Saint-Quentin | Des agressions sexuelles causées par «le diable»…

Très croyant, un père de famille a invoqué l’esprit du mal qui l’aurait poussé à agresser sexuellement sa belle-fille. Avant de culpabiliser. Il a été condamné à de la prison ferme.

Dans un premier temps, le prévenu se disait sous l’emprise du diable. C’était avant sa thérapie. (Photo d’illustration)
Dans un premier temps, le prévenu se disait sous l’emprise du diable. C’était avant sa thérapie. (Photo d’illustration)

«Vous êtes très croyant ; le diable n’a plus rien à voir dans cette affaire ? » Edy Bwale baisse le regard, le relève pour répondre à Me  Lavalois, réfléchit et soupèse chaque mot.

«  Non, je pense je n’étais pas bien à ce moment-là, dans mon cœur et mon âme ; j’ai dit (ndlr, devant les enquêteurs) des choses qui n’avaient pas lieu d’être. »

Costume cintré, chemise blanche et chaussures vernies, le jeune homme est d’une rare élégance à la barre du tribunal correctionnel de Saint-Quentin, mardi 2 février.

Son esprit, lui, est torturé. Sa thérapie avec une psychologue, pour « comprendre pourquoi », lui fait maintenant dire qu’il a « changé, compris beaucoup de choses ; je me suis égaré ».

Entre janvier 2013 et septembre 2014, sa belle-fille, âgée alors de 7 à 9 ans, a subi ses agressions sexuelles. 

Un jour de septembre 2014, la maman de la fillette, alors en concubinage avec Edy Bwale, entame une discussion singulière avec la petite.
En substance : « Ne te fais pas violenter, ne te laisse toucher par personne (ndlr, les enfants) à l’école. » La réponse est inattendue : « Mais papa (ndlr, en fait beau-papa) m’a touché plein de fois  », dans sa chambre, celle de maman, sur le canapé du salon, quand maman est absente.

 « Ça m’a pris comme ça »

« Plein » ou « quatre fois », selon le décompte d’Edy Bwale ? Pas de certitude là-dessus. Une chose en revanche est certaine, la manière dont il « touchait » sa belle-fille, qu’il considérait comme son enfant. Il s’enduisait le sexe d’une crème, remettait son caleçon et son pantalon, puis, revêtu donc, se frottait aux fesses de la fillette, elle-même habillée.

« La première fois, ça m’a pris comme ça, je n’avais pas mis de crème. Puis la deuxième fois, j’en ai mis. Je n’étais pas excité, je n’ai jamais été attiré par les enfants. »

L’homme de 27 ans, par ailleurs magasinier à Paris, est assailli par les questions de la présidente du tribunal. Dont celle-ci, la principale : pourquoi ? « Ce n’était quand même pas pour faire de la gymnastique ou des pompes », lance-t-elle crûment, lassée de ne pas obtenir d’explication.

Lui baisse la tête, réfléchit : « J’étais fragile à un moment.» Et que venait faire cette crème ? Là encore pas de réponse. Son avocat, Me Antonini, n’a, lui, « pas peur de choquer ses cordes vocales », pour reprendre ses termes : « La crème, avec le caleçon, le pantalon, améliorait le frottement et peut-être l’excitation. »

La maman les a voulues ces réponses : 1 890 SMS ont été échangés entre elle et lui. Les enquêteurs les ont interceptés. Dont celui-ci : « C’est le diable qui m’a dominé, j’ai envie de mourir. » Ou cet autre message, dans lequel il dénonce une supposée liaison de sa compagne, comme pour se déresponsabiliser.

De toute l’instruction devant un juge, de celle devant le tribunal correctionnel, il ne sortira aucune réponse à ce « Pourquoi ? ».

«  Au début, j’ai eu du mal à comprendre, je me suis égaré  », se borne à expliquer Edy Bwale.

Le tribunal le condamne à deux ans de prison, dont un avec sursis comprenant une mise à l’épreuve de deux ans.
Elle lui impose d’indemniser la victime (3 000 € à la maman de dommages et intérêts) et lui interdit d’entrer en contact avec la petite fille, tout comme de travailler au contact de mineurs. Dans son costume, le regard perdu, Edy Bwale écoute sa sentence sans mot dire.

Source: http://m.courrier-picard.fr/

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