Montréal | Un jugement de la Cour suprême décide d’un durcissement des peines pour des agressions sexuelles commises sur des enfants (Audio)

Ces crimes qui vont au-delà de l’agression, sont considérés par Nicole Gibeault comme le meurtre d’une âme

Majeure aujourd’hui, la victime n’avait que 8 ans lorsqu’elle a été agressée sexuellement par le prévenu. Photo d’illustration ER /Lionel VADAM

La Cour suprême souligne que les sentences pour les adultes qui sont coupables d’agressions sexuelles sur d’autres adultes ne devraient pas être les mêmes que celles commises contre des enfants. En effet, une agression contre un être vulnérable qui ne peut pas se défendre, doit être puni d’une manière plus sévère.

Enfin, un jugement de la Cour suprême est tombé disant que les peines doivent être plus sévères pour des agressions sexuelles commises sur des enfants.

Oui, en 2020, finalement le plus haut tribunal du pays l’a décrété. Il était temps!

C’est dans l’opinion populaire depuis fort longtemps.

Les personnes qui commettent des agressions sexuelles sur des enfants, on les appelle les «tueurs d’âmes» et on trouvait que les peines étaient trop souvent «bonbon» en comparaison avec d’autres genres de crimes.

Ce jugement tombe en pleine pandémie et on n’en a pas beaucoup parlé, mais c’est très important de le faire. C’est pourquoi j’ai reçu la juge à la retraite Nicole Gibeault à l’émission Avocats à la barre sur les ondes de QUB radio.

Vous pouvez écouter l’entrevue en cliquant sur le lien ci-dessous :

podcasts.apple.com

Selon Nicole Gibeault, il y a des hauts et des bas dans le système judiciaire; on parle souvent de choses négatives, mais maintenant il s’agit d’un dossier extrêmement important et le public devrait se réjouir d’une telle décision.

Il s’agit d’une décision en lien avec une agression sexuelle sur un enfant et la Cour suprême a vraiment pris le temps de dire à la population et surtout aux tribunaux inférieurs: écoutez, c’est extrêmement sérieux!

On parle des gens les plus vulnérables, ils n’ont aucune défense, c’est des enfants.

On a augmenté depuis plusieurs années dans le Code criminel les sentences pour des crimes d’agressions sexuelles commis sur des enfants et la Cour suprême vient dire que ça aurait dû être un incitatif pour tous les juges de ne plus être «frileux» et de pouvoir faire en sorte que ces sentences soient plus sévères lorsque ça concerne des enfants.

Ce ne doit pas être des sentences de vengeance, le système n’est pas fait ainsi.

Cependant, on souligne que les sentences pour les adultes qui sont coupables d’agressions sexuelles sur d’autres adultes ne devraient pas être les mêmes que celles commises contre des enfants.

Ce n’est pas pour banaliser les agressions sexuelles en général, mais bien pour faire comprendre qu’une agression contre un être vulnérable qui ne peut pas se défendre, c’est terrible et ça doit être puni d’une manière encore plus sévère.

Il était temps qu’on le dise… pourquoi encore plus sévère? C’est parce qu’on veut que l’exemple soit donné.

Au Canada, on protège nos enfants.

Ceux qui s’y attaquent, et surtout d’une manière aussi sordide que sont les agressions sexuelles contre les enfants, devront payer cher leur geste.

Une fois que l’agression est commise, il est trop tard. Il y a un enfant qui vivra toute sa vie avec des séquelles, et on ne revient pas en arrière. C’est pourquoi on les appelle les tueurs d’âmes.

D’autant plus qu’on se rend souvent compte dans ce genre de crime qu’il y a une grande partie de manipulation et d’abus en se servant de la naïveté des enfants.

Les agresseurs trahissent souvent la confiance de leurs victimes pour mieux les agresser et c’est totalement inacceptable.

On n’a même indiqué dans le jugement de ne plus utiliser le terme «caresser les parties génitales»; on ne caresse pas dans le cadre d’une agression… on agresse! Les caresses, on laisse ça pour un autre genre de vocabulaire et d’activités!

Un des grands problèmes qui rend encore plus graves les agressions contre les enfants, c’est que c’est malheureusement trop souvent fait sur une longue période.

La manipulation des agresseurs provoque une incompréhension des gestes commis sur les enfants qui subissent des agressions, ce qui rend encore plus difficile pour les petites victimes de dénoncer leur agresseur.

Certains prennent une vie avant de comprendre vraiment ce qu’ils ont subi et de dénoncer afin que justice soit faite.

Une autre difficulté a laquelle il faut faire face lorsqu’on essaie de poursuivre en justice des agresseurs d’enfants, c’est d’obtenir le témoignage d’un jeune sans le traumatiser à nouveau.

On a vu dans beaucoup de dossiers des jeunes ne pas vouloir parler, cacher ça dans le fin fond d’eux même pour ne pas souffrir à nouveau.

Beaucoup d’agresseurs réussissent même à culpabiliser l’enfant pour ce qui s’est passé!

Le mot prédateur prend encore plus de sens lorsqu’on parle d’agressions sexuelles contre des enfants. Je ne veux pas banaliser les autres agressions, mais ce jugement est bienvenu et j’espère que les juges l’appliqueront à la lettre pour enfin faire comprendre à ceux dont cette idée pourrait effleurer l’esprit la gravité de ces crimes qui vont au-delà de l’agression, mais qui sont bien, pour moi, le meurtre d’une âme.

 

Source : journaldemontreal.com

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