Rappel | Il est interdit d’interdire la pédophilie aux Pays-Bas

Rappel: L’équipe Wanted Pedo est passé à côté de cet article, c’est pourquoi nous le partageons qu’aujourd’hui.

L’interdiction de l’association pédophile “Martijn” vient d’être annulée par une cour d’appel néerlandaise au nom de la liberté d’expression.

Les Pays-Bas ont pourtant ratifié un traité européen sur la protection de l’enfance qui interdit la promotion de la pédophilie.
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En Belgique, la libération de Michelle Martin, la compagne du pédophile et tueur en série Marc Dutroux a engendré une violence anti-pédophile sans précédent / THIERRY CHARLIER/AP/SIPA

La cour d’appel de Leeuwarden, chef lieu de la province de Frise, dans le nord des Pays-Bas, vient de lever l’interdiction de l’association Martijn. Myeurop avait déjà enquêté sur ce club pédophile dont en 2011.

Nulle part ailleurs qu’aux Pays-Bas, une telle association peut exister en Europe.

Un parti politique pédophile

Un club créé en 1982 par un groupe d’amis dont l’un était en prison pour faits de mœurs. C’était au départ un simple magazine, puis les rédacteurs ont fondé une association du même nom. Celle-ci a pris une réelle ampleur, au point de créer son propre parti politique, le « Parti pour l’amour du prochain, de la liberté et de la diversité ». Il s’est finalement dissous en 2010 après un échec cuisant lors de deux élections législatives successives.

L’association n’a pas suscité d’attention particulière dans les médias ni dans la population jusqu’à l’affaire Dutroux en Belgique voisine. Par la suite, les tensions entre le “club pédophile” Martijn et certains groupes se sont exacerbées.

Menaces de mort

Lorsque je l’ai rencontré en août 2011, Marthijn Uittenbogaard, l’actuel président de l’association faisait l’objet d’une protection policière. Les fenêtres de la maison qu’il louait dans une petite ville du nord-est des Pays-Bas avaient été brisées lors de marches organisées par des motards.

Des inconnus avaient versé de l’acide dans sa boîte aux lettres, laquelle était littéralement inondée de menaces de mort. Une pétition, lancée par un ex-propriétaire d’un club échangiste, avait rassemblé plus de 60.000 signatures réclamant une action du Parlement. Entretemps, Uittenbogaard avait perdu son emploi.

Les pressions se sont multipliées sur le parquet, massivement relayées par le leader populiste Geert Wilders, surfant comme à son habitude sur l’émotion générale. Finalement, en juin 2012, après de multiples péripéties, un tribunal de commerce avait interdit l’association pour risque de troubles à l’ordre public.

Pas de limite à la liberté d’expression

Martijn est allée en appel et la cour de Leeuwarden vient d’invalider l’interdiction: les éléments de preuve de ce risque de troubles publics sont insuffisant. Et donc, il n’y a pas lieu de limiter la liberté d’expression de l’association.

Le Ministère public envisage à présent d’aller en cassation, mais il sait que ses chances sont minces. Car, si l’association prône l’amour entre adultes et mineurs consentants, on n’a pas pu prouver à ce jour qu’elle avait incité qui que ce soit à commettre un acte illégal.

La loi européenne pourrait bien constituer la seule opportunité d’interdire l’association pédophile Marthijn : les Pays-Bas ont signé le traité européen de Lanzarote sur la protection de l’enfance en 2007. Aux termes de ce traité, une association de promotion de la pédophilie pourrait être interdite partout en Europe.

Une nouvelle proposition de loi, présentée par les partis chrétiens CDA et Christen Unie, vise à intégrer cette législation européenne en droit néerlandais.

Même les négationnistes peuvent s’exprimer

Cette irruption du droit européen dans la sphère néerlandaise pourrait bien ébranler un tabou absolu, difficile à comprendre en France: celui de la liberté d’expression.

Les Pays-Bas se sont construits au fil des siècles sur la cohabitation dans un espace réduit, littéralement envahis par les eaux, de communautés aux convictions différentes. La liberté absolue de croire et de s’exprimer est au cœur de l’identité néerlandaise. Elle lui est consubstantielle.

Descartes a publié aux Pays-Bas des ouvrages interdits alors en France. Les Protestants d’Anvers, de Bruges ou de Paris ont trouvé à Amsterdam et à La Haye non seulement un asile sûr, mais des opportunités d’accroître leur fortune sans qu’on leur pose la moindre question sur leur foi.

Aujourd’hui encore, cette liberté d’expression est sacrée aux Pays-Bas. Une loi française comme celle interdisant la négation du génocide arménien est impensable à La Haye.

Une proposition de loi contre la négation de la Shoah, proposée par le ministre chrétien Piet Hans Donner, a suscité un tollé général et a été vite remisée aux oubliettes. Le peuple néerlandais est pourtant très sensible à la mémoire des persécutions juives. Mais il l’est sans doute encore plus à la liberté d’expression.

Toutefois, les affaires Dutroux en Belgique ou Robert M. aux Pays-Bas, largement médiatisées, ont aiguisé la sensibilité sociale à l’égard de la pédophilie.

Des discours tolérants comme ceux des années 1970 ne sont tout simplement plus audibles. Cette sensibilité aura-t-elle raison de la liberté d’expression néerlandaise ?

Source : http://fr.myeurop.info

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