Procès Dominique Cottrez | Compte rendu J-3

Procès Dominique Cottrez |Compte rendu 29/06/2015

Cour d’assise de Douai

1

9h30

La présidente demande à l’accusée de se lever, elle lui demande de confirmer le fait qu’elle n’avait pas de contraceptif et lui fait la lecture des auditions qui ont été faites auprès des médecins et experts qui l’ont examiné à l’époque.

9h45

Témoignage d’un praticien hospitalier

Il avait eu en charge de pratiquer des analyses toxicologiques sur des prélèvements faits sur les nourrissons.

Il expliquera qu’il n’a rien trouvé mais que néanmoins les analyses n’étaient pas fiables pour autant.
En effet les corps des nourrissons étaient dans un état de décomposition très avancé, tout dépend aussi de la quantité de médicaments prise et leurs analyses couvrent 500 marques de médicament donc pas la totalité des traitements mis sur le marché.

Il avait parallèlement en charge la datation de la procréation et la datation des accouchements.
Sept des bébés sont nées avant l’année 2000 et un après.

Le traitement que l’accusée prend pour ses crises d’épilepsie aurait pu contribuer à des malformations très importantes au niveau fœtal. Environs 5% de malformations sont dût à la prise de médicaments pendant la grossesse.

10h36

Témoignage de Mme Vallot, la sage-femme qui a soi-disant maltraité l’accusée lors de son premier accouchement.

Elle ne se souvient plus de l’accouchement de Mme Cottrez car c’était en 1987 et depuis elle a assisté plus de 6000 femmes à accoucher.
Quand une femme obèse se présente à l’hôpital, en général on la prévient qu’il faudra qu’elle perde un peu de poids car ça pose de sérieux problèmes pendant l’accouchement, elle reconnaitra qu’elle a pu être ferme pendant l’accouchement avec Mme Cottrez.

La présidente lui fit la lecture des déclarations de l’accusée à son sujet, elle dira n’avoir jamais tutoyé une patiente et ne pas avoir employé ses mots là avec elle, elle s’excuse tout de même à l’accusée de l’avoir «apparemment» blessé avec ses propos.

Pour elle c’est très étonnant d’avoir été enceinte huit fois et mis au monde huit bébés sans que jamais personne ne s’aperçoive de rien, elle explique qu’il y a énormément de sang, que le corps de la femme change beaucoup et qu’il y a quand même beaucoup de signes quand une femme attend un bébé.

Elle va expliquer qu’un jour une jeune fille était venue à l’hôpital pour consulter en urgence car elle perdait beaucoup de sang pendant ses règles, quand elle l’ausculte elle s’aperçoit très vite que cette jeune femme venait d’accoucher. En premier lieu elle dira que c’est faux puis avouera avoir mis son bébé dans un sac et elle l’a jeté dans la poubelle de ses parents.
La sage-femme alertera les gendarmes qui le sauveront de justesse, personne ne reverra la jeune femme.

L’avocate de la défense s’énervera en lui faisant sous-entendre qu’elle avait porté un regard très lourd sur la situation de Mme Cottrez et que c’est à cause de ça qu’elle en est là aujourd’hui.

– «Vous vous rendez compte de l’impact que ça a eu sur cette malheureuse?»

– «Ne me mettez pas tout sur le dos, elle a quand même eu un deuxième accouchement facile!»

2

 

11h50

Témoignage d’un gynécologue travaillant à Jeanne de Flandres, hôpital lillois spécialisé dans les grossesses à haut risque.

Il explique qu’il ne s’est pas occupé personnellement de Mme Cottrez mais que par sa spécialité, le parquet lui a demandé d’étudier son dossier et de donner son avis.

Il comprend que l’accusée n’a plus voulu se faire suivre après son premier accouchement, après que la sage-femme lui parla fermement, il raconte alors que dans sa section il y a encore des sages-femmes qui sont méprisantes envers les étudiants par exemple ou envers certaines patientes.

