3ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 10

3ème procès d’Outreau | Compte rendu Jour 10

Procès Outreau | Compte rendu du 02/06/2015

 

 

9h00

 

Audition de Daniel Legrand

Le matin a commencé avec une petite conférence de presse des avocats de Daniel Legrand puis l’audience a débutée avec les questions des avocats des parties civiles.

Me Reviron commencera avec des questions sur la Garde à vue de l’époque, Daniel Legrand expliquera qu’on lui avait mis la pression et même une claque, parce qu’il mettait des coups de pied dans la porte de sa cellule.

Or le policier Bollard qui est venu témoigner quelques jours plus tôt, nous a clairement expliqué qu’il avait été pris d’affection pour Daniel Legrand et qu’il était sûr de son innocence. (NDLR : il a même failli pleurer en se remémorant ce moment de carrière.)

Me Reviron lui pose une série de question sur Martel le chauffeur de Taxi, qui avait confirmé avoir ramené Daniel Legrand à la tour du renard à Outreau plusieurs fois et avec d’autre personne dont Mme Badaoui.
Contradiction totale avec ce que dit Legrand, à savoir qu’il n’a jamais été à la tour du renard.

Quant aux questions de son audition devant la chambre d’instruction, il est frappé de nouveau par une « amnésie foudroyante ».

On arrive au meurtre de la petite fille que Legrand avait confessé, aveux qu’il a d’ailleurs été le premier à faire « pour ne pas prendre pour les autres » en envoyant une lettre à France 3 et au juge Burgaud.

La chaîne télé publiera ces aveux écrits avant que le juge Burgaud puisse mener des investigations.
(NDLR : Ce qui n’est pas très malin de la part des journalistes, décidément, ils brillent par leur incompétence.)

Question des parties civiles : – « Cette histoire de petite fille, vous écrivez à FR3 et au juge Burgaud, il vous convoque, à ce moment-là il vous presse de question ou il vous laisse parler ? »

Sa réponse « Là à ce moment la j’improvise, j’invente et j’ai donné des détails imaginaires. »

(NDLR : 58 lignes de détails imaginaire quand même ! Qui recoupent parfaitement avec les détails de Myriam Badaoui sauf qu’ils n’utilisent pas les mêmes mots pour décrire les mêmes choses, ce qui est tout de même troublant.)

P.C : – « Vous citez des noms, Thierry Delay, Myriam Badaoui, François Mourmand et vous dites il y ‘en avait d’autres, il vous fait voir les albums ? »
D.L : – « je pense, il me semble qu’il m’a sorti des albums devant moi. »

P.C : –  « Quand vous voyez ces albums, vous ne savez pas qui a fait quoi, aujourd’hui vous dites que vous êtes innocent, mais vous accusez ces gens non ? »
D.L : – « Le juge mettait son doigt sur des photos ou alors j’inventai.. »

P.C : – « Lorsque vous avez fait ces aveux, c’était pourquoi ? Vous étiez dans quel état d’esprit ?D.L : – « C’était pas pour sortir, c’était pour me venger de Grenon, parce qu’elle était dehors alors qu’elle avait avoué. »

P.C : – « Vous aviez dit qu’il y avait des cassettes (pédopornographique) et qu’on les reconnaissait sur ces cassettes, pourquoi ne pas les avoir donné ? »
D.L : – « C’était peut-être une solution… »

P.C : – « Pourquoi ne pas avoir dit : puisqu’il y a des cassettes, regardez les ? »
D.L : – « Ça aurait été une bonne solution quand même… »

(NDLR : Si, selon Daniel Legrand, ces cassettes n’étaient pas censées exister, pourquoi répondre que c’était « une bonne solution » ?)

