Ouganda | Un Belge accusé d’exploitation sexuelle sur des fillettes est mort en prison

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L’homme avait hébergé plus de cent fillettes abusées sexuellement et vivait avec elles
une enfant noire qui cache ses yeux pour pleurer
Il se faisait passer pour leur ange gardien mais ce statut qu’il s’était octroyé cachait peut-être une vérité bien différente: selon les jeunes filles, le Belge était en réalité un pédophile qui profitait de les avoir sous son toit pour en abuser à son tour. Le septuagénaire est décédé dans une pris

L’Anversois Bernhard G., 71 ans, qui était détenu dans une prison en Ouganda, y est décédé, selon Het Laatste Nieuws.

L’homme avait hébergé “généreusement” plus de cent fillettes abusées sexuellement et vivait avec elles dans son centre “Bery’s Place”.

 

Il se faisait passer pour leur ange gardien mais ce statut qu’il s’était octroyé cachait peut-être une vérité bien différente: selon les jeunes filles, le Belge était en réalité un pédophile qui profitait de les avoir sous son toit pour en abuser à son tour. Le septuagénaire est décédé dans une prison ougandaise où il a clamé son innocence jusqu’à sa mort.

Caution de plusieurs millions d’euros

Bernhard G. souffrait d’un cancer et souhaitait rentrer en Belgique pour y être jugé et soigné.

Mercredi dernier, il avait été amené une dernière fois devant la cour ougandaise sur un brancard.

L’instance acceptait de lui accorder son extradition vers la Belgique, mais contre une caution de quelque 30 millions de shillings ougandais, soit 7,3 millions d’euros.

Une somme dont il ne disposait évidemment pas.

L’Anversois avait donc été ramené en cellule dans sa prison de Luzira, où il est décédé hier, relate la police locale.

À l’abri?

Officiellement, l’homme avait aussi la nationalité allemande mais avait déménagé depuis l’enfance à Anvers avec ses parents.

Il avait toujours vécu en Belgique et y était devenu kinésithérapeute.

Puis, au milieu des années 2000, il avait été “profondément marqué” par un voyage en Ouganda.

Frappé la pauvreté sur place selon ses dires, il avait décidé d’y poser ses valises et d’y refaire sa vie pour apporter sa pierre à l’édifice.

Il s’était alors instinctivement tourné vers la cause des enfants violées et rejetées par leur famille.

Il avait ouvert un centre à Kalangala, sur une île du lac Victoria, où elles étaient censées vivre en toute sécurité grâce à lui.

Du moins, c’est ce qu’il prétendait.

Sur le site web de la maison d’accueil qu’il tenait, Bernhard G. se décrivait comme un “rêveur au grand cœur”.

Sa femme Ingrid D., une habitante de Beerse (en province d’Anvers), était également pleinement impliquée dans ce projet de vie caritatif.

Si elle résidait et travaillait toujours en Belgique, l’Anversoise de 63 ans se rendait régulièrement en Ouganda avec des vêtements, du matériel et de l’argent récoltés en Belgique pour les bonnes œuvres de son mari installé là-bas.

En 2013, la réputation du prétendu havre de paix de Bernhard G. a commencé à s’effriter avec deux premières accusations de viols.

Deux fillettes de 12 et 14 ans l’ont alors accusé d’abus et ce depuis 2007.

Le “bienfaiteur” des enfants avait alors reconnu avoir dormi dans le même lit que celles qu’il appelait “ses filles” mais avait démenti toute relation sexuelle, consentie ou non.

Il avait prétendu avoir voulu les “réconforter” en partageant le même lit.

Les accusations, prises très au sérieux, avaient donné lieu à deux mois de détention provisoire, dont il avait finalement pu sortir en 2015 suite à son acquittement faute de preuves.

Des dizaines de plaintes

En février 2019, la police locale avait procédé à une nouvelle descente au “Bery’s Place” qui tournait encore à plein régime.

La perquisition faisait suite à la plainte pour pédophilie déposée par huit autres enfants et 19 autres plaintes pour trafic d’enfants.

Dans ce contexte, onze fillettes avaient été emmenées hors de la maison où il cohabitait avec elles illégalement.

De plus, son centre d’accueil n’avait jamais été officiellement déclaré.

Enfin, durant la perquisition, les enquêteurs auraient découvert une vidéo et des accessoires sexuels incriminant directement le septuagénaire.

Ce dernier n’était pas sur place lors de la descente de police, mais s’était rendu spontanément aux autorités en mars.

Depuis lors, il était emprisonné à Luzira.

“Nous voulions faire quelque chose de bien”, avait témoigné sa femme Ingrid D. au début du procès en octobre dernier.

“Nous mettions toutes nos économies dans ce projet depuis 2007 et puis nous avons fini par passer pour des criminels. La partie adverse ne cherche qu’à tirer des dommages et intérêts de ce procès”, avait-elle accusé.

Une ligne qui n’avait pas convaincu la justice locale au vu des nombreuses preuves et témoignages multiples du dossier.

“Des examens gynécologiques qu’il exécutait lui-même”

Un journaliste néerlandais qui avait tenté d’élucider le mystère en se rendant au “Bery’s Place” pour un reportage doute également de cet argumentaire de la défense.

“Les rumeurs faisaient le tour depuis des années déjà”, commente Arne Doornebal, correspondant de longue date en Ouganda.

“Il se disait qu’il procédait à des examens médicaux via des attouchements de leurs parties génitales.

Des filles qui s’étaient enfuies du centre ont confirmé qu’elles étaient forcées de dormir avec lui et de le masser”, résume-t-il.

L’homme n’a cependant jamais avoué.

Il emportera avec lui ses secrets dans la tombe.

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