Tours | Réseau : Le pédocriminel Pierre-Marie Dizier, directeur de chœur du conservatoire Francis-Poulenc, mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs

Une longue instruction en perspective

 

Les quinze jours de vacances de février n’ont mis aucun baume sur les cicatrices encore purulentes de l’affaire Pierre-Marie Dizier.

Le nom du directeur de chœur du conservatoire Francis-Poulenc, mis en examen pour viols et agressions sexuelles, revient comme un boomerang dans les conversations de tous ceux, nombreux, qui sont touchés de près ou de loin par cette effroyable affaire qui pourrait finir sur les bancs des Assises.
Mais comme si cela ne suffisait pas à la douleur collective, le directeur du conservatoire à rayonnement régional, Christophe Wallet, a rajouté sa pincée de sel acide en distribuant aux professeurs du CRR, un texte truffé de phrases toutes faites, qui illustrent à un haut degré cette politique du silence et du paternalisme d’un autre temps qui semble régner sur le conservatoire.

“ Il bénéficiait de nombreux réseaux qui le rendaient intouchable ”

Parents, professeurs, membres de la Maîtrise s’interrogent.

« Je n’ai jamais compris, explique cet enseignant, comment une association pouvait avoir autant d’influence au sein du conservatoire ; comment elle pouvait se permettre de demander autant de participations financières aux familles sans que, jamais, aucun contrôle administratif ne soit fait. Pourquoi cette structure, partenaire du conservatoire, animée par un professeur du conservatoire, n’était-elle pas contrôlée par un agent municipal ? Pourquoi les voyages, parfois longs, qui se déroulaient à l’étranger notamment, n’étaient-ils jamais encadrés par des animateurs professionnels ou par des agents territoriaux ? M. Dizier avait toute latitude pour agir à sa guise, sans rendre de comptes à personne de ses déplacements. »

De l’avis de tous, l’association de la Maîtrise n’était qu’un instrument aux mains du professeur, même si chacun admet que le contenu pédagogique était intéressant.

« Je connais des parents qui n’ont jamais voulu écouter les mises en garde, qui ont toujours stigmatisé ceux qui osaient émettre des doutes sur son comportement, y compris lorsqu’il emmenait des adolescents avec lui en week-end, renchérit cette professeure. Aujourd’hui, ils pleurent et tombent de haut. »

« C’est simple, commente ce cadre aux cheveux blancs, les parents étaient tellement fiers d’être choisis par Pierre-Marie Dizier, tellement sûrs du talent de leur enfant, tellement confortés par les égards qu’il avait pour eux, qu’ils ne voulaient pas savoir ce qui se passait à côté. Et quand, parfois, le doute apparaissait, il ne fallait surtout pas en parler, de peur d’être stigmatisé, montré du doigt par le groupe. »

D’où la réaction de tous ces gens quand leur revient en tête le propos du maire de Tours, Christophe Bouchet, lorsqu’il prétendait que le chef de choeur faisait l’objet « d’une surveillance de tous les instants. »

« C’est faux, bien sûr, insiste ce professeur, il lui arrivait parfois de donner des cours en tête à tête à des garçons, à l’intérieur de l’école, alors que c’est strictement interdit. Les chefs de chœur et les chefs d’orchestre n’ont pas ce droit, sauf à laisser la porte ouverte en cas d’exception. Il bénéficiait de nombreux réseaux qui le rendaient intouchable. »

Et pourtant, en 2008, alors qu’il demandait réparation à la Ville de Tours qui l’avait suspendu puis réintégré, faute de preuves, dans la première affaire d’agressions sexuelles, il était écrit en toutes lettres sur le jugement du tribunal administratif d’Orléans :

« La relaxe de la cour d’appel ne saurait remettre en cause le caractère de vraisemblance des faits reprochés. »

Ce qui laisse supposer qu’en mairie, comme à la tête du conservatoire, il était difficile d’ignorer que de lourds soupçons pesaient encore sur les épaules de ce diplômé en musique et en biologie !

Nous avons sollicité à plusieurs reprises par mail et par téléphone le directeur du CRR, Christophe Wallet, sans réponse de sa part.

Source : LaNouvelleRépublique

 

 

Lundi 19 février, Pierre-Marie Dizier est mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans et mineurs de plus de quinze ans par personne ayant autorité. Il a été placé en détention provisoire. Un juge d’instruction est en charge du dossier.

> Samedi 17 février, le sexagénaire avait été interpellé à la gare de Tours à la veille d’un nouveau week-end à Paris avec trois adolescents pour assister à des concerts.
> A la fin du mois de janvier, les parents d’un mineur portaient plainte contre le chef de chœur. Leur fils leur avait fait part du comportement bizarre de l’enseignant et de la volonté de celui-ci de leur faire prendre des pilules. L’analyse de l’une d’elles a permis d’établir qu’elle comportait notamment des somnifères et des anxiolytiques.

> Mercredi 21 février, le procureur de la République Jean-Luc Beck expliquait à la NR qu’à ce stade de l’enquête, le mis en examen « reconnaît la matérialité des faits. Il nie toute violence et toute contrainte. »

> A ce jour, ce sont six voire sept victimes qui ont été identifiées. Des jeunes garçons, âgés de 13 à 16 ans. Depuis la médiatisation de l’affaire, aucune nouvelle victime ne s’est fait connaître.

> Les enquêteurs de la brigade des mineurs travaillent sur commission rogatoire. Les jeunes qui étaient, jusqu’à son interpellation, en contact avec le chef de chœur, sont entendus les uns après les autres. « Retrouver de nouvelles victimes » est l’objectif, nous explique-t-on, à la Sûreté départementale.

> La Ville de Tours a déposé plainte, fin février, contre le chef de chœur, qu’elle emploie depuis 1998 pour faux et usage de faux.

Pierre-Marie Dizier aurait falsifié des documents en vue d’obtenir les autorisations de déplacements d’élèves de l’association de la maîtrise du Conservatoire.

Jeudi, Me Cebron de Lisle, qui défend les intérêts de la Ville, nous expliquait « attendre confirmation » alors qu’un dossier est en cours de constitution. Pour l’heure, l’instruction n’est donc pas ouverte concernant ce pan de l’affaire. « On est parti pour des mois, voire des années », explique le conseil.

> C’est Me Cros qui pourrait assurer la défense de Pierre-Marie Dizier. L’avocat a été saisi ces derniers jours et n’a eu, à ce jour, que des échanges épistolaires avec le mis en examen. Il va se plonger dans le dossier et « ses réalités », en prendre la mesure, avant de valider ou non son engagement, redoutant toujours « le battage ou la déformation ». Un « long travail » qu’il va devoir faire rapidement.

Source : LaNouvelleRépublique

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