Tours | “J’ai brisé une famille, je n’ai pas d’excuse”

Une fois n’est pas coutume : jeudi, un sexagénaire a reconnu avoir agressé sexuellement une adolescente de 13 ans, petite-fille de son épouse.

Tribunal correctionnel de Tours © (Photo NR, Julien Pruvost)

C’est suffisamment rare pour être souligné : jeudi dernier, à la barre du tribunal correctionnel de Tours, Charles, 61 ans, n’a pas cherché à nier les faits ou atténuer sa responsabilité.

Oui, le 21 mai 2018, dans le Lochois, il a préféré rejoindre les jeunes devant un dessin animé plutôt que de rester dehors avec les adultes. Il s’est bien assis dans le canapé à côté de cette adolescente de 13 ans, petite-fille de sa compagne. A frotté son coude contre son sexe. A glissé une main sous son T-shirt, sous son soutien-gorge. A touché sa poitrine.

Tétanisée, l’adolescente, ne réagit pas. Ou plutôt si, en se précipitant aux toilettes, pour pleurer.
Le soir, par SMS, elle raconte à son frère ce qui s’est passé. Lui, dit qu’il faut prévenir les parents. Sitôt informés, ces derniers iront déposer plainte.

Assis sur le banc de la partie civile, ils assistent silencieux à l’instruction de l’affaire. Ils écoutent la présidente Christine Blancher évoquer un possible précédent. Une baignade en forêt, lors de laquelle le grand-père a plongé tout nu, invitant la petite à faire de même. Est-il coutumier du fait ? La question reste posée, malgré, cette fois, les dénégations du sexagénaire.

A-t-il des difficultés à établir une frontière entre l’affectif et le sexuel, comme le suggère l’expert psychiatre qui l’a examiné ? Faut-il faire le rapprochement entre la fin de sa vie sexuelle – sa femme et lui n’ont plus de relations sexuelles depuis dix ans – et cette agression, comme l’interroge Mme Blancher ?
“ J’ai continué à faire semblant d’être heureux ” Toujours est-il que l’homme qui se trouve à la barre du tribunal correctionnel se trouve dans « un état dépressif sévère ». « J’ai continué à faire semblant d’être heureux », indique-t-il, avant de faire part de sa volonté de divorcer pour débarrasser son épouse de sa présence. « J’ai brisé une famille », ne cesse-t-il de dire.

« Le problème, c’est qu’il connaît les interdits… mais qu’il les a franchis », s’inquiète Me Bendjador dans l’intérêt de la partie civile, en demandant sur le plan pénal la protection de la victime et sur le plan civil 17.000 € tous préjudices confondus.

« Il a conscience de la gravité des faits mais n’explique pas le passage à l’acte », constate pour sa part le vice-procureur Antonin Rousseau, soucieux à la fois de prévenir la réitération des faits et de « réparer » les dommages causés.

Il requiert une peine de dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis, mise à l’épreuve assortie d’une obligation de soins, de l’obligation d’indemniser les victimes et interdiction définitive de toute activité avec des mineurs.

En défense, Me Rouyat éclaire le profil du prévenu : orphelin de mère à 14 ans, chassé du foyer paternel un an plus tard, qui – dépressif – a tenté de mettre fin à ses jours avant de rencontrer sa future épouse.

« Ils feront semblant d’être un couple », mais entre ces deux-là, il n’y aura pas d’affection. « La seule un peu câline, c’est sa petite-fille… Hélas ! il a commis l’irréparable. » Décision jeudi 29 novembre.

Source : lanouvellerepublique.fr

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