Lorient | Une Morlaisienne de 70 ans en marche contre la pédocriminalité

Elle s’est engagée, à pied, depuis le 1er septembre, dans un parcours à travers les cinq départements de la Bretagne historique. 70 ans au compteur et 25 kg sur le dos, la Morlaisienne Martine Barosco-Le Luc a déjà effectué 700 km, « pour éveiller les consciences contre la pédophilie ».

« Je marche à la fois pour moi et pour éveiller les consciences », explique Martine Barosco-Le Luc. (Photo S. P.)

Elle est repartie de Lorient, mardi. Direction Quimperlé.

20 kilomètres minimum par jour, par les sentiers côtiers et les départementales, « pour être visible et en sécurité ».

C’est le plan de vol – version pédestre – que la retraitée morlaisienne Martine Barosco-Le Luc s’est fixée depuis un mois tout rond.

Partie de la cité du Viaduc, l’ancienne restauratrice de meubles, peintre à ses heures et longtemps sympathisante de l’Union démocratique bretonne, a déjà longé toute la côte nord, rallié Rennes puis Nantes, avant de descendre sur Vannes, Auray puis Lorient, ce mardi.

Lorsqu’elle s’est lancée de Ploujean (Morlaix), le 1er septembre, elle avait déjà fourbi ses armes (sac à dos, duvet, cartes routières et bâtons de marche) et ses arguments :

« Je suis sportive et j’avais envie de sortir de ma zone de confort.

J’ai trouvé ce Tro Breiz à ma façon.

Je suis hébergée chaque soir dans des univers différents, que ça soit chez des amis, des amis d’amis, ou des personnes rencontrées sur le chemin.

Cela me permet d’échanger et de faire passer mon message ».

Tonique et souriante, Martine Barosco-Le Luc avance avec conviction.

Elle n’a pas de plan de communication affiché, mais l’envie de faire avancer une cause.

« Celle des enfants victimes d’abus sexuels, principalement.

Non pas que j’ai été concernée moi-même par la pédophilie.

Mais la question est cruellement d’actualité, la loi Schiappa, même imparfaite, a commencé à lever le couvercle.

C’est un crime contre l’humanité !

La souffrance des victimes met souvent plusieurs dizaines d’années à s’exprimer et quand elle arrive, elle explose.

La prise en charge est encore insuffisante.

La loi a encore besoin d’évoluer ».

Avant 2004, les mineurs ayant subi des viols pouvaient porter plainte jusqu’à seulement dix ans après leur majorité.

Le seuil est ensuite passé à 20, puis 30 ans depuis la loi contre les violences sexistes et sexuelles votée en mars dernier.

« Mais, pour moi, il faudrait purement et simplement abolir la prescription », déplore la Morlaisienne.

Militante associative de longue date (elle est vice-présidente 29 de l’association de parents d’enfants sourds ADEPEDA et siège à l’Union départementale des associations familiales), la marcheuse a malheureusement déjà recueilli des témoignages sur son chemin.

« Comme cette quinquagénaire qui m’a hébergée pour une nuit près de Rennes, mi-septembre, raconte-t-elle.

Avant de me quitter le lendemain matin, elle m’est tombée dans les bras, m’avouant avoir été violée à l’âge de cinq ans ».

Arrivée à Port-Louis (56), près de Lorient, lundi soir, Martine Barosco-Le Luc a posé son sac sans rendez-vous, à la rédaction du Télégramme, mardi matin.

Avant de reprendre la direction de Pont-Scorff (56), en bus, puis de Quimperlé (29), à pied.

Les grandes cartes militaires, vestiges de la carrière de son mari à la Base aéronavale de Landivisiau (29), ne la quittent pas.

Depuis Morlaix, la famille suit quotidiennement le périple et les kilomètres parcourus.

Concarneau (29), Rosporden (29), Quimper, Châteaulin (29), Brest ou Plouescat (29) attendent encore la septuagénaire.

« J’avance et je témoigne au feeling.

Je n’aurais pas supporté de marcher bêtement ».

Son retour à Morlaix est prévu vers le 15 octobre.

Qu’y aura-t-il après les 300 derniers kilomètres ?

« Je vais me reposer un peu.

Reprendre les pinceaux, termine-t-elle.

Et continuer de témoigner ! ».

Source : Le Télégramme

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