Pédophilie au Maroc

Pédophilie au Maroc: Plus de 900 agressions sexuelles en 2015, surtout sur les garçons

 

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935. C’est le nombre d’agressions sexuelles perpétrées sur des mineurs en 2015.

Alors que comparaissait, jeudi 26 novembre devant la Cour d’appel de Marrakech, un touriste américain pour abus sexuels sur deux garçons de 10 et 14 ans, la Coalition contre les abus sexuels sur les enfants (COCASSE), a présenté ce même jour un rapport sur la situation de la pédophilie au Maroc.

Et les chiffres, en constante augmentation depuis trois ans, font froid dans le dos. L’organisation recense ainsi 713 victimes d’abus sexuels en 2012, 768 en 2013, 850 en 2014 et 935 en 2015, soit une augmentation de 31%. Autres données importantes du rapport: les victimes sont surtout des garçons (635 en 2015, contre 300 filles la même année), et 55% de ces abus ont lieu dans le cadre familial.

Encore un tabou

Ces chiffres pourraient néanmoins être revus à la hausse, étant donné le nombre d’agressions qui ne sont pas répertoriées, faute de dépôt de plaintes contre les agresseurs. En cause: “le contexte culturel, la crainte de la honte et du déshonneur, la difficile accessibilité du milieu familial”, note la COCASSE.

Parmi les formes d’agressions sexuelles sur les enfants, l’organisation prend en compte les violences et abus dans le cadre familial, les mariages précoces et/ou forcés de jeunes filles (en régression depuis l’adoption de la nouvelle Moudawana), la pornographie enfantine et le tourisme sexuel (souvent liés à l’usage de nouvelles technologies de l’information comme internet), qui touchent particulièrement les villes touristiques de Marrakech et Agadir, et enfin le trafic d’enfants (qui concerne surtout la migration clandestine du Maroc vers l’Europe).

Si, dans le code pénal marocain, le viol est considéré comme “un crime et un délit contre l’ordre des familles et la moralité publique”, il n’est pas considéré comme un crime contre les personnes. “Ce qui laisse aux autorités le choix de dribbler avec les peines censées punir les accusés de viols ou d’agressions”, estiment les auteurs du rapport, qui fustigent également les décisions de justice punissant parfois à quelques mois seulement ou deux à trois ans de prison des auteurs de viols sur enfants.

Un changement de loi ?

En août dernier, la présidente de l’association Touche pas à mon enfant, Najat Anwar, avait ainsi vivement réagi à la sentence jugée trop légère appliquée à un épicier de Taroudant qui avait écopé de huit mois de prison pour viol à répétition sur une petite fille.

“Depuis des années, nous militons pour un jugement plus sévère sans aucun changement”, expliquait-elle au HuffPost Maroc.

“Nous demandons l’harmonisation des lois marocaines avec les conventions internationales dont le Maroc est signataire” ajoutait-elle, telles que la Convention relative aux droits de l’enfant de 1993, ou le protocole facultatif de cette même convention concernant la vente, la prostitution et la pornographie mettant en scène des enfants, ratifié en 2004.

Même son de cloche chez la COCASSE, qui pointe également du doigt certaines faiblesses de l’arsenal éducatif et juridique:

“il n’y a quasiment pas de cours d’éducation sexuelle et trop peu de sensibilisation sur le sida dans les écoles, les sanctions sont souvent incompatibles avec la gravité des actes, l’enfant prostitué est souvent reconnu coupable, jugé et placé dans un centre, l’accès aux services de police et de justice sont souvent difficiles pour un enfant de moins de 15 ans qui est obligé d’être accompagné par ses parents ou son tuteur, ce qui entrave l’intervention de la société civile; la police judiciaire spécialisée en pédo-criminologie est absente, et l’assistance médico-légale gratuite des enfants n’est pas toujours institutionnalisée. Elle est souvent fournie par des ONG, qui doivent se constituer parties civiles”.

 

Source : http://www.huffpostmaghreb.com

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