Poitiers | Le grand-père agressait sexuellement ses six petites filles

Un sexagénaire a agressé sexuellement durant deux ans et demi ses six petites filles.
C’est son gendre, gendarme, qui a dénoncé l’affaire.

PALAIS JUSTICE ILLUSTRATION

L’opprobre social, Alain, la soixantaine, n’en a cure. Il assume, devant la barre du tribunal correctionnel, ses gestes qui pèseront, bien plus tard, sur le comportement de ses six petites filles. Elles sont toutes passées entre ses mains. Des mains, aujourd’hui sales, qui resteront durablement, pour la plupart de ses victimes, comme la trace d’une petite enfance souillée par un papy qui déclare, à la présidente,

« J’ai fait des attouchements sexuels, pas des agressions ».

Il ne comprend pas « pourquoi ses petits enfants viennent m’embrasser. »

Le sexagénaire, en retraite depuis deux ans, libre depuis huit ans, n’a jamais eu d’interdiction de revoir ses petits-enfants.

« On ne m’a rien dit ».

Derrière ses lunettes et sa fine moustache, il s’exprime avec ses mots, ceux qu’il a utilisés toute sa vie pour évoluer dans son usine au sein de laquelle il bénéficiait du statut d’ouvrier apprécié de tous.

“ A. venait s’asseoir toujours sur mes genoux ”

Les errances d’une justice aboutissent, parfois, à une situation ubuesque. Entre le 1er janvier 2005 et le 13 juillet 2008, Alain a fait tomber les interdits en déshabillant, dans les toilettes, dans une chambre ou bien encore dans la voiture, six de ces petites filles, âgées pour l’une d’entre elle de moins de 3 ans et pour la plus grande de 11 ans, leur demandant des choses qui dépassent l’entendement.

Il n’y a pas eu de viols mais des caresses, des pratiques sexuelles qu’un enfant prépubère ne peut comprendre.
Il faudra huit années pour que l’affaire soit bouclée alors que le prévenu a reconnu tous les faits, et s’est même attribué des actes qu’il n’a pas commis.

Le pire dans cette affaire, c’est le silence, telle une chape de plomb, de la famille, des parents des victimes qui ont tu ces actes répréhensibles. Des parents (le prévenu a eu quatre enfants dont trois filles, tous se sont mariés) victimes de leur propre père des mêmes agressions sexuelles au même âge.

C’est un gendre, gendarme, qui a dénoncé l’affaire, lors d’un baptême en juillet 2008.
L’auteur a tenté de se suicider avec un cintre puis avec sa ceinture.

Les relations avec les petits enfants se déroulaient en l’absence de l’épouse de l’agresseur, souvent hospitalisée pour des problèmes d’alcool et de dépression.

“ La pédophilie, c’est une déviance, pas une maladie ”

A la barre, Alain se défend :

« A. venait s’asseoir toujours sur mes genoux, S. m’a suivi dans les toilettes alors que j’allais faire pipi, G. venait me rejoindre au lit ».

Les détails, qui défilent les uns après les autres, glacent la salle d’audience.

Le ministère public parle d’une « affaire d’une gravité extrême », relève « l’absence de collaboration des parents envers leurs enfants » à l’exception du beau-frère, gendarme. « S’il n’y avait pas eu cet homme, ça continuerait ».

Ajoutant :

« La pédophilie, c’est une déviance, pas une maladie ».

Ses réquisitions portent sur une peine mixte : 4 mois de prison dont un mois ferme et sursis mis à l’épreuve.

Maître Bourdier, son défenseur, pointe les incohérences d’une justice en rappelant une garde à vue en 2008 et sa mise en examen en 2013 :

« Si on est très inquiet, on n’attend pas 5 ans pour la mise en examen ».

Il démonte l’expertise du psychiatre, qui « n’explique en rien » le comportement de son client ; recadre ce médecin en citant un autre confrère à la compétence indiscutée, qui justifie le silence familial par la difficulté de porter plainte « contre son propre père ». Il rappelle que son client est « traité » depuis 2008.

Le tribunal condamne le sexagénaire à 4 mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant 3 ans, obligation de soins, de dédommager les victimes, absentes au procès, à hauteur de 2.000 €.

Alain sera également inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) pour une période de 20 ans.

Source : http://www.lanouvellerepublique.fr/

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