Brest | Un père incestueux condamné plus de 30 ans après les faits

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Elle avait découvert que ses deux frères avaient aussi été agressés sexuellement par leur père
Un Brestois de 74 ans a été condamné, ce mardi 31 août, plus de 30 ans après les faits, à cinq ans de prison, dont un an avec sursis, pour avoir agressé sexuellement sa fille.

La question de la prescription de l’inceste était au cœur de cette affaire, jugée le 5 juillet dernier, par le tribunal de Brest.

À l’audience, une femme de 40 ans était venue, avec beaucoup de courage et d’émotion, demander des comptes à son père qui avait abusé d’elle.

Elle avait déclaré:

« Je n’ai pas de haine, mais du désespoir »

Son père, présent à la barre, a reconnu des faits d’agression, mais pas de viols, pourtant un temps évoqués.

Il n’a montré aucune empathie ni regret.

Il avait agressé ses trois enfants

Sa fille avait eu, enfin, la force, en 2016, de déposer plainte contre lui pour des agressions sexuelles, commises alors qu’elle était âgée de 4 ans à 7 ans.

Lors d’une discussion familiale en 2008, elle avait découvert que ses deux frères avaient aussi été agressés sexuellement par leur père.

Chaque enfant ignorait que les deux autres étaient aussi victimes.

L’un des frères avait déposé plainte en 2009, mais les faits étaient prescrits, selon la loi en vigueur à l’époque.

Seule l’évolution législative concernant les délais de prescription, ces dernières années, a permis d’aboutir, ce mardi 31 août, à la condamnation du père.

Il faut du temps pour permettre de libérer la parole des victimes.

De nouveaux délais de prescriptions

L’avocate du prévenu avait plaidé la prescription des faits, la plainte de la victime ayant été déposée le 30 juin 2016.

La prescription était alors de dix ans pour une agression sexuelle, un délai compté à partir de la majorité de la victime.

La plainte aurait dû être déposée avant 2010, selon la loi de l’époque.

Mais, pour l’avocate de la jeune femme, la plainte de son frère, en 2009, est venue interrompre cette prescription, qui est, par ailleurs, passée à 20 ans en 2017.

La loi du 24 avril 2021 a aussi bouleversé les délais, rendant possible des prescriptions glissantes.

Autant d’arguments qui ont convaincu le tribunal de condamner le père à cinq ans de prison, dont un an avec sursis probatoire, obligation de soins, d’indemniser sa victime, avec laquelle il a interdiction d’entrer en contact.

Il va être inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (Fijais).

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