– « Dans ceux que vous reconnaissez sur les séries de photos, c’est donc au hasard ? »
– « Complètement. »

– « Le juge Burgaud vous disait des choses ? Il vous montrait des personnes ? »- « Bah… j’avais dû avoir des informations. »- « Vous aviez dit aussi que Thierry Dausque violait des enfants et filmait c’était inventé aussi ?- « Complètement. »

– « Vous voyez une photo de Jean Marc Couvelard (l’handicapé), et vous dites : « il est violent et il me fait peur » ? »
– « En voyant sa tête que j’ai dit ça. »

– « Vous voyez aussi une photo de Sandrine Lavier et comment pouvez-vous dire, juste en voyant une photo qu’elle vient avec ses filles chez les Delay ? Comment savoir ça alors, vu qu’elles ont étés reconnues victimes finalement ? »
– « J’ai inventé, c’est pas que j’ai reconnu, c’est au hasard. »

NDLR : Un coup d’œil vers la défense, et nous remarquerons les avocats faire semblant d’être en train de lire un bouquin, ou encore de feuilleter des dossiers.
Anxiété qui laissait deviner leur état de stress, de peur que Daniel Legrand ne fasse une bourde, et ce malgré l’intense « coaching » qu’ils ont dû lui donner pour le préparer à cette matinée.

– « Mais comment deviner qu’elles faisaient partie du dossier ? »
– « Ça remonte à 15 ans, j’me souviens pas de tous les détails. »

NDLR : A cette période, Daniel Legrand devait sûrement avoir des dons de medium sans le savoir.
Par la suite la partie civile reviendra sur les aveux de Legrand et il essayera de se défendre en disant qu’il essayait de mentir mais de bien mentir, et qu’aujourd’hui il ne ment plus mais il ne sait plus.

Partie civile : « Le 9 janvier vous écrivez une lettre du fond de votre cellule à FR3 et au juge Burgaud ? »
Legrand : « oui »

L’avocat de la partie civile lit la lettre d’aveux de Legrand, que le président ne voulait pas lire quelques jours plus tôt car elle était « insoutenable ».

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Myriam Badaoui a d’ailleurs confirmé, en disant qu’elle était attachée ce jour-là et qu’elle ne pouvait rien faire.
Elle a d’ailleurs donné les même détails, mais avec des mots différents : l’un disait jogging bleu, l’autre disait pyjama bleu ; l’un disait saigné du nez et de la bouche et l’autre disait craché du sang…

Elle dira que la petite est venu avec un belge qu’elle s’est faite frappé parce qu’elle résistait à Thierry Delay, qu’il lui a mis des coups de pied et des coups de bâton, que la petite fille ne respirait plus, qu’elle a voulu appelé le docteur Leclercq mais que Thierry a refusé, qu’il a menacé tout le monde et que le belge Thierry et un troisième homme sont parti enterré la petite enroulé dans un drap rose.

Elle situe ça en 1999 (tout comme Daniel Legrand).

P.C : – « Mais comment se fait-il, qu’il y ai autant de détails similaires dans votre déposition et celle de Myriam Badaoui ? »
D.L : – « Ils ont dû lui donné ma déposition, c’est sûr, c’est de la pure invention. »

Stéphane Cantero (l’avocat général) prendra la parole en se frottant les mains avec un petit sourire en coin, et en s’humectant les lèvres plusieurs fois comme à son habitude, et posera des questions orientées à Daniel Legrand, comme pour essayer de le sortir de cette mauvaise passe.

Avocat général : – « je vais vous poser des questions, et vous me dites si vous êtes d’accord ou pas ? »
Legrand : – « d’accord »

– « En Janvier 2002, France 3 reçoit une lettre de vous ainsi que le juge Burgaud. Est ce qu’il a changé avec vous après ? »
– « Il était plus à l’écoute, Mr Burgaud était méchant avant, et après les aveux il était gentil. »

– « Votre avocat a dit que lorsque vous vous étiez rétracté sur vos aveux, vous étiez plus calme, mais que Burgaud avait « les mains dans les poches et était énervé », vous confirmez comme votre avocat ? »

Legrand répétera que le juge Burgaud était méchant….

