Rodez | 9 ans de réclusion pour viol aggravé sur sa demi-sœur de moins de 15 ans

 MAJ du 29/04/17

L’avocat général Chérif Chabbi avait requis entre 8 et 10 ans de réclusion, les jurés ont condamné l’accusé pour le viol sur sa demi-sœur à 9 ans de réclusion.

 

Il a déjà effectué quatre années de détention pour ce crime dont il a été reconnu coupable hier, après trois jours d’audience. A savoir, le viol de sa demi-sœur, âgée alors de 10 ans. Au moment des faits, qui se sont déroulés dans le sud-Aveyron, son demi-frère en avait dix de plus qu’elle. Il avait 20 ans quand il s’est mis à commettre « l’impardonnable ». Et cela a duré quatre ans.

Durant ces trois jours d’audience, les jurés ont également vu le déchirement d’une famille en totale carence affective. Ils ont écouté une victime, qui ne veut plus entendre parler de son demi-frère après l’avoir adoré, mais qui a trouvé le courage de s’exprimer à la barre pour revenir sur cette enfance douloureuse. Ils ont entendu un père qui a choisi entre ses deux enfants, en vouant une véritable « haine » envers son fils. Ils ont également observé un accusé, aujourd’hui âgé de 30 ans, qui raconte que, enfant, il a été abusé par une personne de l’entourage de son père quand il était âgé de 8 ans, et qui n’a pas été entendu quand il l’a dit. Peut-être le point de départ de toute cette sordide histoire finalement. L’avocat général a assuré vouloir en savoir plus…

En attendant, hier, l’accusé a donc été condamné à 9 ans de réclusion, à verser 30 000 euros à la victime, 3000 euros à la maman de la victime et un euro symbolique à son père. Et, surtout, au regard des réquisitions de l’avocat général, il sera astreint à un suivi sociojudiciaire durant 10 ans.

Source: Centre Presse Aveyron


Article du 28/04/17

Rodez | Deuxième jour du procès pour viol aggravé sur une mineure de moins de 15 ans

Cherif Chabbi, le procureur de la République ./Photo DDM, archives

Deuxième jour du procès qui se tient au tribunal de Rodez pour viol aggravé sur une mineure de moins de 15 ans au moment des faits par son demi-frère.

Le désamour et la haine constituent la toile de fond de ce procès de la cour d’assises de l’Aveyron.

Les deux protagonistes : l’accusé, Bastien*, 30 ans, et la victime, Lorie*, 20 ans à la fin de l’année, sa demi-sœur.

Ils ont 10 ans d’écart et se retrouvent face à face pour des faits dénoncés en 2013.

Lorsqu’elle avait 10 ans, et pendant 4 ans, ce grand demi-frère s’est livré à des attouchements sexuels, des baisers, des cunnilingus, des caresses, des agressions sexuelles, des viols par pénétration digitale.

Il la déshabillait, il la prenait en photo, il se déshabillait, il se frottait contre elle.

Il l’aimait.

Il voulait faire l’éducation de sa jeune sœur. à 10 ans ?

Il savait bien que ce n’était pas normal même s’il lui prétendait le contraire.

Elle adorait son frère, elle lui faisait confiance.

Il lui disait que si elle ne voulait pas, il serait malheureux et se suiciderait.

Elle ne voulait pas le perdre, son seul frère, alors elle le laissait faire.

Par moments, elle essayait de l’empêcher de mettre la main dans sa culotte mais il lui tenait les mains, elle tentait de fuir par la porte, il la fermait.

Elle se sent sale, alors pour punir ce corps qui lui fait honte, elle se porte des scarifications, comme des purifications.

Lorie a raconté tout ça à l’audience hier matin.

D’une voix claire, entrecoupée de sanglots, elle est venue avec courage raconter son calvaire pendant 4 longues années avec ce frère qui l’aime tellement que partout où elle va elle le trouve.

Lorsqu’elle intègre sa seconde à l’internat de Millau, bizarrement il s’y trouve un appartement.

Elle a 15 ans et c’est à ce moment-là qu’elle a le courage de parler, de faire une déposition devant les gendarmes.

Depuis, son amour pour ce frère s’est transformé en haine.

