Polynésie Française | Un homme condamné à 1 an de prison pour violences et abus sexuels

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Il frappe sa belle-fille le jour, la caresse la nuit
photo d'une enfant au regard touchant baillonnée par la main d'un homme
Il a été condamné à 2 ans de prison dont un avec sursis probatoire l’obligeant notamment à suivre des soins et lui interdisant tout contact avec la victime ou avec des mineurs.

L’audience dure des heures, mais jamais les larmes ne cessent de couler de ses yeux rougis. Désormais âgée de 16 ans, P. voit enfin son calvaire prendre fin et son statut de victime être reconnu. Aujourd’hui, elle est entourée de l’administratrice ad hoc, et son père, en larmes lui aussi, reste assis derrière elle avec bienveillance.

Mais c’est seule que P. a dû révéler les faits pour faire cesser le cauchemar vécu depuis ses 7 ans, et jusqu’à ses 13 ans, où elle finit par dénoncer le traitement subi de la part de son beau-père T.

Ce dernier le reconnaît désormais, il a commis des violences sur celle qu’il considère comme sa fille, mais aussi, une fois la nuit venue, des attouchements, des caresses sur le ventre et sur les cuisses. Jusqu’au jour où P. sentira le sexe en érection de son beau-père collé contre elle.

« J’ai eu peur, je me suis demandé jusqu’où il allait aller. »

Son père, qu’elle n’a connu que tardivement, après le début des faits, était au courant des violences, mais s’est contenté de demander à T. d’arrêter, en prônant le pardon.

La mère, elle, a régulièrement été mise au courant de ces faits. Difficile de l’ignorer puisque T. ne dormait pas dans le lit avec son épouse mais rejoignait la couche de P., tous dans la même pièce.

« Je ne comprenais pas. Il pouvait aller au lit avec maman, mais il venait se mettre à côté de moi ».

Lorsque P. fait part de sa détresse, la réponse a de quoi déstabiliser :

« C’est normal, il veut faire des câlins. »

Une mère absente à l’audience, occupée par son travail, mais qui a fait parvenir ce message au tribunal par le biais de l’avocat :

« Elle sait ce qu’il a fait et elle le soutient entièrement. »

Un choix manifesté peu après la plainte de la fillette qui se verra alors rejetée par sa mère.

Les violences ont débuté dès l’âge de 7 ans, avec des gifles quand P. ne regardait pas T. quand il lui parlait ou qu’elle n’avait pas fait le ménage. C’est d’ailleurs parfois avec le manche à balai que la jeune victime recevait des coups dans le dos.

« Je le reconnais, mais à l’époque, je ne savais pas que c’était des violences »,

explique T. qui a connu le même traitement durant son enfance.

« Je l’ai éduquée comme un père. Je ne la tapais pas pour le plaisir, je la tapais pour lui apprendre, c’est une forte tête. »

Mais l’homme semble avoir compris :

« J’en suis conscient maintenant, j’aurais dû parler »,

explique-t-il.

« J’ai glissé »

Quant aux attouchements, son discours paraît ambivalent.

« C’était une pulsion »,

entame-t-il.

« Je l’aime bien, je m’en occupe comme il faut, comme si c’était mon bébé. J’aime la prendre dans mes bras. Au fond de moi, je ne suis pas méchant, j’ai failli à ma mission de père, j’ai glissé. »

Il dit ensuite avoir cessé car

« c’est Dieu qui a réveillé ma conscience religieuse »,

explique l’adventiste revendiqué.

« Ce sont les gendarmes qui vous ont arrêté »,

lui rétorque le juge.

Détaillés par la victime, les faits ne ressemblent pas à un câlin. Lorsque la fillette le repoussait ou tentait de s’enfuir, il l’attrapait par le bras pour la retenir et mettait sa main sur sa bouche pour l’empêcher de crier, la menaçant de la frapper si elle en parlait. Pour l’avocate de la victime, il a été difficile de venir à l’audience après avoir voulu oublier ces faits.

« Elle attendait de lui de la sécurité mais elle se couchait le soir avec la crainte d’être abusée. »

Pour la procureure,

« les coups étaient là pour faire mal, l’apprentissage par la douleur. Ce n’étaient pas des violences éducatives. »

T. a évoqué les traitement similaires subis dans son enfance.

« Cela ne justifie pas les violences. Cela démontre l’importance de les sanctionner pour montrer que ce n’est pas normal et conduire à la répétition sur la génération suivante. »

Elle requiert 3 ans de prison dont deux avec sursis.

« Beaucoup de Polynésiens ont grandi avec le père qui tapait avec le balai niau », rappelle l’avocat de T. « C’est illégal, ce n’est pas bien, il le reconnaît et il ne recommencera plus. »

Une rédemption en partie reconnue par le tribunal qui l’a condamné à 2 ans de prison dont 1 avec sursis probatoire l’obligeant notamment à suivre des soins et lui interdisant tout contact avec la victime ou avec des mineurs. Il devra en outre payer 1,4 million de francs à P. au titre du préjudice moral subi.

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