Et là, la séquence émotion peut commencer avec les avocats de la défense, attention sortez les mouchoirs…

Me Berton : « Ceux qui affirme que vous êtes coupable, ça veut dire que votre père aussi et donc ils salissent la mémoire de votre père qui n’est plus là pour se défendre aujourd’hui. »

Legrand : « Mon père c’était quelqu’un de carré, il mettait ses chaussons dans le garage quand il rentrait du boulot, pour lui c’était boulot, boulot, boulot, c’était quelqu’un de droit mon père, le soir quand il rentrait du boulot il sortait un peu dans le jardin, il regardait le journal de FR3, si y avait un bon film, il regardait le film, sinon il allait dormir, puis moi je faisais du foot. »

Me Vigier lui demandera si son père était propriétaire d’un sex-shop ou d’une ferme en Belgique, à cela Daniel Legrand répondra : – « c’est dingue ! »

– « Vous ne viviez pas dans le luxe ? Car on vous présentait comme des têtes de réseaux…
– « Non, c’est du n’importe quoi. »
– « On parlait de son doigt mais ça ne passait pas inaperçu, n’est-ce pas ? »
– « Carrément pas, en plus il avait aussi un kyste à l’oreille. »
– « On se moque du monde quand on nous dit qu’on n’a pas vu son kyste à l’oreille ? »
– « A FOND ! »
– « Votre vie dans une semaine, ça sera quoi si vous êtes acquitté ?
– « Je sais pas, j’ai été tellement détruit, voir mon fils c’est mon espoir. »

Hubert Delarue demandera ensuite à Daniel Legrand comment il reconnaissait les gens qu’il accusait ? Et la Daniel Legrand nous dira que c’est avec son doigt qu’il pointait sur des photos, qu’il n’a jamais vu l’huissier Marécaux, qu’à St-Omer il a vu tout le monde, et qu’il n’a jamais donné de noms, bref le hasard fait bien les choses.

Fin de la matinée.

Reprise à 14H15

Témoignage de Mr Jean-Jacques Zirnhelt (Procureur au procès de 2005)

 

42Témoignage de Jean-Jacques Zirnhelt qui était le procureur de St-Omer en 2005.
C’est lui qui avait décidé de ne pas audiencier Daniel Legrand à l’époque où il était mineur, c’est-à-dire de ne pas organiser ce procès.

Il commencera par refaire un historique, il dira qu’il ne connaissait l’affaire que via les réactions à travers la presse, que lorsqu’il était en poste en 2005, un procureur avait attiré son attention sur le dossier Daniel Legrand pour les faits commis lorsqu’il était mineur, mais il avait choisi de ne pas audiencier cette affaire.
Après qu’il ait convoqué les avocats de l’affaire pour leur expliquer que c’était mieux pour les enfants qui venaient de subir déjà deux procès, par contre les avocats des enfants n’étaient pas là dans ses souvenirs.

(NDLR : Nous tenons à préciser que la presse aura influencé beaucoup de monde dans le dossier Outreau, surtout pour faire croire que ce dossier ne comportait pas grand-chose à part des mensonges.)

Lorsque les parties civiles lui demanderons si ça arrive souvent de ne pas audiencier une affaire, il répondra : « Jamais »

(NDLR : Alors pourquoi « jamais » pour cette affaire ?
Surtout quand on sait que plus les années passent plus il est difficile de retrouver quoique ce soit comme indice.
Dans l’affaire d’Outreau nous remarquerons que ce n’est pas « l’urgence » qui a permis de trouver quoique ce soit malgré tous les éléments accablants retrouvés contre certains adultes.
)

Les avocats de la partie civile parleront d’un « Outreau 2 » (l’affaire Danger/Vandevelde : trois frères, mariés à trois sœurs, qui violaient des enfants, qui ont été d’abord acquittés, puis condamnés avec l’aide de 7 avocats…) et demanderont à Mr Zirnhelt s’il y avait des avocats de Legrand fils qui défendaient aussi ce dossier et s’il avait communiqué avec sa hiérarchie pour se positionner sur ce non audiencement. Il répondra : « Très certainement. »

