Fontainebleau | Un enseignant pédophile de 31 ans coupable d’atteinte sexuelle sur mineur, 18 mois de sursis

L’avocate de l’adolescente a dit regretter que l’affaire ait été « bouclée en quarante-huit heures »

Tribunal de Fontainebleau

Un professeur de mathématiques de 31 ans, jugé pour avoir entretenu pendant plusieurs mois une liaison avec une collégienne de 14 ans, a été condamné lundi en Seine-et-Marne à 18 mois de prison avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Fontainebleau l’a déclaré coupable d’atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions.

« Même quand il y a consentement, un adulte ne peut pas avoir de relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans. Et, quand on est en position d’autorité, le consentement n’est possible qu’à partir de 18 ans », avait rappelé à la mi-novembre, le procureur Guillaume Lescaux.

Il l’a en revanche relaxé du chef de corruption de mineur de moins de 15 ans, estimant que l’élément de «perversion à la sexualité» n’était pas constitué. Le tribunal a assorti son sursis d’une mise à l’épreuve comprenant une obligation de soins et lui a interdit de travailler au contact des mineurs.

«L’enseignement, c’est clairement terminé, je ne pourrai pas sereinement retourner devant une classe», avait déclaré plus tôt l’enseignant à l’allure juvénile, dont un expert psychologue a souligné «la disharmonie entre maturité intellectuelle et immaturité affective».

Ayant appris leur histoire, présentée comme une « relation amoureuse » par la jeune fille, le beau-père de l’adolescente avait emmené de force le professeur au commissariat, le 5 novembre, avait rapporté à la mi-novembre le procureur de Fontainebleau, Guillaume Lescaux.

Le beau-père sera jugé ultérieurement pour violences envers l’enseignant et séquestration de celui-ci.

Selon Le Parisien, qui a révélé l’affaire, le professeur et l’élève se seraient rapprochés en février, en dialoguant sur le réseau social Instagram, et auraient engagé une relation en juin. La collégienne avait été dans la classe de l’enseignant l’année précédente.

« C’est une enfant, une fleur bleue, elle croit au grand amour, il le sait en tant que professeur, il s’est servi de ça pour séduire ma fille », a déclaré la mère de l’adolescente.

« Pour moi, c’est un prédateur sexuel », a-t-elle ajouté, se disant « très déçue » que l’enquête n’ait pas été approfondie.

La mère de la jeune fille

Le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux avec sursis:

«Si (le prévenu) a pourvu à quelque chose, c’est à son éducation sexuelle plus qu’à son éducation en mathématiques», avait tancé la représentante du parquet.

Supplément d’information demandé

L’avocate de l’adolescente, Me Margaux Mazier, a dit regretter que l’affaire ait été « bouclée en quarante-huit heures ».

« Il n’y a pas eu d’investigation pour savoir si des adultes du collège connaissaient cette situation sans en informer les autorités compétentes, ce qui semble être le cas », a-t-elle notamment dit. Pour l’avocate, « on a considéré qu’il s’agissait d’une simple histoire d’amour » alors que, selon elle, « il la suivait dans la rue, dormait devant chez elle ».

Les avocates de l’adolescente et de sa mère avaient demandé un supplément d’information, estimant que l’affaire aurait dû être creusée davantage notamment pour savoir si des adultes du collège étaient au courant de la relation sans la dénoncer. Le tribunal a rejeté cette requête.

«J’ai complètement dérapé»

«J’ai complètement dérapé, je n’ai pas d’excuses», a reconnu l’enseignant, jugé en plein débat autour de la question de l’âge de consentement minimum à un acte sexuel. «Quand j’étais en sa présence, c’était juste ma copine, pas mon élève ni une fille de 14 ans (….). On s’aimait et on était plutôt heureux ensemble», a-t-il déclaré.

Selon la loi, l’atteinte sexuelle, qui recouvre tout acte sexuel entre une personne adulte et une personne mineure, est passible de cinq ans d’emprisonnement lorsqu’elle est commise sur une personne mineure de moins de 15 ans, une peine pouvant être aggravée lorsque les faits impliquent une personne adulte ayant autorité, tels un parent ou un enseignant.

La question de l’âge de consentement minimal à un acte sexuel, inexistant en France contrairement à d’autres pays européens, doit être débattue au Parlement l’an prochain. Lors de la présentation, samedi, d’un « plan contre les violences sexistes et sexuelles », Emmanuel Macron a plaidé pour fixer cet âge à 15 ans.

Lire la vidéo

Source: Le Figaro

Source(s):