Tahiti | Un beau-père condamné à 3 ans de sursis pour agression sexuelle sur un enfant de 9 ans

Le tribunal correctionnel a examiné mardi une affaire 23 ans après les faits. Un homme était poursuivi pour agression sexuelle sur son beau-fils. La victime n’avait que 9 ans au moment des faits.

© Polynésie la 1ère

Il avait 9 ans au moment des faits, 33 ans aujourd’hui. Le jeune homme veut que justice lui soit enfin rendu.

Celui qui devait le protéger, c’est celui qui a abusé de lui.

L’homme qu’il aimait comme un père a un soir touché son corps, ses parties intimes, l’a masturbé.

Le jeune homme parlera aussi de pénétration, « je l’ai senti passer » a-t-il déclaré, mais le viol n’a pas été retenu par le juge d’instruction et c’est donc pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans que le prévenu comparaissait devant le tribunal correctionnel, ce mardi.

Cette famille recomposée est venue vivre en Polynésie au début des années 1990.

Les relations entre le couple et les proches du prévenu sont tendues, la femme n’est pas acceptée et le mari se considère comme « le laissé-pour-compte de la fratrie ».

Tahiti est donc le lieu où toute la famille va pouvoir se reconstruire.

Pourquoi est-il donc passé à l’acte ?

À la barre du tribunal correctionnel, l’homme ne peut expliquer son geste.

Il s’interroge lui-même, depuis ce fameux soir, où il a trouvé la porte d’une chambre fermée et qu’il a dû dormir avec la victime.

Mais il n’a entrepris aucune démarche de psychothérapie pour comprendre son acte.

Selon le psychiatre, le prévenu ne montre aucun affect pour la victime, il n’a de regret que pour son propre sort.

Une mère silencieuse

Après 109 séances de psychothérapie, la victime n’a pas oublié mais ne veut plus porter le poids de la culpabilité.

Celle qui le tenaille depuis son enfance, depuis son agression.

Du réconfort, il n’en a pas trouvé pas auprès de sa mère.

Pourtant, il lui avait dit « j’ai couché avec papa ».

Au lieu de voler au secours de son fils, elle lui dira qu’à cause de ses accusations, son mari risque d’aller en prison et elle ne dénoncera pas le beau-père incestueux et continuera à vivre avec lui.

Pourquoi n’a-t-elle rien fait ? « Parce que je n’avais pas la notion du mal », répond-elle.

Pour elle, il n’y avait pas eu viol, donc pas de quoi en faire toute une histoire :

« Pour moi, c’était des attouchements, j’avais peur ».

Pendant des disputes, elle traitera bien son mari de « violeur d’enfant » de « Dutroux », ce célèbre pédophile belge, mais sous l’emprise de cet homme qu’elle qualifie de « manipulateur », elle n’agira pas.

« Je l’ai toujours mis sur un piédestal, je me sentais inférieure à lui », a-t-elle poursuivi.

À la barre du tribunal correctionnel, le jeune homme s’adresse à sa mère en lui disant :

« Tu n’as pas été là, tu ne m’as pas soutenu, tu n’as pas agi en adulte responsable, en tant que maman. »

Le foyer était devenu famille d’accueil pour les enfants en difficulté.

« Il y a quand même une contradiction entre ce que vous faites pour les autres et ce que vous faites pour votre fils », lui fait remarquer le président du tribunal.

« Je n’avais pas de repères.

Je me suis voilée la face » répond-elle.

Son mari a eu une relation consentie avec l’une des jeunes filles que le couple accueillait chez lui.

Et alors que la mère de famille savait qu’il avait agressé son fils de 9 ans, elle laissera une petite fille en bas âge dormir dans son lit.

« Ça me hante tous les jours, ça a détruit ma famille » explique le prévenu en parlant des faits.

La cour l’a condamné à 3 ans de prison avec sursis 2 ans de sursis mise à l’épreuve, d’une obligation de soins et d’indemniser la victime.

Source : La 1ère

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