Amiens | Cinquième procès devant la cour d’appel dans l’affaire Shaïna

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Un nouveau procès et le dépit de la famille de Shaïna assassinée à Creil à l’âge de 15 ans
Il s’agit du cinquième procès concernant l’adolescente qui avait été poignardée et brûlée vive par son ex-petit ami en 2019.

Ce jeudi, deux hommes condamnés l’an dernier pour avoir grièvement violenté la jeune fille six mois avant sa mort, seront à nouveau jugés devant la cour d’appel d’Amiens (Somme). Une nouvelle épreuve pour la famille.

« Je sais qu’ils ont fait du mal à ma sœur… Je ne doute pas qu’ils seront reconnus coupables une nouvelle fois. »

La famille de Shaïna se serait bien passée de ce énième épisode judiciaire.

Ce jeudi, Yasin Hansye et ses parents retourneront pourtant au tribunal.

Devant la chambre spéciale des mineurs de la cour d’appel d’Amiens (Somme) plus exactement où seront rejugés deux auteurs de la violente agression qu’avait subie l’adolescente le 1er mai 2019 à Creil (Oise), six mois avant d’être sauvagement assassinée par son ex-petit ami.

Malik (tous les prénoms ont été changés), 21 ans aujourd’hui, en avait 15 au moment des faits. Rayan, 20 ans, en avait 14.

Ils ont tous deux été reconnus coupables en juin 2024 de violences aggravées, vol et menaces par le tribunal pour enfants de Senlis, dans l’Oise, écopant pour l’un de vingt mois de prison dont six avec sursis, et pour l’autre de douze mois de sursis.

Une vendetta après la plainte déposée pour viol

Le jour de l’agression, ils avaient interpellé Shaïna, 15 ans à l’époque, qui se trouvait au pied d’un immeuble à Creil avec une amie.

Ils l’avaient alors menacée de mort et l’avaient rouée de coups avant de lui voler son téléphone.

Une dizaine de personnes s’étaient acharnées sur elle, la laissant pour morte, le visage tuméfié et tellement choquée qu’elle ne parvenait plus à s’exprimer.

Malik aurait été l’initiateur de cette vendetta visant à faire taire la jeune fille et à supprimer des messages sur son mobile.

Cette dernière avait déposé plainte pour viol en réunion contre lui et trois autres individus après avoir été contrainte à des relations sexuelles dans une cave des Hauts-de-Creil le 31 août 2017.

Malik était alors son petit ami et l’avait entraînée dans ce piège. La totalité de la scène avait été filmée.

Les quatre mis en cause ont tous été condamnés le 1er juin 2023 pour ces faits requalifiés en agression sexuelle. Malik écopant de la plus lourde peine : deux ans d’emprisonnement totalement assortis d’un sursis probatoire de trois ans.

Depuis cet épisode sombre dans la cave, Shaïna faisait l’objet de rumeurs persistantes la qualifiant de « fille facile ».

Pourtant victime, elle subissait régulièrement des insultes au collège et souffrait de cette réputation inventée de toutes pièces par ses agresseurs.

Jusqu’à ce jour de mai 2019 où plusieurs personnes s’en prennent à elle, n’hésitant pas à lui donner des coups de pied en plein visage alors qu’elle se trouve recroquevillée sur le sol.

« On espère qu’ils auront quelque chose à dire cette fois »

Six mois plus tard, le 25 octobre 2019, Shaïna était assassinée dans des circonstances d’une violence inouïe.

Son ex-petit ami, qui avait alors 17 ans, l’avait poignardée et brûlée vive à Creil après avoir appris qu’elle était enceinte. Elle n’avait que 15 ans.

Son assassin sera finalement condamné à dix-huit ans de prison le 9 juin 2023 par la cour d’assises des mineurs de l’Oise ; une peine qui aurait pu monter jusqu’à trente ans s’il avait été jugé comme un homme majeur

« Aucune peine n’a été juste, estime Yasin Hansye, le frère de la victime.

Que ce soit la requalification de viol en agression sexuelle ou le fait que son meurtrier soit jugé comme un mineur alors qu’il avait 17 ans et demi au moment des faits…

J’aurais aimé que les auteurs des agressions prennent un peu de ferme et passent par la case prison.

Mais tant qu’ils sont condamnés, ce sera notre victoire. Ça prouvera que Shaïna n’avait pas menti ! »

« Il y a beaucoup de preuves dans ce dossier »

Ce jeudi comme en première instance, Malik niera avoir agressé Shaïna.

« Les faits sont contestés, confirme son avocat Me Guillaume Radot. L’objectif c’est la relaxe. »

Rayan, lui, aurait porté plusieurs coups à Shaïna et s’en serait même vanté sur les réseaux sociaux. Il a cependant contesté toute implication dans cette agression.

« Il y a beaucoup de preuves dans ce dossier », rappelle toutefois Yasin Hansye.

Pour l’avocate de la famille, cette position de « nier tout en bloc » s’annonce comme une nouvelle épreuve.

« Les mis en cause avaient décidé de se taire en première instance ce qui avait créé une frustration car on n’avait pas d’explications, détaille Me Negar Haeri.

S’ils ont fait appel pour provoquer une nouvelle audience et se taire à nouveau ce sera pénible pour tout le monde.

On espère qu’ils auront quelque chose à dire cette fois, on aimerait pouvoir faire notre deuil et clôturer cette affaire. »

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