Partie civile : – « Il y a eu un autre dossier périphérique à Outreau, à savoir qu’à la même période il y a eu la fille de François Mourmand qui a dénoncé des abus par son père et son oncle, vous aviez rédigé une note et vous transmettiez un avis d’expertise sur une fille qui avait des traces de défloration, avez-vous souvenir de cette histoire ? »
– « aucun souvenir »

– « Qu’est-ce qu’il y a eu comme autre dossier de ce genre ? »
– « Je ne me souviens plus. »

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(NDLR : Apparemment, ces deux affaires, Outreau et Danger/Vandevelde étaient liées, mais vu le « climat » de l’époque, elles ont été « traitées » individuellement alors qu’elles étaient plus que liées car elles se passaient dans le même quartier, mais lorsque l’avocat de la partie civile aborde ce sujet , les avocats de la défense ne sont pas content et font presque 5 minutes de « spectacle » en invectivant la partie civile tel des petits roquets, afin de nous faire perdre le fil pour éviter que l’on comprennent où l’avocat de la partie civile voulait en venir…)

Puis viennent les questions de Me Lef Forster :

– « Bonjour, je suis l’avocat des survivants, pouvez-vous me dire pourquoi il n’y a pas eu d’audiencement en 2005 ? »
– « Parce que la démarche n’a pas été faite. »

– « En justice tout partie peut faire une demande d’audiencement, mais pour les enfants mineurs en précarités, comment font-ils eux ? »
– « Oui, mais pour ce type de cas, c’est le conseil général qui les gères. »

(NDLR : Vu ce que les intervenants ont fait avec la parole des enfants (services sociaux, enquêteurs, expert) on se pose de sérieuses questions, et si c’était nous ces enfants, aimerions nous que notre parole soit, à ce point remise en cause malgré les preuves et dénonciations de tous ?
Les seuls qui, à nos yeux, ont fait leur travail, sont les assistantes maternelle et le juge Burgaud, qui en ont pris (comme par hasard…) plein la tête durant le procès…
)

Fin de l’audition.

15h15

Témoignage par visioconférence de Roselyne Godard alias « la boulangère d’Outreau » (acquittée).

 

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(NDLR : Elle avait apparemment en quelques mois d’activité, accumulé presque 4000 € de dettes, d’après son mari il s’agissait plus de 45.000 €. Elle aurait touché suite à son acquittement plus de 200.000 €.)

Le président : « Connaissiez-vous Daniel Legrand avant les fait qui lui sont reprochés ? »
– « Non. »

– « Les enfants Delay ? »
– « Oui. »

– « Vous êtes acquitté et donc par ce traitement particulier, vous n’avez pas besoin de prêter serment, mais vous devez dire la vérité. »

Témoignage spontané :

« Je n’ai pas grand-chose à dire, c’est quelque chose de difficile à dire, depuis que je sais que je repasse devant la cour, je fais des cauchemars, je suis convaincue de l’innocence de Daniel Legrand, ça me peine car ça aurait pu être moi, quand est-ce que ça va s’arrêter ? Parce que ça tombe sur lui, mais aussi sur nous par ricochet, la justice n’arrête pas de revenir sur les faits. »

Fin du témoignage spontané.

Philippe Dary le président questionne :

– « Quel lien aviez-vous avec le couple Delay/Badaoui ? »
– « Thierry Delay venait dans ma confiserie ambulante, je vendais aussi des choses comme du pain et du lait, j’ai eu l’occasion de lui faire crédit et quand il recevait la CAF, j’allais chez eux pour récupérer mon argent. »

(NDLR : attention séquence émotion)

– « Vous avez été mise en garde à vue, puis mise en examen, et enfin en détention provisoire, comment avez-vous vécu cela ? »

(NDLR : comme beaucoup depuis le début de ce procès elle pleure, elle pleure…),

– « Je me suis dit, ils vont bien comprendre au fil du temps, ils ont fouillé chez moi, je me suis dit que c’était une histoire de fou
que j’allais me réveiller, ensuite quand Myriam Badaoui m’a accusée, je me suis dit elle est folle, est va se réveiller. Et ensuite c’est Aurélie Grenon et Stéphane Delplanque qui m’ont accusée. »

