Thonon-les-Bains | Un enseignant de lycée en possession de milliers de vidéos pédopornographiques condamné à deux ans avec sursis

Professeur de physique chimie au lycée privé Saint-François à Ville-la-Grand, l’homme qui se présente à la barre va devoir faire une croix sur sa carrière d’enseignant.

Illustration. Archive le Dauphiné

Hier, le tribunal correctionnel de Thonon l’a condamné à deux ans de prison avec sursis, mais surtout lui a interdit toute activité en lien avec des mineurs, son nom sera porté au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijaisv) et il est contraint à un suivi sociojudiciaire.

Célibataire âgé de 47 ans, cet enseignant d’allure juvénile a été épinglé au début de l’année, par l’office central pour la répression des violences aux personnes pour téléchargement de vidéos pornographiques mettant en scène de jeunes garçons.

Le président Philippe Poitrineau souligne le « caractère massif de l’addiction ».

Lors de la perquisition au domicilie thononais de l’intéressé, il a été découvert 1 420 fichiers vidéo tous de la même nature, dont 375 directement accessibles, et une véritable panoplie de matériels informatiques, dont un grand écran.

« Une clé USB était encore insérée dans le vidéo projecteur », insiste le magistrat.

Une profusion d’images que le prévenu, lors de ses auditions avait qualifiées d’« agréables et esthétiques », bien ancrées dans le domaine du fantasme.

Confronté à la réalité, il a bien vite perdu pied, dépassé par l’émotion.

Les sanglots étreignant sa voix, il a assuré être « incapable de toucher un enfant », et « suivi par un psychologue. »

Son passé parle pour lui, aucune condamnation, alors que depuis des années, il est de grande proximité avec des mineurs.

Enseignant, entraîneur au club de basket de Douvaine, encadrant de voyages organisés, il est encore investi dans le soutien scolaire.

« Pour arrondir ses fins de mois », justifie Me Hintermann qui balaie toute autre interprétation devant cette focalisation juvénile.

Ses collègues, tout comme le chef d’établissement, ont livré des attestations de bonne conduite.

Patiemment interrogé sur sa sexualité, l’homme avoue des relations peu fréquentes et, au prix d’une extrême difficulté, d’agressions dont il a été victime à 15 ans.

Sodomies et fellations exigées par son frère pendant plusieurs années.

Il n’en a jamais parlé : « Je les avais occultées. »

Recel de viols

Le rapport d’expertise établi par le médecin décrit une addiction massive à la pédopornographie et une grande frustration sexuelle doublée d’une homosexualité refoulée, tout en créditant le prof d’un effectif sang-froid.

Une barrière au passage à l’acte ?

Pour le président, les signes d’alertes sont très lourds.

Et plus encore pour la substitut du procureur, Laurence Raison.

La magistrate évoque la crudité et la violence des images visionnées, décrivant les corps des garçons, les fellations, les sodomies.

« Il faut mettre des mots pour comprendre.

Ces actes sont d’une extrême gravité. »

Et de les assimiler au recel de viols.

« Derrière ces images, il y a des enfants abusés.

Et s’ils sont abusés, c’est pour des messieurs (comme vous). »

Elle conclut à la forte dangerosité du prévenu et requiert deux ans de prison ferme, l’interdiction de contact avec des mineurs, 5 ans de suivi sociojudiciaire, l’inscription au Fijaisv.

In fine, la peine de prison ferme a mué en sursis.

Une manière d’entendre les difficultés de réinsertion du prévenu dont a fait état l’avocat.

Le prof est suspendu de ses fonctions par l’Éducation nationale et sans traitement depuis sa mise en examen.

Il est en recherche d’emploi.

Source : Le Dauphiné

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