Selon lui les causes d’obésité sont :

* Agressions sexuelle

* Problèmes psychologique

* Troubles alimentaires

* L’assimilation des aliments selon le corps

Il expliquera que de nos jours les personnes obèses ne sont pas bien vu dans les milieux hospitaliers et chez les docteurs.
A la naissance de son quatrième enfant, Dominique Cottrez aurait accouché dans les toilettes de sa chambre d’hôpital, admise à la base pour des crises d’épilepsie.
Les docteurs n’ont pas vu qu’elle était enceinte et prête à accoucher.

Elle dira qu’elle a accouché dans les toilettes, et qu’elle partageait sa chambre avec trois autres malades, elle nettoiera tout, et tuera son bébé en l’étranglant et le mettra dans un sac dans son armoire.

Le docteur dira que cette situation n’est pas impossible, qu’elle a pu tout à fait accouché dans les toilettes sans être démasqué par les autres.
Pour lui, elle a fait beaucoup d’efforts afin de ne pas laisser de traces et elle avait préparé un sac avant d’être admise.

Il expliquera que seulement 20% des nourrissons pleurent dès la naissance et les 80 % restant pleurent au bout de 30 secondes.
Ensuite il dira qu’une femme qui fait un déni de grossesse ne manifeste aucuns mouvements d’accouchements, qu’elle peut se retenir d’accoucher un court moment.
Il parlera aussi de la montée de lait qui s’arrête d’elle-même au bout de trois jours s’il n’y a pas de succion et que la femme qui accouche perd entre 500 et 800 millilitres de sang et de liquide amniotique

Ndlr : huit fois de suite, nous avons affaire à Wonderwoman.

La présidente lui rappellera qu’il vaut mieux éviter de parler de déni car là ce n’est pas le cas.

Me Crespin de la partie civile questionne :

– «Dans le cas de l’accusée, l’absence de cri signifierais qu’elle les a tué dans les 30 secondes après l’accouchement?»
– «J’ai envie de dire oui, les huit bébés étaient bien formés et en bonne santé donc aucunes raisons pour qu’ils ne pleurent pas dès leurs arrivés.»

– «Cette femme accouche seule huit fois, qu’en pensez-vous? Et quelles douleurs a-t-elle?»
– «La douleur est la même que pour un doigt coupé, elle devait être dans une très grande solitude.»

La présidente reprend la parole:

– «Pourquoi a un moment donné elle arrête de tombé enceinte?»
– «Entre 38 et 40 ans la fécondité est diminué de 50%. Entre 40 et 42 ans, la fécondité est très très basse et à 45ans, le taux de fécondité s’éteint complétement.
C’est une moyenne régulière.»

– «Après 43 ans on prescrit encore la pilule?»
– «On prescrit plus après 45 ans, le risque de grossesse après cette âge est quasiment nul.»

L’avocat général demande:

– «Pouvez-vous nous donner les caractéristiques des accouchements chez soi?»
– «Elle devait être dans une souffrance…elle est stoïque, c’est sa souffrance, elle n’en veut pas… il faut qu’elle tienne le coup jusqu’au bout.»

Il finira en disant : «Elle le fait à contre cœur à chaque fois, elle ne sait pas comment ne pas être enceinte.»

3

 

14h23

Visio conférence d’une experte qui a été mandaté pour analyser certaines pièces de l’affaire.

Elle dira qu’elle a pratiqué des analyses sur les sacs poubelle et qu’elle ne trouvera aucunes empreintes, cependant elle précisera que les sacs ont beaucoup été détériorés avec le temps ce qui diminue les chances de trouver des empreintes ou de l’ADN.

Elle analysera aussi un morceau de papier peint moisit extrait du «coin» où ont été entreposés les nourrissons pendant un temps dans la chambre des parents.
Elle ne retrouvera pas de traces de sang ni d’ADN.

En premier lieu, elle a pu clairement identifier Dominique Cottrez comme étant la mère des huit nourrissons et des tests de paternité ont également été effectués et ont démontrés à 99,99% qu’Emelyne et Virginie étaient bien les filles de Pierre-Marie Cottrez ainsi que sept des nouveau-nés.

14h35

Docteur Dupuis, biologiste, fera son témoignage en visio-conférence.

Il a effectué des analyses ADN sur les nourrissons et il confirme donc que Pierre-Marie Cottrez est bien le père biologique des huit nourrissons retrouvés morts.