(NDLR : sans parler des accusations des enfants.)
Elle reprendra en continuant à pleurer avec des larmes de crocodile :

– « Ensuite après mon acquittement, je suis partie vivre à Paris, et ce garçon est innocent. » (En parlant de Daniel Legrand)

NDLR : et elle pleure, elle pleure, elle pleure, elle a un gros chagrin la boulangère…
Tout au long du procès, beaucoup de questions ont été posées, par le président ou l’avocat général, qui n’ont strictement aucun lien avec Daniel Legrand ou ont été posées pour essayer de nous émouvoir, sans succès.

Nous nous attendions à des questions pertinentes mais ce fut rarement le cas sauf pour quelques avocats de la partie civile comme les Maîtres Forster ou Maître Reviron. Lorsque les « Témoins » viennent déposer à la barre et qu’ils ne savent plus où qu’ils sont frappés « d’amnésie » cela ne pose aucun problème pour le président ou l’avocat général, on passe à la question suivante. Visiblement, la ligne « je ne sais pas » ou « j’ai oublié » fait office de réponse « joker » pour ce procès.

Le président : « On voit que vous êtes ému en reparlant de ça ? »
« oui… » (Sniff… sniff…)

(NDLR : Roseline Godard a été apparemment reconnue dans un autre dossier, par une victime dans les années 90.
Ce n’est donc pas la première fois que son nom sort dans ce type d’affaire.
)

Le président : « Quel impact, tout ça a eu sur votre vie de 2005 à 2015 ? »

Godard : « J’ai fait une fac de droit à Lille pour aider les autres victimes d’injustice comme moi, j’ai accepté toute les conférences ou témoignages concernant cette affaire, ensuite je me suis cassé les deux bras et mon mari est décédé. »

(NDLR : Et Roselyne Godard pleure de nouveau, encore et encore et encore, elle dit qu’elle se réveille la nuit à cause des cauchemars, et que les voisins la regarde et elle pleure elle pleure elle pleure.…)

Viennent les questions de Me Forster :

– « Bonjour je suis l’avocat de Chérif et Dimitri, étiez-vous au courant et comment avez-vous été au courant des sévices sur les enfants Delay ? »
– « J’ai été au courant par les gens du quartier, j’ai jamais été au courant avant. »

– « Connaissiez-vous Daniel Legrand avant le procès ? »
– « Non aucunement, j’ai su qui il était après un reportage diffusé à la télévision pendant que j’étais en prison, j’ai applaudi des deux mains quand j’ai vu sa lettre pour piéger Badaoui… »

– « Comment pouvez-vous être sûre de son innocence alors que vous ne le connaissez pas ? »
– « Je ne l’ai jamais vu chez les Delay, et c’est une conviction. »

Fin de l’audition.

15h45

Témoignage d’Alain Marécaux (acquitté) qui en arrivant fait un clin d’œil dans le coin de Daniel Legrand.

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NDLR : il pleure d’entrée de jeu, on n’a pas de temps à perdre.
Sortez les mouchoirs, ça devient poignant.

Témoignage spontané :

« Je voudrais revenir sur cette affaire incroyable ou ma femme, mes trois enfants et moi avons été un beau jour mêlé.
Quand j’ai vu Daniel Legrand pour la 1ere fois j’étais libre, je n’avais rien fait, je ne les connaissais pas, mon avocat me présentait les accusés, j’ai été condamné à St-Omer (il pleure, il pleure, il pleure), je vis depuis avec les fantômes d’Outreau…
Pas un jour où je ne pense à mes deux années d’incarcération, au mal qu’on m’a fait et à mes enfants…
(NDLR : Il pleure énormément mais il oublie de parler de la grosse compensation financière qu’il a reçue suite à son acquittement.)

Il reprend : « Puis ma mère est décédée et j’ai dû aller à son enterrement menotté, c’est des souvenirs qu’on garde a vie, mais Daniel Legrand est innocent, ce p’tit Daniel… (Sniff, sniff…), le couple infernal n’était pas le couple Delay/Badaoui mais bien Badaoui/Burgaud !

