a-t-il affirmé.
À tel point que lorsque le ministère public, les avocats ou encore la présidente du tribunal l’ont interrogé sur les faits de viols, agressions sexuelles et tentatives de viols dont il est accusé, Romuald Delpature a botté en touche.
À la barre pendant près d’une heure, Romuald Delpature est questionné.
De quoi se souvient-il ? A-t-il imposé des fellations à William ? Y a-t-il eu des pénétrations anales ? Une seule réponse, comme un mur : “possible”.
Malgré la demande de la présidente, Audrey Debeugny, de faire “un effort de mémoire, car on ne sait pas ce que vous connaissez”, le fond des réponses est resté le même : “possible”.
“Je me suis basé sur ce que j’avais fait sur les autres victimes”,
a déclaré Romuald Delpature.
Des “pulsions” comme tous les “prédateurs”
Pour justifier ces explications, l’accusé met en avant un gros travail sur lui-même.
Il n’est plus comme les premières fois où il est passé devant la Cour d’assises en 1997 et 2000.
Après “20 ans de thérapie” comme il le dit, il “regrette”, “préfère oublier”.
Une explication qui, soudainement, peine à passer lorsque le tribunal a mis en avant le fait que l’accusé détient plus de 69.000 images, pour la quasi-totalité pédopornographiques, sur ses tablettes, ordinateurs et disques durs.
“Des moments de faiblesse”, admet bien volontairement Romuald Delpature.
Des images d’enfants, surtout des fillettes, en poses suggestives, dénudées, en maillot de bain, téléchargées presque tous les mois, en 2016, 2017 et 2018.
“Ce n’est pas si épisodique que ça”,
s’agace Marie-Christine Woldanski qui représente le ministère public.
L’accusé, lui, se dédouane :
“Je n’ai pas touché d’enfant grâce à la thérapie.”
Mais le substitut du procureur insiste, face à cette kyrielle d’images choquantes.
“Ce sont des pulsions comme ressentent tous les prédateurs”,
a fini par lâcher le mis en cause qui dit “avoir besoin de voir ces images”, et a reconnu, une attirance pour les mineurs.
Au total, William serait la septième victime de Romuald Delpature.
La présidente de la Cour, Audrey Debeugny s’est interrogée : y en a-t-il d’autres ?
L’homme de 49 ans affirme que non. Comme il avait assuré lors de son procès en 2000 que les cinquième et sixième victime étaient les dernières.
Toutes, il les a rencontrées au château de la Cave, à Beaumont-Sardolles. Dans les années 90, la mère de William et son beau-père allaient régulièrement au château, les week-ends.
“C’était bonne ambiance, on laissait les enfants jouer tout seuls”,
rapporte l’ancien beau-père de la victime.
William, lui, n’a pas vraiment les mêmes souvenirs, et évoque des tentatives de fellations et de sodomies forcées, échouées.
Plus d’une dizaine de fois.
“Ça arrivait presque à chaque fois qu’on se voyait.”
Avant d’ajouter :
“il avait la fâcheuse habitude de me mettre sur le ventre, il frottait mes parties génitales avec son sexe, et remontait vers l’anus. J’ai ressenti de vives douleurs deux ou trois fois”.
“Il y avait des caresses, des bisous, du corps à corps. Il m’embrassait dans le cou, ça piquait. Je me souviens, il avait le poil assez dur, ça me dégoutait”,
se remémore William.
Dans une chambre, une jupe à carreau que l’accusé lui aurait demandé d’enfiler.
La déposition des experts attendue
De ces deux années passées à côtoyer Romuald Delpature, William reste très marqué, selon l’expert psychologue.
Dans son rapport, il a dépeint un homme souffrant d’un “syndrome post-traumatique intense” (addictions, mutilations, tentatives de suicides, négligence, entre autres) et une “importante fragilité psychologique”.
“Il s’est construit sur des fondations brisées. Ce n’est pas William qu’il faut réparer, c’est ce passé”,
a lâché la compagne de William devant la Cour.
L’expert quant à lui a pointé un individu qui s’est senti “seul dans ce qu’il traverse vis-à-vis de sa famille”.
Concrètement, l’expert a estimé que la victime attend de ce procès de la crédibilité, d’être entendu dans une famille “où les transgressions sexuelles étaient banalisées”.
D’un garçon “un peu espiègle” décrit par son ex-beau-père, son attitude a drastiquement changé en CM2, selon ce même témoin.
“Ça a été une escalade continue, décrit-il.
L’enfant est envoyé en pensions, puis en foyer.
Dès ses neuf ans, il a quitté sa famille.
“Peut-être que j’ai voulu occulter ça, je ne sais pas…”,
a regretté dans un sanglot la mère de la victime ce lundi 10 octobre.
Le procès doit se poursuivre et s’achever mardi 11 octobre. Experts psychologue et psychiatre doivent encore déposer à propos de Romuald Delpature.