Nièvre | Un oncle condamné à du sursis pour avoir agressé sexuellement 2 de ses nièces

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« Je ne vois pas d’évolution chez lui, ce sont toujours elles qui portent la honte »
Un Nivernais de 68 ans est condamné à deux ans de prison avec sursis probatoire, mardi 31 mai, pour des attouchements sur deux de ses nièces, âgées de 10 à 12 ans au moment des faits. Elles sont présentes à l’audience.

Elles peuvent y entendre des paroles réparatrices.

Même si la cautérisation de leurs plaies psychologiques ne peut, évidemment, être instantanée.

Ces mots ne viennent pas du prévenu, qui se cantonne à un registre d’expressions bien mal choisies, voire insultantes, eu égard à la gravité de ses actes : « Des gestes à la con », « C’est pas mon style », « J’ai fait l’andouille »…

C’est la présidente du tribunal correctionnel, Agnès Bonnet, qui prononce la phrase capitale :

« Vous n’êtes pas qu’une victime, c’est important de l’entendre, vous êtes une victime, c’est évident, mais pas que… »

À ce moment-là, se tient devant elle Bérénice (prénom modifié).

La frêle adolescente esquisse un début de sourire.

La magistrate vient de la féliciter pour les études d’éducatrice pour jeunes enfants qu’elle a engagées.

Cela lui fait chaud au cœur, elle qui vient de traverser des années de dépression marquées par la spasmophilie, les cauchemars récurrents et l’impression tenace de ne rien valoir.

Non, l’échec est derrière elle, maintenant.

Avec le courage dont elle a déjà fait preuve, l’avenir lui tend les bras.

Quelle force mentale il lui a fallu, en effet, quand elle a décidé de porter plainte en 2018, de dénoncer des caresses sur ses seins et sur son sexe infligés, en 2014, lors d’une visite de cet oncle chez ses parents.

Sa mère, avertie peu après l’événement traumatique, avait choisi de simplement menacer de poursuites son beau-frère s’il recommençait.

La chape de plomb s’était abattue sur la petite.

Bérénice a fini par la briser, ne supportant plus que son oncle soit choyé par toute la famille après le décès de son épouse, alors que personne ne prenait en compte le mal qu’il lui avait fait:

« Je voulais déposer plainte aussi parce que j’avais une cousine de 12 ans et que j’avais peur pour elle »

En parlant, elle a découvert que c’est une cousine plus âgée qui se trouvait être victime du même oncle pervers.

Il s’agit de Ludivine (prénom modifié).

Elle pleure à la barre.

Elle s’en veut de ne pas avoir révélé les agressions sexuelles subies, quatre ans avant Bérénice, lors de vacances en Espagne:

« J’au… j’aurais pu lui éviter ça… »

La présidente la reprend :

« Ne vous en voulez pas. Un enfant ne peut pas lutter contre un milieu familial soudé. Vous étiez jeune, c’était vous demander l’impossible. Vous avez fait ce que vous avez pu. Vous savez, il faut du temps… ».

Je ne vois pas d’évolution chez lui, ce sont toujours elles qui portent la honte

Et l’oncle, l’a-t-il mis à profit, ce temps ?

Depuis ses déclarations dérangeantes devant les enquêteurs, lorsqu’il a sous-entendu que les victimes étaient limite aguicheuses (répétons-le, elles avaient entre 10 et 12 ans) à mettre ainsi des chemisiers et à s’asseoir sur ses genoux.

Ou encore depuis son expertise psychiatrique, durant laquelle il n’a montré aucun signe d’empathie.

Me Gabrielle Saint-André, avocate des parties civiles, en doute :

« Je ne vois pas d’évolution chez lui, ce sont toujours elles qui portent la honte »

Me Élodie Picard, avocate de la défense, n’est pas de cet avis :

« Le travail est en cours. Il n’y a pas encore d’empathie, mais on sent un positionnement différent vis-à-vis des victimes ».

Le retraité, jusqu’alors inconnu de la justice, est ainsi condamné à deux ans de prison avec un sursis probatoire comprenant une obligation de soins et d’indemnisation, à hauteur de 3.000 € pour chacune des nièces.

Il est interdit de contact avec elles et avec tout mineur.

Et son nom est inscrit au fichier des délinquants et criminels sexuels.

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