Melbourne | Le cardinal Pell sera jugé pour agressions sexuelles et plaide non coupable

Il y a suffisamment de preuves pour inculper le plus haut représentant de la hiérarchie ecclésiale

Le cardinal George Pell (à g.) et son avocat, Maître Robert Richter, à la sortie du tribunal de Melbourne, le 1er mai. / Michael Dodge/Getty Images/AFP

Après quatre semaines d’auditions, l’ancien archevêque de Melbourne et de Sydney a été formellement inculpé pour agressions sexuelles, même si une partie des accusations a été abandonnée.

Le numéro trois du Vatican nie les faits qui lui sont reprochés

Le cardinal australien George Pell sera jugé pour agressions sexuelles. Présent à la lecture des attendus, le « ministre des finances » du Vatican a immédiatement réagi en démentant catégoriquement ces accusations. Il plaidera non coupable.

Sans dévoiler la nature des faits présumés retenus (certains chefs d’accusations ont été écartés), la juge Belinda Wallington a déclaré être « convaincue » du fait qu’il y a suffisamment de preuves pour l’inculper, évoquant de « multiples plaignants ». Une audience procédurale est prévue mercredi afin de fixer la date du procès.

Une première pour l’Église

C’est une première pour l’Église catholique. En effet, ce proche collaborateur du pape François, qui l’avait nommé dans le conseil des neuf cardinaux chargés de l’aider dans la réforme de la Curie et des finances vaticanes, est le plus haut représentant de la hiérarchie ecclésiale à être poursuivi pour agressions sexuelles.

Les accusations remontent aux années 1970-1990

Parmi les accusations examinées par la juge Wallington, figuraient des agressions sexuelles présumées à Ballarat, dans les années 1970, lorsqu’il était prêtre de cette région, ainsi qu’à la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne, dans les années 1990, alors qu’il était archevêque du diocèse.

Pendant quatre semaines en mars, le tribunal de Melbourne avait entendu des témoignages de victimes présumées. Pour protéger les plaignants et garder leurs témoignages confidentiels, les dix premiers jours avaient été fermés au public et aux médias.

Libéré sous caution

« Les victimes présumées ne sont pas crédibles », a déclaré l’avocat du cardinal, Robert Richter.

Les accusations « sont le fruit de problèmes mentaux, de fantasmes ou sont de l’invention pure, dans le but de punir le représentant de l’Église catholique dans ce pays pour n’avoir pas empêché les agressions pédophiles commises par d’autres. Le cardinal Pell a été perçu comme le visage de cette responsabilité », a-t-il déclaré.

Robert Richter a voulu rappeler que l’ecclésiastique a toujours « coopéré avec la police de l’État du Victoria » et qu’« il maintient être innocent ».

Après cette décision judiciaire, l’ancien archevêque de Melbourne (1996-2001) et de Sydney (2001-2014) a été libéré sous caution et interdit de sortie de territoire.

Il y a un an, le cardinal avait pris congé de ses fonctions de préfet du Secrétariat pour l’économie au Vatican, qu’il occupe depuis 2014, pour répondre à ces accusations.

« Le Saint-Siège a pris note de la décision rendue par les autorités judiciaires australiennes concernant son éminence le cardinal George Pell », a réagi mardi le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Greg Burke, indiquant que ce congé est maintenu.

Sollicitée par La Croix, la Conférence des évêques australiens continue à décrire le cardinal Pell comme « un homme tout à fait honnête ».

L’actuel archevêque de Melbourne, Mgr Denis Hart, a préféré s’abstenir de tout commentaire et indiqué sur le site de son diocèse que la justice doit maintenant suivre son cours, exprimant sa « confiance dans le système judiciaire en Australie ».

Concile plénier

Une enquête officielle sur les abus sexuels sur des enfants au sein des institutions australiennes a été ordonnée en 2012 par la première ministre australienne de l’époque, Julia Gillard.

60 % des victimes entendues ont dit avoir subi des abus dans des institutions confessionnelles, dont deux tiers dans des institutions catholiques. Mgr Vincent Long Van Nguyen, évêque du diocèse de Parramatta, avait indiqué avoir été lui-même victime d’abus sexuels.

Le cardinal Pell avait été entendu trois fois dans cette affaire et avait admis « avoir failli » dans sa gestion des prêtres pédophiles dans l’État du Victoria. Après cette enquête, son inculpation a déclenché un scandale sans précédent dans le pays.

Depuis, des évêques australiens ont demandé au pape d’organiser un Concile plénier particulier afin d’engager la réforme de l’Église locale. Celui-ci a accepté et le concile aura lieu en 2020.

La date du procès sera connue mercredi 2 mai.

Source : la-croix.com

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