L’avocat général : « vous avez été mis en examen pour des viols sur votre fils ? Comment va votre fils ? »

– « Merci pour cette question, mes enfants ne vont pas bien, (il geint, il chouine, il pleurniche), comment voulez-vous qu’ils aillent bien, on doit se battre pour qu’ils retrouvent une cellule familiale, ils n’ont pas de diplômes, pas de travail et je n’ai plus de contact avec ma fille. »

– « On sait que les personnes qui subissent de fausse allégations subissent le traumatisme c’est comme s’il l’avait vécu, y avait-il un suivi ?
– « Non on s’est débrouillé seuls…(sniff… sniff….)

NDLR : Pendant ce procès nous avons constaté que Stéphane Cantero, l’avocat général, avait convoqué beaucoup d’«experts» belges pour essayer d’expliquer que les enfants ont des souvenirs reconstruits, qu’ils ne mentent pas mais qu’ils se trompent.
Par contre dès que des témoins ou acquittés viennent à la barre, les questions vont dans leur sens et jamais oh grand jamais il ne cherchera à les mettre en défaut, même lorsqu’ils mentent outrageusement…
il ne faut surtout pas brusquer ces « pauvres gens ».

Hubert Delarue arrivera en nous expliquant que son fils a subit une « contamination » de la part de Dimitri et que les enfants ont menti.

NDLR : Encore, décidément autant les enfants sont forts pour « inventer » des scènes sordides, autant les adultes disent LA « vérité » même quand ils ne savent plus ou qu’ils inventent…

À la question : « Est-ce que votre livre a participé à une espèce de thérapie ? »

Marécaux s’arrête subitement de pleurer et dit : « Oui bien sûr, même le film m’a permis de me reconstruire, Outreau est en moi, j’étais en geôle et ma sœur a passé les portes de la geôle pour me dire : « maman est morte… »
(Il pleure, il pleure, il pleure…)

Il en profitera pour en rajouter une petite couche sur Burgaud en disant qu’il n’avait aucun scrupule.
Il énumère qu’il a du faire trois maisons d’arrêt, que pendant une période il était en fauteuil roulant, qu’il a fait des tentatives de suicide et un passage en psychiatrie, une grève de la faim, qu’il avait envie de mourir suite aux accusations portée contre lui et qu’il était passé de 90kg à 48kg. Et il terminera en expliquant comment selon lui, le juge Burgaud aurait dû faire son travail…
(Ce qui fera sourire le président)

Fin du témoignage.

16h15

Témoignage d’Odile Polvèche (ex-épouse Marécaux et acquittée)

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NDLR : Elle arrive à la barre toute tremblante, heureusement que le pupitre était là pour la retenir…

Elle déclarera ne pas connaître Daniel Legrand, ni les enfants Delay avant les faits.
Témoignage spontanée :

«Je ne remets pas en cause ce que disent les enfants, mais je pense qu’ils se trompent, ils devraient passer à autre chose. Daniel Legrand, je l’ai connu plein de vie, maintenant il est sous traitement, on vit tous avec Outreau (puis elle se met à pleurer, à pleurer, pleurer), vous vous rendez compte ? Ces enfants et cette histoire c’est une horreur cette affaire, ça m’a tué. (NDLR : elle pleure encore) J’ai une petite fille de 8 ans qui ne sait rien aujourd’hui, comment pourrais-je lui parler de ça ?
Elle jette un regard a Daniel Legrand : « C’est pas normal qu’on l’a mis la… »
(Et elle pleure, elle pleure, elle pleure…)

La partie civile : « connaissiez-vous les Delay avant les faits qu’on vous a reproché ? »
– « Non. »

Lorsque Frank Berton s’avance à la barre, elle s’écrit : « c’est mon sauveur ! (avec un grand sourire.)

Fin du témoignage.

16H53

Témoignage de Dominique Wiel (Acquitté)

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A 78 ans et est retraité aujourd’hui.

