Nice | Un beau-père récidiviste condamné à 3 ans de prison pour agressions sexuelles

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« Si tu parles, je vous tuerai tous ! »
Âgée de 11 ans au moment des faits, Amélie s’est tue pendant 4 ans avant de révéler l’agression subie par celui qui était comme son père. Il a été condamné par le tribunal de Meaux

Après les faits, Amélie* a cessé de considérer Isaias comme s’il était son père.

Outre les violences qu’il a exercées sur sa mère, il a abusé d’elle alors qu’elle n’avait que 11 ans.

Impressionnée par ses menaces, la jeune fille a gardé le silence pendant 4 ans, avant de trouver le courage de tout révéler.

Mercredi 9 novembre 2022, Isaias, 43 ans, s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel de Meaux, pour agression sexuelle.

Fait assez rare, le tribunal meldois jugeait alors une affaire qui s’est déroulée à Nice.

La raison est en réalité très simple : le quarantenaire a été interpellé chez sa sœur, à Chauconin-Neufmontiers.

Un silence de 4 ans

En septembre 2020, Rachelle*, la mère d’Amélie s’est présentée au commissariat de Nice pour porter plainte.

Sa fille venait de lui raconter ce qu’elle avait pourtant confié immédiatement à sa meilleure amie en 2016 : son agression par celui qu’elle considérait comme son père, Isaias.

Pourquoi ce long silence ? Probablement par peur de possibles représailles d’Isaias car elle s’est décidée aussitôt après avoir appris son incarcération pour plusieurs mois.

« Tu me provoques, je sais que tu en as envie ! »

Il y a 4 ans, alors qu’elle était seule assise en tailleur sur le lit de sa mère, jouant avec son téléphone en short et en t-shirt, Isaias est arrivé.

Pourtant, en septembre 2016, sa mère avait décidé de se séparer de lui, et il faisait l’objet d’une mesure d’éloignement.

Mais il ne s’est pas soucié de l’injonction en arrivant dans la chambre et en lâchant :

« Tu me provoques, je sais que tu en as envie ! »

Il a alors poussé Amélie, l’a plaquée sur le lit et a commencé à se livrer à des attouchements.

Il l’a caressée, l’a embrassée sur le corps malgré ses tentatives de le repousser.

La mère ferme les yeux

L’arrivée de Rachelle l’a contraint à cesser mais le regard sans équivoque d’Isaias lui a imposé de se taire.

Dès que la mère est ressortie dans le jardin, il est revenu à la charge.

Il lui a exhibé son sexe en érection, tout en exigeant d’elle le silence :

« Si tu parles, je vous tuerai tous ! »

Les jours suivants, chaque fois qu’elle était seule, Amélie s’enfermait dans sa chambre et laissait Isaias tambouriner à la porte, au point de l’endommager.

Interrogée par les policiers, Rachelle a avoué ne pas avoir attaché trop d’importance à certains gestes d’Isaias comme les claques sur les fesses qu’il se permettait au passage de la fillette.

Elle ne s’est pas inquiétée non plus de la dictature vestimentaire qu’il imposait à leur fille comme aux deux siennes, nées d’une précédente union : pas de jupe, pas de t-shirt :

« Tu t’habilles pour faire la pute ! »

Elle ne s’est pas étonnée non plus du refus d’Amélie de rester seule avec lui.

Agression ou viol ?

Après sa détention, Isaias a quitté Nice.

C’est là qu’il a été interpellé chez sa sœur pour agression sexuelle sur Amélie.

Entendu durant sa garde à vue, il a nié en bloc.

Mais il a reconnu son « comportement très directif avec ses filles sur leur façon de s’habiller, la dégradation de la porte, les insultes et menaces ».

La première audience s’est déroulée en octobre 2021, en présence de Rachelle et d’Amélie.

Mais les révélations de cette dernière ont bousculé le déroulement de l’instruction quand elle a évoqué une pénétration.

La précision d’un grain de beauté sur le pénis d’Isaias a jeté le trouble dans la salle et donné du crédit à ses propos.

Les faits pouvant être requalifiés de viol, le président d’audience a prononcé le renvoi du dossier.

Mais ni Amélie, ni Isaias n’ont accepté d’examen gynécologique ou de visite médicale.

La confrontation ayant tourné court en raison des insultes à répétition d’Isaias, l’audience a été renvoyée.

Mais les faits n’ont pas été requalifiés.

15 condamnations au casier

De retour dans la salle ce 9 novembre, Isaias, détenu pour deux autres affaires à caractère sexuel, a assisté à son procès depuis le box du tribunal.

Les deux victimes ont préféré ne pas venir, Amelie craignant de devoir affronter à nouveau les regards et les insultes d’Isaias.

Après le résumé des faits, le casier du prévenu a été évoqué.

Il compte 15 condamnations dont cinq pour violences conjugales.

Faisant suite, l’avocate des victimes est revenue sur les moments forts de l’affaire avant de demander 10 000€ de compensation pour le préjudice moral.

Le procureur, qui a qualifié l’infraction « d’agression sexuelle incestueuse », a requis une peine de prison très lourde à l’encontre du prévenu.

Prison ferme pour le prévenu

L’entame de l’avocate d’Isaias a donc surpris :

« Je vais demander la relaxe »

Toute sa ligne était fondée sur un argument :

Ses remarques sur les vêtements sont odieuses et inacceptables mais ça ne fait pas de lui un coupable, un prédateur sexuel !

Elle a tenté de démontrer que la démarche d’Amélie ne visait que le seul objectif de « protéger sa famille », reprenant certaines de déclarations de la jeune fille pour étayer sa théorie :

Je le considérais comme un père mais quand il a commencé à être violent avec ma mère, mon regard sur lui a changé. Mon principal reproche, c’est d’avoir fait de ma vie, de celle de ma mère et de mes sœurs, un enfer ! J’ai assisté et je ne pouvais rien faire !

Ces arguments n’ont pas convaincu.

Les juges ont déclaré Isaias coupable et l’ont condamné à trois ans de prison avec maintien en détention.

Il devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant trois ans sinon il s’exposera à 18 mois de prison supplémentaires.

Il devra se plier à des soins psychiatriques et respecter une interdiction de contact avec Amélie et sa mère.

Il devra aussi leur verser 8 000€.

Son nom ira rejoindre le fichier des délinquants sexuels.

*Les prénoms ont été modifiés.

 

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