Moulins | Jean-Philippe Galerie professeur pédocriminel du collège Saint-Benoît, jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs

Baisers, caresses, demandes de fellation, relations sexuelles parfois à plusieurs

Jean-Philippe Galerie

Surnommé «Papa d’amour», Jean-Philippe Galerie, professeur de chant au centre scolaire catholique Saint-Benoît à Moulins, comparaît pour viols, agressions sexuelles et corruption de mineurs sur dix de ses anciennes élèves.

Âgé de 46 ans et père de quatre enfants, il a été interpellé en mars 2016 à son domicile de Saint-Sigismond (Maine-et-Loire). Depuis, l’homme est en détention provisoire au centre pénitentiaire de Riom (Puy-de-Dôme).

Ce compositeur-interprète de musique religieuse avait été recruté au collège de Saint-Benoît en tant qu’intervenant extérieur. Sa mission? Monter des spectacles de fin d’année avec des élèves de l’établissement. Une quarantaine d’adolescents allant de la sixième à la première participaient à son atelier de chant-chorale intitulé «Atout Cœur».

Professeur de musique réputé et adoré par les élèves et leurs parents, ce père de famille agissait comme un «gourou» sur ses victimes. Sept des dix victimes, parties civiles lors du procès, reconnaissent avoir été «impressionnées» et «charmées» par l’homme qu’elles considéraient à l’époque comme leur confident.

De vingt ans leur aîné, le professeur avait une technique bien rodée. Les victimes faisaient souvent partie des premiers rôles de ses spectacles. Nouant des liens affectifs similaires à ceux d’une relation père-fille, l’homme entretenait cette proximité jusqu’à devenir progressivement de plus en plus intime.

Il demandait ainsi à ses victimes de l’appeler «Papa d’amour», en échange de quoi, les jeunes filles âgées de 14 à 17 ans recevaient bijoux, parfums et sous-vêtements. Le quarantenaire échangeait quotidiennement par Internet avec les jeunes filles par messagerie instantanée ou par webcam, via une adresse qu’il leur créait spécialement.

Lors de ces échanges, l’homme demandait aux jeunes filles de se dénuder, et entrait petit à petit jusque dans leur intimité.

«Il y a eu une confusion totale de l’âge et des interdits chez cet homme présentant une grande faille narcissique. On est ici dans une problématique de relation incestueuse», a souligné son avocat, Me Denis Dreyfus.

Une emprise morale

Jurant être «amoureux» de ces adolescentes, l’homme exerçait sur ces jeunes filles une emprise telle que beaucoup d’entre elles acceptaient de se rendre à son domicile familial, dans le Maine-et-Loire, pour suivre des «stages» de préparation aux spectacles.

Des séjours qui, en réalité, se traduisaient par des baisers, caresses, demandes de fellation, relations sexuelles (non protégées, et parfois à plusieurs) durant les répétitions dans son studio de musique.

Des faits qu’il légitimait en incriminant «l’excès de rigueur morale» dans la société. Entre crainte et admiration, ces jeunes filles vierges et «tétanisées» ne savaient pas comment réagir, incapables de lui résister.

«Il y avait une perversité donjuanesque chez l’accusé qui a profité de la naïveté de nombreuses gamines. Il leur donnait le sentiment d’être considérées comme des femmes», a estimé l’avocat de plusieurs victimes, Me Gilles-Jean-Portejoie.

Toutes les victimes évoquent également un mode de fonctionnement «sectaire», les mettant «en compétition» les unes avec les autres, en matière de chant comme de sexualité.

En 2010, une famille porte plainte après avoir découvert des messages explicites sur la messagerie de sa fille. Prenant peur, l’homme supprime toutes les boîtes mails de ses victimes.

Condamné une première fois en 2011 pour corruption de mineur, il écope alors de cinq mois de prison avec sursis, ce qui ne l’empêche pas de continuer à intervenir dans l’établissement scolaire.

Le témoignage d’une nouvelle jeune fille, en mai 2015, donnant le nom d’autres victimes, aboutit à son interpellation et son placement en détention en mars 2016.

L’ancien pizzaïolo et ex-secrétaire des scouts de France a reconnu intégralement les faits, ajoutant même des noms et détails quant aux relations qu’il entretenait.

«Il est dans une dynamique de vérité, il a compris qu’en tant qu’adulte il aurait dû mettre des barrières et il poursuit le travail sur lui-même», détaille son avocat.

«Il y a, il le sait, un vertige entre les faits qu’il a commis, sa vie de famille de l’époque et les valeurs qu’il prônait dans son investissement religieux», ajoute Me Dreyfus.

Son actuelle compagne, qui fait partie des victimes présumées, continue de le défendre. Jean-Philippe Galerie qui a divorcé en 2013, s’est en effet installé en couple avec l’une de ses anciennes élèves. N’étant pas partie civile, la jeune femme n‘a cessé de clamer son consentement.

Le tribunal a accordé un huis clos partiel avec autorisation des journalistes et des familles, à la demande de l’avocate de plusieurs victimes.

Source : lefigaro

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