Rouen | l’homme détenu pour viol avait embrassé sa fille sur la bouche au parloir

Flagrant délit : Pas de baiser, pas de condamnation
Un homme de 35 ans détenu à la maison d’arrêt Bonne-Nouvelle a donné un baiser à sa fille de 11 ans. (Photo d’archives PN)
Un homme de 35 ans, détenu pour viol, est accusé d’avoir embrassé sa fille de 11 ans. Le 27 mars 2019, un parloir parent-enfant est organisé à la maison d’arrêt Bonne-Nouvelle. Le prévenu se prête au jeu d’une séance photo avec sa fille. L’accompagnatrice derrière l’objectif leur demande de se faire une bisou. Le père enlace alors sa fille. L’enfant a la tête en arrière et passe son bras autour du cou paternel.

 

« L’inceste est un interdit fondamental de notre société, monsieur ne pouvait pas l’ignorer »,

accable la procureure à l’audience correctionnelle de Rouen du 26 octobre 2020.

Quand il pose ses lèvres sur celles de son enfant, les yeux du père sont fermés.

« On pourrait croire le baiser de Jack et Rose dans Titanic »,

décrit Me de Saint-Remy, avocat de l’adolescente. L’accompagnatrice, choquée, déclenche l’appareil photo avant de demander au détenu d’arrêter.

« C’est seulement ma fille »

« Sur ces photos, vous embrassez votre fille sur la bouche, mais vous la serrez aussi contre vous. Vos mains sont posées non loin de sa poitrine »,

avance la juge, clichés en main.

« Ça peut prêter à confusion, mais c’est le geste d’un père affectueux avec sa fille. Je n’ai jamais considéré ma fille comme un objet sexuel ! »

s’époumone le prévenu, dont le teint passe au rouge.

 

Son avocat lui demande de mimer la façon dont il embrasse sa fille. Drôle de scène que de voir cet homme au passé de violeur, les cheveux rasés, la peau glabre, trop serré dans son pull-over rouge, tentant de se justifier, la bouche en cul de poule.

« Un bisou, pas un baiser »

« Chacun sait qu’embrasser un enfant sur la bouche est interdit. Cette pratique entraîne une confusion. C’est un geste sexualisé, surtout à l’adolescence. Ici, il ne s’agit pas de n’importe quel baiser, certains témoins l’ont même qualifié de langoureux ! Ce n’est pas Brejnev sur Honecker »,

plaide l’avocat de l’adolescente.

Le prévenu, à bout, porte un violent coup de poing dans la vitre de sa cage.

« Ces photos sont impressionnantes, surtout quand on sait que monsieur a été condamné pour viol. Il y a de quoi paniquer. Mais l’émotion doit faire place au droit. Mon client n’a pas roulé de pelle à sa fille, les lèvres se sont seulement effleurées. Ce geste n’a pas été vécu de part et d’autre comme un geste de nature sexuelle. C’est un bisou, pas un baiser », défend Me Kalfon.

 

Le tribunal condamne l’homme à huit mois d’emprisonnement.

 

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