Tahiti | Un prof de musique aux drôles de notes

“N. K. , la quarantaine, est musicien” . Il n’a jamais été con­damné. “Musicien hors pair” même comme il se définit , et non-voyant.

Hier matin, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Papeete, “pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions” – six victimes au total –, entre 2009 et 2012.

Hier, un non-voyant comparaissait pour « agression sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions ». (Photo : archives LDT)
Hier, un non-voyant comparaissait pour « agression sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions ». (Photo : archives LDT)

N.K joue de l’orgue et du synthétiseur – essentiellement à la paroisse à Faa’a. Il dispense aussi des cours de musique, chez lui, à des élèves, fils et filles de paroissiens, dans un studio aménagé derrière une porte de sa chambre.

N. K. a comparu à la barre, un bandana sur les yeux, vêtu d’un short vert et d’une chemise bleue, coiffé d’un catogan.

“Le reste n’a plus rien à voir avec la musique”, a déclaré le président, à la lecture des faits, décrits par les victimes, toutes mineures à l’époque, et dont une seule a eu le courage de venir hier.

Souvent, c’était le même rituel : caresses et masturbation de jeunes tane et vahine démarraient après que les enfants aient prononcé un certain mot marquisien, que l’académie a traduit par “pervers”.

C’était “pour situer leur voix”, a répondu le prévenu, qui comparaissait libre. Mais ce n’est pas tout. Il faisait sentir des godemichets à ses victimes, les obligeait à se masturber sur les culottes de son épouse, culottes où il disait lire l’avenir et le passé.

Il recevait aussi du sperme dans des tubes d’aspirine, selon les déclarations des amis des victimes.

Perversité narcissique” et “pervers au comportement pédophile”, révèlent les expertises au cours de l’instruction, qui a connu un rebondissement lors de la dernière heure de la seconde garde à vue du prévenu.

Après avoir nié les faits, N.K. admet “avoir avoué les faits” lors de son interrogatoire devant les gendarmes mais, “troublé par le décès récent de son père” et “perdu”, dit “avoir tout inventé (…) face à la pression des gendarmes”.

“Il était inconcevable que j’aille en prison. J’ai refusé un avocat, je ne pensais pas que cela était aussi grave”, a-t-il dit, pour expliquer ses aveux passés. L’avocat des parties civiles a trouvé “insupportable pour les enfants que le prévenu se dise victime d’un complot, d’une erreur judiciaire”, alors que les victimes, “tétanisées par la peur”, ont eu les pires difficultés à oublier les faits.

Certaines parlent de rentrer dans les ordres, d’autres n’ont plus de relations sexuelles.
Agressivité et automutilation ont été le lot d’autres victimes du “pervers aux yeux bandés”.

L’avocat de ce dernier, dénonçant “le culte de l’aveu”, a plaidé sur les doutes soulevés par certaines déclarations des victimes et a demandé ni plus ni moins que la relaxe de son client.

Le procureur a trouvé “la défense pas très habile face aux dépositions et aux traumatismes des victimes” et a requis quatre ans d’emprisonnement, avec mandat de dépôt.

Délibéré le 11 octobre. 

Source : http://www.ladepeche.pf/

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