Ndlr : Il a su identifier le 8ème nourrisson, celui qui était le plus décomposé.

14h45

La présidente demande à l’accusée de se lever et de nous parler de son père.

«A environ huit ans, j’étais toujours avec lui.
Je faisais des travaux à la ferme, cherchais les œufs, donnais à manger aux animaux…
Un jour, j’étais assise dans la paille, j’ai eu des attouchements, des caresses.
Ça se passait dans les bâtiments de la ferme, la grange.

Les attouchements c’était sur les parties sexuelles, le torse, les jambes…
Il me disait c’est notre petit secret, si tu dis rien je t’offrirais un p’tit mouton, et il me l’offrit.
A 1 an, après ma grande communion, il s’est couché sur moi, je ne sait pas s’il y a eu pénétrations, ça m’a fait mal. C’était dans la paille, dans le hangar…»
Elle sanglote.

La présidente:

– «Vous comprenez ce qui se passe?»

– «Oui je comprends.
Il s’allonge sur moi, m’enlève ma p’tite culotte, vers quatorze-seize ans il se passe d’autres choses.»

– «Combien de fois par an?»
– «Deux- trois fois.
A quinze ans, c’était la dernière fois après il ne s’est plus rien passé, je sortais j’avais des copines, j’étais moins souvent à la maison.»

– «Comment vivez-vous les agressions?»

– «Je ne comprenais pas bien.
Trois mois après la naissance d’Emelyne, j’me sentais seule, mal…c’est là que j’ai eu des relations sexuelles avec mon père.
Mon mari était en déplacement, j’étais seule.
J’avais plus de communications avec mon père, j’étais amoureuse.»

Ndlr : La mère de Dominique Cottrez était apparemment toujours chez les voisines quand cela se produisait.

– «Comment vous arrivez à avoir une première relation avec lui?»
– «Des câlins déjà…euh…Puis bon il me prend dans ses bras, c’était une relation.»

– «Votre relation est-elle consenti ou pas?»
– «Oui, j’étais consentante, jamais personne n’est arrivé par surprise.»

– «A quel fréquence avez-vous des relations sexuelles avec votre père?»
– «Deux-trois fois par mois, dans l’après-midi vers quinze-seize heures.»

– «Vous avez pensé aux conséquences vu que vous ne preniez pas de pilule?»
– «J’y pensais pas.»

– «Est-ce que votre père éjaculait en vous ou pas?»
– «Oui, il éjaculait en moi.»

– «Combien de temps ça a duré?»
– «Jusqu’à ses soixante-dix ans, il n’y avait plus de pénétrations les dernières années.»

– «Est-ce que votre père savait que vous étiez enceinte ? »
– «Il le savait que j’étais enceinte, je lui disais.»

– «Pourquoi n’arrêtez-vous jamais cette relation?»
– «Non, c’était un besoin, je ne pense pas à après.»

Son père ne parlera jamais de contraceptif avec elle, ne lui demandera jamais les suivis des grossesses et ne demandera pas ce que sont devenu les nourrissons.

– «Vous l’aviez dit à votre père pour les meurtres?»
– «Oui mais c’était pas son problème, il ne me posait pas de questions»

– «Votre père ne fait rien?»
– «Non.»

– «Et vous continuez vos relations?»
– «Oui, à chaque grossesse il était au courant, il ne me demande pas ce qu’il advient des bébés.
Il m’avait proposé de me débarrasser des deux sacs au grenier.»

Me Crespin prend la parole :

– «A l’époque, vous disiez être contente de partager les grossesses avec lui, qu’il était content, mais à aucun moment il ne vous a dit de faire autrement?»

– «Non, il ne m’a jamais rien dit.»
Me Costantino rappellera que l’accusée dit avoir eu des relations sexuelles avec son père jusque 1992 et que c’est parce qu’elle craignait que les bébés soient de son père qu’elle les a éliminés.
Mais elle a été enceinte jusque 2000.
Pouvez-vous m’expliquer?

Silence…

L’adjointe de l’avocat général dira qu’elle a changé sept fois de versions en tout, pourquoi?

– «C’est très confus, c’est…» Long silence…

– «Où est la vérité?»
– «C’est ce que j’ai dit aujourd’hui.»