NDLR : A l’époque l’abbé Wiel avait défendu dans son livre les quatre coupables (Thierry Delay, Myriam Badaoui, Aurélie Grenon et David Delplanque en disant que les enfants étaient des menteurs.
Témoignage spontanée :

« C’est pas des renseignements que je vais vous dire mais des commentaires, je suis vraiment désolé, désolé de ce qui se passe pour Daniel Legrand, désolé pour les enfants Delay, j’ai pas de raison de douter de leur parole, quand des enfants ont souffert comme ils ont souffert, comment cerner la part de vérité ?
C’est un défi lancé à notre raison, je ne pense pas que dans l’histoire juridique on ait retrouvé un cas semblable.
Pour répondre aux questions que la cour se pose, il faut lire les comptes rendu des policiers.
Daniel Legrand a-t-il été à la tour du renard ?
Je n’ai rien d’autre à dire. »

Fin du témoignage.

La partie civile : « Vous avez été en garde-à-vue puis mis en examen, dans quel état d’esprit étiez-vous, comment avez-vous réagi ? »
(NDLR : Wiel ne comprendra pas la question et l’avocat sera obligé de lui répéter trois fois. Apparemment Wiel a très peur des questions pièges…)

Dominique Wiel : « Je suis un peu surpris, on est là pour refaire le procès Outreau ?
(NDLR : apparemment, Wiel n’est pas très à l’aise…)

Ensuite il essaye de défendre Daniel Legrand en disant qu’aucun fait n’a été retenu contre lui, que le juge Burgaud « est fou ».

Le président lui pose deux questions : « Qu’est-ce qui vous a choqué dans cette instruction et qu’est-ce que qui vous a choqué dans la confrontation ? »

– « Je n’ai pas voulu signer pendant l’instruction à Marseille et pour la confrontation, je ne voulais être qu’avec Badaoui mais non, on était quatre face à face. Je suis convaincu que le juge a commis une faute, mais si j’avais eu Badaoui dans les yeux elle aurait arrêté !!! (Oula… mais c’est qu’il s’énerve l’abbé Wiel !)

Ensuite Dominique Wiel dira qu’il allait chez les Delay pour parler jardin.

(NDLR : les parents Delay avaient des têtes de tout, sauf de jardiniers, nous n’avons d’ailleurs jamais entendu parler jardinage pendant le procès…)

Ensuite il nous expliquera qu’apparemment c’est lui qui s’occupait de l’appartement des Delay quand ils ont été incarcérés, que Myriam Badaoui lui avait écrit 5 lettres que la police a retrouvées lors d’une perquisition.

Le président : « Quel était le contenu de ces lettres ? »
– « De veiller sur son appartement, contacter la belle-mère, des services quoi, des services « patriotes », rien d’extraordinaire, c’était courant qu’elle me demande des services. »

Question de la partie civile : « Dans votre livre, vous avez écrit une lettre aux aînés Delay dans laquelle vous dites  « je voulais juste vous dire que je n’ai jamais cru en vos salades, à vos viols et à la culpabilité de vos parents. »
et aujourd’hui ? »
– « J’en suis pas sûr. »

NDLR : tout d’un coup le président vient au secours de Wiel qui finira par dire qu’il ne « s’exprimerait plus comme ça aujourd’hui… »

Question de Me Reviron : « Avez-vous dispensé Chérif d’un enseignement religieux ? »

Réponse : « Non, quand j’ai vu Chérif, il était très intelligent étant petit, et s’il avait grandi dans un milieu propre, il serait surdoué ! »
« On est d’accord ! » réponds Me Reviron.

