Toulouse | “Nos ados oubliés”, une association d’aide aux ados victimes de prostitution

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Aujourd’hui, l’association suit 187 adolescents de 12 à 17 ans
Depuis un an et demi, Jennifer Pailhé se bat pour les enfants victimes de prostitution à Toulouse avec “Nos ados oubliés”. Elle veut mettre la lumière sur un sujet encore tabou.

Depuis un an et demi, l’association « Nos ados oubliés » de Toulouse suit de nombreux adolescents emprisonnés dans la prostitution.

À son initiative, Jennifer Pailhé, maman d’une fille victime de proxénétisme.

C’est par son histoire qu’elle a voulu porter la voix de toutes les familles.

Aujourd’hui, l’association suit 187 adolescents de 12 à 17 ans, essentiellement des filles et un garçon, dans le sud de la France.

« Quand je me suis confrontée à cette problématique, la prise en charge a été compliquée.

Soit j’étais trop loin (Paris), soit il y avait une méconnaissance de cette situation »,

c’est à ce moment-là que Jennifer décide de prendre les choses en mains et de créer « Nos ados oubliés ».

Sous emprise du petit copain

Tout débute, il y a quatre ans, pour Jennifer Pailhé.

Cette jeune maman tombe sur des vidéos et des échanges de mails entre sa fille Assia et des hommes plus âgés, alors que celle-ci est en fugue au moment de cette découverte.

« J’étais dégoutée, je me suis sentie démunie. Elle fuyait le sujet, il m’a fallu un petit peu de temps pour comprendre qu’elle était sous emprise »,

témoigne Jennifer, qui a elle-même subi l’inceste dans son enfance.

Démarre alors un long combat pour Jennifer. Une bataille de deux ans pour sortir sa fille de 15 ans de l’emprise de son proxénète.

« Plus je dénigrais son bourreau, plus ma fille s’éloignait.

Il fallait que je comprenne cette situation ».

Le suspect, un jeune garçon de deux ans son aîné, est le petit copain d’Assia.

« C’était un overboy.

Il y avait une emprise sur ma fille.

Il y a avait des photos corporelles d’Assia sur des sites comme Sex models ».

Qui s’ajoutent à l’horreur des violences du petit copain sur la jeune fille. L’individu est alors arrêté pour séquestration, viol et prostitution.

Un procès

Pour Jennifer Pailhé,

« Assia est encore dans le déni.

Elle m’a beaucoup écrit dans son journal intime qu’elle me faisait passer.

Mais elle a refusé tous les suivis, j’espère que le procès va lui ouvrir les yeux »,

s’attriste la maman de 35 ans.

L’ adolescente, maintenant majeure, est maman d’un enfant d’un de ses clients.

Âgé de deux ans, il a été placé en famille d’accueil.

Aujourd’hui, Jennifer tente de garder le lien avec sa fille.

« J’accepte son rythme, je reste là pour elle. »

Le procès aura lieu le 27 mars à la cour criminelle de Toulouse.

« Il encourt jusqu’à 15 ans de prison, mais je souhaiterais que ça passe devant la cour d’assises pour que la peine soit plus longue »,

confie Jennifer Pailhé.

Un procès qu’elle veut « emblématique » pour la lutte contre la prostitution des mineurs.

« 7000 à 10 000 ados sont victimes de prostitution, de violences, d’emprise de réseaux », peut-on lire sur les réseaux sociaux de l’association.

Lever le tabou

À travers l’association, « Nos ados oubliés », dont l’humoriste Marie s’infiltre et le rappeur Shuriken sont la marraine et le parrain, Jennifer Pailhé veut lever le voile sur le tabou de la prostitution des mineurs.

« Depuis l’ouverture de cette association, on a eu beaucoup de messages de familles.

On a mis en place une page témoignage anonyme sur le site de l’association »,

détaille la présidente.

L’association cherche un local à Toulouse

Désormais conventionnée, l’association cherche un local type maison sociale en centre-ville de Toulouse.

Plusieurs associations sont partenaires de « Nos ados oubliés » comme la SPE de la Reynerie, TFT Toulouse… et bien d’autres.

Les suivis sont gérés par l’équipe de cinq bénévoles au sein de l’association.

« C’est souvent la maman qui nous contacte d’abord, puis on les rencontre, parfois on discute avec la jeune fille sur Snapchat, elle se confie plus facilement.

On est là pour les écouter »,

précise Jennifer.

Mais la présidente souhaite plus d’accompagnement du planning familial pour les soins.

« Quand j’accompagne pour un IVG ou que j’interviens pour des scarifications, c’est pas possible.

Il faut des gens compétents ».

« Ça bouge, j’y crois en tout cas »

La maman n’en finit pas de développer des partenariats pour faire entendre sa voix.

Elle a même pu déjà échanger avec des représentants du gouvernement sur le sujet.

« Ça bouge, j’y crois en tout cas.

Mais c’est toujours difficile de dire aux parents, il faut être patient.

J’aurais détesté qu’on me dise ça, mais c’est pourtant le cas.

Malheureusement, il faut l’être ».

Jennifer Pailhé reçue au ministère de la Santé, à Paris. Lire l’article:

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