La Roche-sur-Yon | 30 ans après, elle se souvient des attouchements commis par son père

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« Ne dis rien à personne, sinon papa va aller en prison et tu vas te retrouver toute seule…»
Un homme de 72 ans était jugé, lundi 6 mars, au tribunal de La Roche-sur-Yon pour des agressions sexuelles commises sur sa fille il y a 30 ans, alors qu’elle n’avait que 7 ans.

Appuyé à la barre du tribunal de La Roche-sur-Yon, l’air hagard, un homme de 72 ans fait face aux juges.

Les accusations sont graves.

Le vieil homme est poursuivi pour des faits d’agressions sexuelles commis à La Roche-sur-Yon entre le 1er janvier 1995 et le 31 décembre 1997, sur sa fille alors âgée de 7 ou 8 ans.

Dans la chambre, la cuisine

Sur le banc des victimes, la fillette devenue une femme, en larmes, soutenue par son avocate.

Un traumatisme longtemps refoulé et qui lui est revenu comme un boomerang dans la tête pendant le confinement en 2020.

Cette année-là, la mère de cette femme décide de porter plainte contre son époux pour des violences et des menaces.

Une première parole libérée qui va remuer les souvenirs enfouis de la jeune femme.

Elle revoit alors son père, un homme qu’elle a toujours craint, elle, la seule fille d’une fratrie de cinq enfants, la conduire dans sa chambre, lui demander de se déshabiller, lui toucher la poitrine et la pénétrer avec ses doigts.

Elle entend à nouveau ces mots :

« Ne dis rien à personne, sinon papa va aller en prison et tu vas te retrouver toute seule avec ta mère. »

Un deuxième souvenir, tout aussi traumatisant, fixe la même scène dans la cuisine.

La jeune femme se revoit, fillette, le pantalon baissé devant le sexe en érection de son père dans la cuisine.

Un père devenu paranoïaque

Par peur, par protection, la fillette va donc se taire, enfouir ce drame jusqu’à l’oublier pendant 30 ans.

Jusqu’en 2020.

En mars 2022, la victime trouve le courage de se rendre au commissariat pour déposer plainte contre ce père incestueux.

Ce dernier est placé en garde à vue en mai 2022, mais son état ne permet pas de l’auditionner.

En effet, depuis la crise Covid, l’homme a développé des troubles du comportement avec des tendances paranoïaques.

C’est d’ailleurs au cours d’un de ces épisodes de paranoïa qu’il a frappé et menacé sa femme et que cette dernière a porté plainte.

Il faut attendre juin suivant pour que le septuagénaire puise répondre aux questions des policiers.

Audition dans laquelle il reconnaît une agression.

Entre cette garde à vue et le procès ce lundi 6 mars, son état ne s’est pas amélioré et il est actuellement hospitalisé à l’hôpital psychiatrique Mazurelle à La Roche-sur-Yon.

Mais capable d’être jugé au pénal toutefois.

« Avez-vous touché votre fille ? »

lui redemande la juge ce lundi 6 mars.

« Oui, une fois ».

 

« Votre fille parle de deux agressions ? »

 

« C’est peut-être la vérité »,

lâche le prévenu, un peu hébété.

« Pourquoi avoir fait cela ?  »

insiste la juge.

« Comment voulez-vous que je vous réponde, je suis hospitalisé depuis huit mois au CHS.

Avec les traitements, j’ai perdu 50 % de mon cerveau, je ne sais pas »,

ajoute-t-il.

Le trauma réveillé, la victime souffre aujourd’hui.

« Son image, sa relation aux hommes ont été impactés »,

détaille l’avocate de la victime.

Cette dernière souffre aujourd’hui d’une grande angoisse, d’une grande tristesse et d’une hyper vigilance, craignant la moindre ombre qui pourrait être son père.

Son avocate réclame 5000 € pour le préjudice moral.

« Ces faits ont mis longtemps à être révélé, car dans cette famille, il régnait une omerta.

On n’osait pas contredire le patriarche familial« ,

analyse la procureure avant de requérir six mois de prison avec un sursis probatoire, ainsi que des obligations de soins et une interdiction d’entrer en contact avec la victime.

« Dès sa garde à vue, il a reconnu les faits. Il se souvient d’un, mais pas de deux.

Il ne conteste pas les accusations »,

note l’avocate de la défense.

« Il ne cherche pas à minimiser, il n’a juste plus la capacité de s’expliquer. »

Et d’affirmer que ce père « regrette et a honte de ces gestes ».

Le prévenu le dit avec ses mots pour clore le procès :

« Je préfère m’en aller et laisser tout le monde tranquille. »

Le tribunal l’a condamné à un an de prison avec un sursis probatoire de deux ans.

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