

Deux autres jeunes de 16 et 17 ans vont recevoir le premier chapitre du roman de Charles par mail où il leur explique que si elles souhaitent la suite du livre, il ne pourra pas l’envoyer par mail…

Le président du tribunal poursuit le déroulé de l’instruction :

“Vous allez communiquer une copie de votre projet de roman à la demande des enquêteurs : 15 chapitres où l’écrit devient le prétexte de scènes de nature sexuelle, 17 parties au total, notamment entre des majeurs et des mineurs, donc des viols, des relations incestueuses entre un majeur de 52 ans et ses filles. Des passages totalement pornographiques, des scènes criminelles donc.”

“J’étais dans un état de colère”

“Il y a des éléments qui ne sont pas du tout vrais, répond-il, les propositions de lecture n’auraient jamais été au-delà du chapitre 3, vu que je comptais proposer mon livre à un éditeur.

– Vous plaisantez ? Vous pensez qu’un éditeur aurait publié des scènes de viols ?

– Je n’étais pas dans un bon moment, je pensais à cette affaire de viol pour laquelle je suis poursuivi, ça fait trois ans que l’instruction dure, j’étais dans un état de colère. Il y a une présomption de culpabilité que je subis, que je vis au quotidien, des situations bloquantes dans ma vie professionnelle, l’interdiction de voir mes enfants.

– Donc vous exorcisez votre colère par l’écriture ?

– Oui pour montrer que je ne suis pas coupable

– Mais pourquoi vous abordez des jeunes filles ?

– Parce que ce sont les protagonistes du livre, je voulais comprendre leur façon de vivre, avoir leur retour à elles” termine-t-il.

Inscription au Fijais

Le procureur décrit un prédateur à la sortie d’un établissement scolaire:

“On a tous compris votre stratagème : avoir les numéros de téléphone de jeunes filles, sauf vous, apparemment. Cet ouvrage n’est pas un texte, c’est un prétexte à un ramassis de fantasmes d’un auteur, de justification d’attirance pour les mineures sans aucune valeur artistique.”

L’homme a finalement été relaxé sur les faits de fabrication et de diffusion de message pornographique accessible à un mineur puisque le livre n’a pas été divulgué.

Mais il a été reconnu coupable des faits de corruption de mineur à l’entrée et sortie d’un établissement scolaire et condamné à 18 mois d’emprisonnement avec sursis, renforcé pendant trois ans, obligation de soin et de travail, interdiction d’aller aux abords de tous les établissements scolaires, interdiction d’exercer une activité professionnelle ou de loisirs en lien avec des mineurs à titre définitif et interdiction de se rendre à Figeac.

Il sera également inscrit au Fijais.

*le prénom a été changé

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