Dominique Wiel : « Ce qui me gêne c’est qu’on refait le procès Outreau ! » dit-il en s’énervant à moitié »

Question de Me Forster :

– « Les Delay étaient vos voisins de palier, vous n’avez jamais constaté de bleu, de coups ou même entendu de cri chez eux ? »
– « Non, rien du tout, je ne suis pas médecin, j’ai jamais vu de bleu sur les enfants… »

– « Et est-ce que des choses auraient pu vous échapper ? »
– « J’ai rien vu… »

– « Vous êtes-vous posez des questions sur les enfants, savoir si ils étaient sincère dans ce qu’ils racontaient ? »
– « S’ils le sont, ça nous pose des questions sur la fabulation des enfants, par exemple quand on voit que celui qu’on appelle l’handicapé (Couvelard), s’ils le voient dans leur appartement alors que c’est matériellement impossible.
Alors pourquoi je me serai posé des questions. »

(NDLR : ce qui est faux car plusieurs personne ont vu que cet handicapé se déplaçait seul mais avec des difficultés)

Wiel dira ensuite que les enfants n’ont pas été respectés, qu’ils avaient été malmenés à Paris pendant le procès et que les accusés étaient assis au premier rang avec leur avocat.

Arrive maintenant, un des avocats de Legrand, qui dira pour le désigner « le tcho Daniel » et il questionnera Wiel sur l’handicapé « Couvelard » il répondra que la maman de Couvelard lui ouvrait la porte tous les jours pour qu’il traîne dans le quartier et se sociabilise.

Mais qu’elle ne se rendait pas compte à quel point il terrorisait son entourage, il tombait tous les trois mètres, mais maintenant il marche. (?)

Il rajoutera : « Mais de là à dire qu’il pouvait monter 5 étages… même pas un il montait, il demandait des cigarettes en bas des escaliers toute la journée. »

Ensuite Wiel nous expliquera tout content qu’il a chanté pendant toute la route de son transfert de Fleury à Boulogne et que Burgaud pensait qu’il faisait partie d’un réseau alors qu’ils étaient tous éloignées les uns des autres. Il rajoutera qu’il est sûr, encore une fois de l’innocence de Daniel Legrand vu son état de santé, «  Il est innocent ! »

(NDLR : à ce moment la Legrand dort sur son pupitre.)

Fin du témoignage.

17h48

Témoignage de Pierre Martel (le chauffeur de Taxi acquitté)

martel

 

(NDLR : En passant près d’eux, il glisse un sourire aux journalistes.)

Le témoignage de Pierre Martel se résume au fait qu’il emmenait la famille Badaoui faire les courses une fois ou deux par mois sur Boulogne.
Question de la partie civile :

– « Vous avez été en garde-à-vue en même temps que Daniel Legrand en Novembre 2001, lorsque vous êtes confronté à lui, vous avez dit que vous aviez déjà vu cette personne ? »

Martel : « A l’époque j’avais dit oui mais c’était peut-être un sosie, c’est une possibilité…
Pour moi, j’ai pu le confondre avec le fils d’une cliente, j’avais voulu changer ma déposition mais on a refusé… »

NDLR : Après les sosies des fichiers Zandvoort il y a maintenant le sosie d’Outreau…

Pourtant, lorsque Me Forster reprend la déclaration de l’époque de Pierre Martel, c’est très clair. (NDLR : D’ailleurs Martel est au bord de la syncope à ce moment-là.)

– « Connaissez-vous Daniel Legrand ici présent ?
– « Oui. »

– « Où, et dans quelle circonstances ?
– « A Outreau. »

– « Et à la tour du renard ?
– « Oui. »

Ce même jour lors de cette confrontation, Daniel Legrand a nié connaître Martel…

Me Forster :

– « Quand vous avez signé à l’époque, étiez-vous sous la contrainte ? »
– « Non pas de contrainte, mais, hop on me donnait un stylo et signe. »

– « Les policiers ont-ils écrit des choses que vous n’avez pas dite ? »
– « non. »

(NDLR : A ce moment précis Pierre Martel a perdu de sa superbe et n’a plus son sourire, il a des tics nerveux et devient rouge écrevisse.)
Lorsque les avocats de la défense viendront à son secours, Pierre Martel fera comme les autres, il pleurera et pleurera encore, en expliquant que : « C’est comme dans un film… que du jour au lendemain, lorsque vous bâtissez une vie sur l’honnêteté… quand est-ce que je vais me réveiller ? »

Fin de la 10ème journée.

 

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