«Je ne veux plus te voir, je ne te pardonnerai jamais»

Hier, ce frère, tour à tour mutique, provocateur, persifleur, méprisant, cynique, s’est enfin tourné vers elle et lui a demandé pardon au micro.

«Je ne pensais pas que ça te faisait aussi mal»

Difficilement imaginable.

Et pourtant.

Lui, comme elle, a grandi dans la carence affective et le manque de repères.

Lui n’a pas grandi d’ailleurs et présente un visage juvénile pour ses 30 ans qui fait qu’on le traite de gosse, d’ado.

Sa mère a subvenu à ses besoins matériels mais la tendresse ?

Son père, qui est donc aussi le père de Lorie, lui voue une haine «inadmissible».

Qui révulse jusqu’au procureur de la République, Cherif Chabbi.

Oui son fils admet avoir des déviances sexuelles et ira se dénoncer à la brigade de Millau.

Mais lorsqu’il avoue avoir été abusé sexuellement à 8 ans par l’ami d’une copine de son père, ce qui fut peut-être le déclencheur, ce dernier lui cloue le bec en le traitant de manipulateur.

Un gendarme tente d’étayer son enquête mais le père refusera de répondre.

Hier, l’avocat général saisit la balle au bond et promet, lui, de poursuivre l’enquête car ces faits ne sont pas prescrits et de «convoquer» prochainement le père.

Des paroles qui déclenchent enfin une profonde émotion, un effondrement, chez l’accusé peut être parce qu’il se sent exister.

Pas excusé mais écouté.

Car ce père qui a deux enfants, Bastien et Lorie, a fait un choix entre les deux. Terrible.

Soigner et punir

Ce garçon qu’il traite d’ «être malfaisant» mais qui lui a quand même servi de manœuvre (et qu’il rétribuait avec du shit) alors qu’il a de l’or dans les mains et dessine à la perfection.

Ce qu’il fait en prison depuis 4 ans qu’il attend.

Ce procès aura, à n’en pas douter, un effet salvateur pour deux personnes, l’accusé et la victime.

Une planche d’appel pour que l’un et l’autre abordent une reconstruction.

L’une assassinée sans être morte devra panser ses plaies, épaulée par une mère qui a le même vécu.

Tandis que l’autre va devoir plonger dans son abîme intérieur, se mettre à nu pour mieux renaître.

L’avocat général a requis entre 8 ans et 10 ans de prison avec suivi socio-éducatif et injonction de soins.

Aujourd’hui l’accusé tentera de prendre la parole et les jurés délibéreront.

«La peine doit soigner et punir»

Cherif Chabbi souhaite un verdict plein d’espoir.

*prénoms changés

Compte rendu d’audience Marie-Christine Bessou

Source : La Dépêche


Article du 27/04/17

Rodez | Procès d’un jeune homme de 30 ans pour le viol de sa demi-sœur qui en avait 15 au moment des faits

Incarcéré depuis 4 ans, l’accusé est apparu prostré et provocateur.

Le président de la cour d’assises, hier, Régis Cayrol./Photo DDM, archives

 

Troisième affaire de viol pour cette session de cour d’assises au tribunal de Rodez.

Hier, un jeune homme de 30 ans, Bastien*, comparaissait devant la cour d’assises de l’Aveyron, présidée par Régis Cayrol, pour viol aggravé, agression sexuelle en état de récidive commis sur sa demi-sœur Lorie* âgée de 15 ans au moment des faits.

Les jurés (uniquement des femmes) vont donc devoir juger des chefs d’inculpation d’attouchements sexuels et viols par pénétration digitale sur une jeune fille de 15 ans qui, n’en pouvant plus, a finalement livré son lourd secret et son calvaire.

Incitée dans cette démarche par son petit ami et soutenue par ses parents, elle dépose plainte en mai 2013.

Les agressions émanent de son demi-frère qui les a reconnues et est allé se livrer à brigade de gendarmerie.

En détention depuis 4 ans à la maison d’arrêt de Druelle, il pratique l’autoflagellation qui ne règle rien puisqu’il se définit comme «un monstre» qui mérite ce qui lui arrive, qui plaide «coupable» et qui sera condamné.