– «Pourquoi d’autres versions?»
Silence…

– «Dites-nous la vérité avant d’être jugée!»
Silence…

– «Etait-il au courant des meurtres?»
– «Oui.»

L’avocat général:

– «Vous ne demanderez jamais à votre père d’arrêter?»
– «Non, jamais.»

– «Vous l’embrassez sur la bouche?»
– «Non, même avec mon mari on s’embrasse pas.»

– «Il ne demande pas de détails sur la disparition des bébés?»
– «Non, rien.»

– «Bon alors, Mme Cottrez, excusez-moi de vous dire ça, mais votre père est le pire des salopards!»
– «Oui, mais c’était mon père.» elle sanglote.

– «N’avez-vous pas inventé cette histoire d’inceste?»
– «Non.»

– «Je me demande si on vous a poussé à dire ça»
– «Non.»

– «C’est un brave homme pour tout le monde, pour vos sœurs, et vous, vous nous dites qu’il vous a violé, que c’est un salop…il doit se retourner dans sa tombe.
Si vous avez menti, il n’est encore trop tard, donc votre père est un immense salopard?»
-«Oui.»

Me Berton s’agace :

– «Pourquoi avez-vous mit deux bébés dans son grenier à lui?»
– «Parce qu’il est le seul à savoir.»

– «Vous vouliez un enfant de votre père?»
– «Oui.»

– «Vous auriez été capable de porter l’enfant de votre père? Vous y avez pensé?»
– «Non»

– «Et si votre père vous avait dénoncé?»
Silence…

– «Vous préféreriez baiser ou qu’on vous sorte de votre rêve?»
Silence…

– «Répondez-moi!»
Silence…

– «Est-ce que vous jurez sur la tête de vos deux filles ici présente que votre père a bien abusé de vous ?
Vous le jurez ça?»
Long Silence… «Non.»

La salle est sous le choc, la présidente demande une suspension d’audience.

Ndlr : Elle aura inventé cette histoire d’inceste six mois après son incarcération, la quasi-totalité des personnes de son entourage ont toujours confirmés que les abus étaient faux.
Dominique Cottrez avait justifié son octuple infanticide car elle pensait que les bébés qu’elle attendait étaient de son père.

16h47

Témoignage en visio-conférence d’une psychologue qui a examiné l’accusée en détention par trois fois.

Elle lira son rapport qu’elle avait établit à l’aide d’une collègue, car la personnalité de Cottrez est très complexe.
Elle expliquera que l’accusée lui avait parlé d’inceste, de viols et qu’elle a toujours douté de la paternité.
Elle ne veut pas «embêter» son mari avec tout ça, car il aime son canapé, sa télé, son verre et ses copains, elle ne lui en voudra pas mais n’avait plus de désir pour lui.

Elle lui demandera pourquoi soigner au travail et tuer dans la vrai vie?
Elle lui dira que son travail passait avant tout, même avant ses enfants.

Elle n’aura de remords que pour le premier bébé, les autres ça devenait une habitude et que c’était un moyen de contraception.
Elle se dit très active dans ses crimes, elle sait qu’elle est une criminelle mais se dit prise dans un engrenage.

Elle était au courant à chaque grossesse.
Son père le savait mais son mari n’a rien vu et ce, pendant des années.

Quelques fois elle pensait aux six bébés qui ont été entreposés dans le garage, quand les températures étaient basses, elle voulait aller les recouvrir d’une couverture pour qu’ils ne prennent pas froid.

La psychologue conclura que Dominique Cottrez ne présente aucuns troubles, qu’elle ne s’aime pas et ne se sent pas aimée.
Elle aurait développé une sorte de complétude, Comme elle se sent vide à l’intérieur, ne se sent pas aimée, du coup en étant enceinte elle comble ce vide affectif.
C’est comme si elle avait été contente d’avoir gardé ce secret pour elle.

Elle remet sans cesse la faute sur les autres et n’est pas capable d’assumer seule ses actes, elle dira que c’est à cause de l’inceste subit par son père qu’elle en est arrivée là.
Malgré les différents soucies liés à son poids, elle n’entreprendra jamais aucun régime.

5

 

Fin de la troisième journée.

 

 

 

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