Russie | disparition du directeur d’une Alliance française accusé de pédopornographie

Le directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk en Sibérie, Yoann Barbereau, actuellement jugé en Russie où il est accusé d’actes à caractère sexuel sur mineur, a disparu depuis plusieurs jours. La situation de ce Français, qui clame son innocence, est régulièrement abordée dans les discussions entre les diplomaties française et russe.

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Le directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk en Sibérie, Yoann Barbereau, actuellement jugé en Russie où il est accusé d’actes à caractère sexuel sur mineur, a disparu depuis plusieurs jours. AFP

«Le 11 septembre, des employés de l’administration pénitentiaire de Russie (FSIN) n’ont pas trouvé Yoann Barbereau à son domicile» à Irkoutsk, où le Français est assigné à résidence depuis avril, annonce ce vendredi Olga Sindanova, porte-parole du FSIN.

Selon elle, «le bracelet électronique, qu’il portait dans le cadre de son assignation à résidence, n’a pas été trouvé à son domicile. Il se peut qu’il l’ait désactivé». Un avis de recherche a été lancé jeudi par les autorités.

Yoann Barbereau, 38 ans, est accusé par la justice russe d’actes à caractère sexuel sur mineur de moins de 14 ans, en l’occurrence sa propre fille, âgée de 5 ans à l’époque de l’arrestation, de production et diffusion d’une photo pédopornographique, de diffusion d’une vidéo pédopornographique et de trois photos pornographiques.

La justice lui reproche notamment d’avoir diffusé sur un site de jeunes parents des photos dont l’une où figure sa fille nue, âgée de 5 ans à l’époque. Il risque jusqu’à 20 ans de prison.

«Des preuves fabriquées et des documents falsifiés» selon ses soutiens

«Yoann Barbereau fait l’objet d’accusations fantaisistes et scandaleuses de la justice russe. Menée uniquement à charge, l’enquête repose sur des preuves fabriquées et des documents falsifiés, au mépris des règles les plus élémentaires du droit»,affirmait au mois de mai son comité de soutien, dirigé par le journaliste nantais Thierry Guidet et composé principalement d’acteurs culturels, tels les écrivains Pierre Michon et Philippe Forest.

Selon ses soutiens français, Yoann Barbereau a été victime de pirates informatiques qui ont diffusé des photos personnelles, dont une où il apparaît nu aux côtés de sa fille, mais cette image «ne présente aucun caractère sexuel». Il s’agissait d’une photographie prise dans la salle de bain familiale.

Quant à la vidéo incriminée, «il s’agit d’un montage de scènes pédopornographiques» qui sont «parfaitement étrangères» à Yoann Barbereau, selon la même source.

Sa famille dénonce «un simulacre de justice»

Habitant depuis 2012 à Irkoutsk où il est directeur de l’Alliance française, l’homme a été arrêté le 11 février 2015. Relâché 71 jours plus tard, il était depuis assigné en résidence, après avoir été placé en observation 15 jours dans un hôpital psychiatrique.

Son procès, qui a débuté en mai, se déroule à huis-clos et sa famille a dénoncé en août «une véritable mascarade, un simulacre de justice».

Dans le journal La Croix en août, l’épouse de Yoann Barbereau clamait l’innocence de son mari.  Elle déclarait avoir été menacée de prison et de perdre ses droits parentaux si elle ne témoignait pas contre lui. Elle admet aussi avoir manipulé sa fille pour que cette dernière, croyant sauver son père, reconnaisse des attouchements inventés. Selon elle, «Yoann est la cible d’une machination».

Tout comme son père Bernard Barbereau, son avocat Me Olivier Arnod a affirmé à l’AFP ne pas avoir été informé de sa disparition. «C’est inquiétant», a-t-il déclaré.

Début juillet, dix parlementaires français ont demandé au président François Hollande et au ministère des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault de tout mettre en oeuvre pour obtenir sa libération.

La justice russe a de son côté suspendu vendredi une partie des activités de l’institut culturel français à Irkoutsk, selon les agences de presse russes. Le tribunal d’Irkoutsk était injoignable dans l’immédiat et l’ambassade de France en Russie a déclaré à l’AFP n’avoir «aucune information».

Source : www.leparisien.fr

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