La seule incertitude étant le temps de la peine et la forme qu’elle prendra.

«Juger c’est comprendre mais pour comprendre il faut connaître»

Alors Régis Cayrol remonte le cours du temps à l’aide des témoins appelés à la barre.

Car la genèse des faits prend ses racines dans son enfance.

Une enfance ballottée qui fera de lui une «herbe folle», selon un expert médical.

Car ses parents se séparent très rapidement.

Il vit avec sa mère qui le mène de ville en ville, d’appartements en maisons, au gré de ses rencontres amoureuses.

Il collectionne les beaux-pères mais aucun ne lui laisse de souvenirs impérissables.

L’un d’entre eux, à qui sa mère le confie en semaine en Lozère, pour aller travailler à Paris, a trois jeunes enfants.

L’adolescent qu’il est dénonce les déviances sexuelles de ces enfants.

Les versions s’affrontent sur qui fait quoi en premier et pourtant ce sera lui qui sera condamné, en 2005, par le tribunal pour enfant (il est mineur) de Mende, à de la prison avec sursis, mise à l’épreuve et obligation de soins pour des attouchements sur les enfants de ce beau-père.

Mais auparavant, en 2003, il a déjà fait subir des attouchements sexuels à sa demi-sœur qui n’avait que 5 ans à ce moment-là.

Serait-ce la répétition d’une agression qu’il avoue tardivement avoir subie à 8 ans de la part d’un ami de son père ?

Justement, le père de Lorie – qui est aussi le père de Bastien – menace de tuer ce dernier et demande à sa mère de venir le reprendre.

Car le préadolescent est aussi ballotté entre père et mère.

Le père se ravise, tente de privilégier le dialogue, l’épisode est clos.

Quelques pérégrinations et années plus tard, retour sur Sévérac où le jeune homme est logé en dessous de l’appartement de Lorie* et de sa mère, dont le père s’est aussi séparé.

Un père qui aurait peut-être dû avoir «une lumière orange qui clignote dans sa tête pour ne pas remettre le loup dans la bergerie», selon Martine Figueroa, avocate de la défense.

C’est à cette période que la victime fait état d’une cinquantaine d’agressions sexuelles (lui n’en reconnaît que 2), sous la contrainte où il lui explique que «c’est normal entre frère et sœur», qui s’étaleront sur 4 ou 5 ans et la feront se scarifier pour signifier son mal-être.

Curieux protagonistes où la mère à la barre a davantage tendance à parler argent qu’amour même si «le matériel est une manifestation du cœur», où son père assène des paroles terribles telles que :

«je l’abandonne, je n’ai aucun sentiment, aucun amour pour mon fils, je fais le choix de la reconstruction de ma fille» (sa demi-sœur)

Et où sa petite amie, qui ne se pose pas de questions, «a juste quelques idées vagues fondées sur pas grand-chose», selon l’avocat général Cherif Chabbi, est la seule à le soutenir en lui rendant visite à la maison d’arrêt.

Elle confie même faire des projets avec lui.

Et à la question du président qui lui demande si elle pourrait avoir des enfants avec lui.

Sa réponse est un oui franc.

L’accusé, bras en écharpe pour avoir tapé dans un mur de la prison et s’être abîmé un tendon de la main, muré dans son silence, prostré hier matin, refusant de répondre aux questions, ne regardant personne dans les yeux (la défense évoque une affection du nerf optique), s’est animé dans l’après-midi.

Il lance à sa mère qui se sent responsable qu’il ne lui en veut pas mais la présence de son père semble le révolter, le fait réagir, et l’on sent un lourd contentieux entre les deux hommes.

Les deux experts médicaux s’accorderont à dire qu’une récidive est possible, qu’un long travail de psychanalyse est nécessaire, qui ne semble toujours pas avoir été vraiment entrepris, mais qu’ils le pensent «réadaptable» malgré de lourdes «carences affectives».

Aujourd’hui la victime, défendue par Maryse Pechevis, sera entendue, s’ensuivront les plaidoiries et le réquisitoire.

Le verdict est attendu en fin de journée.

* prénoms changés

Compte rendu d’audience Marie-Christine Bessou

Source : La Dépêche

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