Manitoba | Roland Lauze, l’ancien directeur de l’école catholique de Nelson House, accusé d’abus sexuels sur mineurs

Agressions sexuelles, attouchements, masturbations, viol oral, vaginal et anal…

Tribunal provincial du Manitoba

Une déclaration déposée devant la Cour du banc de la Reine du Manitoba décrit de manière explicite les agressions alléguées contre Roland Lauze à l’encontre des quatre personnes, entre 1954 et 1967, alors qu’elles étaient enfants.

Quatre membres de la Première Nation de Nelson House, au Manitoba, reprochent au gouvernement fédéral d’avoir manqué à son obligation de les protéger des agissements du directeur d’une petite école catholique, qu’ils accusent d’agressions sexuelles dans les années 1950 et 1960.

Deux femmes et deux hommes de la Première Nation de Nelson House, aujourd’hui âgés de 50 à 70 ans, poursuivent en justice le Procureur général du Canada pour avoir possiblement échoué à les protéger des agissements de l’ancien enseignant et directeur de l’école catholique romaine de Nelson House, Roland Lauze, aujourd’hui décédé.

L’école administrée par le gouvernement fédéral, ouverte entre 1928 et 1974, était la propriété du ministère des Affaires indiennes. Elle se trouvait sur un terrain appartenant à l’Archidiocèse de Saint-Boniface jusqu’en 1967, situé près de Nelson House, à environ 660 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg.

Scolarisés dans les années 1950 et 1960

Les quatre personnes y étaient scolarisées dans les années 1950 et 1960. Roland Lauze, qui est mort en 1970, était enseignant et directeur de l’école depuis son ouverture jusqu’en 1968 environ.

Il est cité comme l’un des « Manitobains mémorables » sur le site de la Société historique du Manitoba, qui mentionne aussi une série d’accusations d’agressions sexuelles déposées par d’anciens élèves en 2013.

La déclaration déposée devant la Cour du banc de la Reine du Manitoba décrit de manière explicite les agressions alléguées contre Roland Lauze à l’encontre des quatre personnes, entre 1954 et 1967, alors qu’elles étaient enfants.

Ces allégations mentionnent des actes d’attouchement, de masturbation et des relations sexuelles contraintes, orales, vaginales et anales. Les plaignants étaient âgés de 5 à 11 ans au moment des faits supposés, qui se seraient déroulés dans le sous-sol de l’école, dans des salles de classe et dans les appartements de Roland Lauze.

« Les requérants étaient dans l’incapacité d’engager cette poursuite judiciaire jusqu’à présent en raison des séquelles physiques, mentales ou psychologiques liées aux sévices », indique le document.

Les quatre plaignants demandent des réparations financières, dont le montant n’a pas été révélé, et le paiement des frais de justice. Ils prétendent que le gouvernement fédéral est responsable des agressions supposées, parce que Roland Lauze était en principe un employé fédéral à cette époque et que le gouvernement a failli à son obligation de protéger des abus sexuels les enfants placés sous l’autorité du directeur.

Aucune des accusations prouvée devant la justice

La poursuite judiciaire évoque des préjudices invalidants

Dans le cas le plus ancien, Roland Lauze est accusé d’avoir fait des attouchements et sodomisé une fille à deux reprises au moins, entre 1954 et 1955, alors qu’elle avait 8 ou 9 ans.

Le directeur aurait aussi masturbé et réalisé des attouchements sexuels sur un garçon au moins cinq fois entre 1962 et 1967. Le garçon était âgé de 9 ou 10 ans en 1967.

Roland Lauze aurait forcé un autre garçon à subir des caresses sexuelles, des masturbations, des fellations et une tentative de relation anale une dizaine de fois au cours des années 1960, prétend l’accusation. Au moins l’un des faits se serait déroulé dans le logement privé du prêtre catholique alors que le garçon était âgé de 6 à 11 ans, selon le document.

Une autre fille, qui a commencé sa scolarité en 1965, à l’âge de 6 ans, a subi des attouchements sexuels, a été caressée et contrainte à se soumettre à des relations orales et vaginales, allèguent les documents.

Tous les quatre ont subi « des préjudices sexuels, physiques, émotionnels et psychologiques importants, durables et invalidants » qui ont touché la plupart des aspects de leur vie, selon les documents.

La plainte indique que les conséquences de ces années de violences comprennent entre autres des traumatismes sexuels, physiques et psychologiques, des douleurs physiques, la perte de confiance et d’estime de soi, des peurs chroniques et une anxiété généralisée, un sentiment d’isolement psychologique, la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires, l’incapacité à nouer ou à maintenir des relations amicales, la perte de la joie de vivre, une déficience quant aux interactions avec des figures d’autorité et l’incapacité à retenir un emploi rémunéré.

Le fédéral ne veut pas aller en cour

Le groupe dit que le gouvernement fédéral aurait été négligent en ne prévoyant pas d’équilibre des pouvoirs et de vérification adéquate pour l’école afin que des élèves sous la tutelle de personnes comme M. Lauze soient en sécurité.

Un porte-parole d’Affaires autochtones et du Nord Canada dit que son ministère s’est engagé à « rectifier des torts commis contre des personnes autochtones », en notant que le gouvernement ne pense pas que cela devrait impliquer les tribunaux dans ce cas.

« Bien que le gouvernement du Canada respecte la décision des requérants d’acheminer leur cause en devant la justice, le Canada croit que la meilleure façon de traiter des problèmes non résolus et de parvenir à la réconciliation avec les peuples autochtones est la négociation et le dialogue plutôt que le contentieux », affirme-t-il.

« Nous étudions actuellement ce dossier et nous sommes engagés à travailler avec toutes les parties prenantes pour explorer des mécanismes autres que la procédure accusatoire pour traiter ces accusations. »

Source : ici.radio-canada.ca

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