Bretagne | Un millier de personnes en situation de prostitution

21 % des personnes prostituées en Bretagne ont moins de 18 ans.

62 % de l’activité de la prostitution passerait aujourd’hui par Internet, et 21 % des personnes prostituées en Bretagne ont moins de 18 ans. L’étude du Nid dévoile qu’il existe une forme de prostitution, en lycée ou en collège, où des jeunes filles monnaient un acte sexuel contre un bien ou un service, portable ou sortie au cinéma.

C’est l’évaluation de l’Amicale du Nid, qui livre le premier diagnostic régional jamais réalisé sur la prostitution. Un phénomène peu visible mais bien présent, notamment sur les réseaux sociaux.

Le visage de la prostitution a beaucoup évolué. La prostitution de rue a régressé pour faire place à une prostitution où le contact avec le client se faire via Internet. | ARCHIVES

En Bretagne, aucune synthèse régionale sur la prostitution n’existait jusqu’au diagnostic réalisé par l’Amicale du Nid, entre mars 2018 et octobre 2019, à la demande de la Direction régionale aux droits des femmes.

Cette étude a été dévoilée, mardi 3 décembre à Rennes, lors d’un colloque consacré à la lutte contre le phénomène de la prostitution. Elle montre que ce phénomène est bien présent en Bretagne, y compris en milieu rural, même s’il passe souvent inaperçu.

Les personnes prostituées sont à 87 % des femmes, à 11 % des hommes et à 2 % des personnes transidentitaires.

« La prostitution est peu visible en Bretagne même si l’on observe encore, de manière épisodique, de la prostitution de rue dans des agglomérations comme Rennes, Brest ou Saint-Brieuc », indique Lucie Gil, chargée de mission de l’Amicale du Nid.

Cette prostitution en majorité discrète se déroule dans des appartements, des maisons, des chambres d’hôtels, via Internet. Les bars à hôtesses et les salons de massage sont des lieux classiques de prostitution.

Mais le diagnostic du Nid recense des endroits plus inattendus comme les établissements scolaires et les centres pénitentiaires.

Combien de personnes prostituées ?

Lors de son enquête sur la prostitution, Lucie Gil a rencontré 630 professionnels (policiers, gendarmes, travailleurs sociaux, personnels de santé…) et bénévoles.

Les éléments recueillis permettent de poser l’hypothèse de « 846 personnes a minima concernées » en Bretagne, dont au moins 661 ont pratiqué la prostitution lors des trois dernières années.

Une étude des annonces parues sur les réseaux sociaux entre mai et juillet 2018, elle, aboutit au nombre de 1 123 personnes en situation de prostitution en Bretagne, sans nécessairement y résider.

Rennes a une image de ville bourgeoise et tranquille. Pourtant, elle concentre à elle seule un tiers des annonces bretonnes de services sexuels comptabilisées par le Nid (32 %).

Si la proportion d’annonces est incontestablement plus élevée dans les grosses agglomérations, les villes moyennes et les communes rurales apparaissent aussi concernées par la prostitution via Internet.

62 % de l’activité de la prostitution passerait aujourd’hui par Internet. | OUEST-FRANCE

En France, 80 % des personnes prostituées sont étrangères. Cette proportion est moindre en Bretagne puisque l’enquête du Nid dénombre 45 % de personnes prostituées de nationalité française.

Mais la région n’est pas épargnée par la véritable traite mondialisée des êtres humains qu’est devenue, à partir des années 1980, la prostitution.

Des mafias d’Europe de l’Est sont à l’œuvre en Bretagne tout comme des réseaux de prostitution nigérians ou chinois. Ces groupes de proxénètes n’hésitent pas à exercer une très grande violence pour garder le contrôle des femmes qu’ils exploitent.

62 % de l’activité de la prostitution passerait aujourd’hui par Internet. Les réseaux sociaux permettent la mise en relation entre acheteurs d’actes sexuels et personnes en situation de prostitution.

Des réseaux internationaux, basés par exemple en Russie, organisent de véritables « sex-tours » via Internet, les équipes de prostituées ne restant que quelques jours dans une ville.

La juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) traite chaque année un ou deux dossiers impliquant ces réseaux internationaux.

L’Amicale du Nid s’inquiète de la prostitution des mineurs. Son étude montre que 21 % des personnes prostituées en Bretagne ont moins de 18 ans.

Elles peuvent être de nationalité étrangère mais aussi française. Il existe une forme de prostitution, en lycée ou en collège, où des jeunes filles monnaient un acte sexuel contre un bien ou un service, portable ou sortie au cinéma.

Elles se prostituent sans même avoir conscience de le faire. C’est toujours le signe d’un mal-être et, parfois, le début d’un engrenage.

Source : ouest-france.fr

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