Retournac | Une assistante maternelle jugée pour maltraitances

Une assistante maternelle était jugée mardi devant le tribunal pour des maltraitances sur l’enfant qu’elle accueillait.

© Photo d’illustration

Blonde, la quarantaine, bien mise et inflexible. Durant les trois heures d’audience mardi comme pendant ces six ans de procédure, elle n’a jamais fléchi : ce n’est pas elle qui a maltraité l’enfant de 17 mois que lui a confié l’Association de sauvegarde de l’enfant, de novembre 2010 à mars 2011 à Retournac.

Les accusations se fondent exclusivement sur les constatations médicales. Sans témoin à charge et sans aveu, reste à démêler le vrai du faux.

Les rapports des médecins sont en tout cas accablants. Le bébé, dont le père purge aujourd’hui une peine de prison pour viol sur une de ses filles, a été placé dans l’urgence par les services sociaux chez cette assistante maternelle qui vient d’obtenir un second agrément.

Le 21 mars 2011, elle emmène l’enfant chez le médecin affirmant qu’il s’est blessé tout seul : son bras a tellement enflé que le médecin l’envoie aux urgences de l’hôpital Émile-Roux.

Là, le pédiatre fait un signalement au Parquet, l’enfant est retiré. L’assistante maternelle, emprisonnée trois mois, est toujours sous contrôle judiciaire.

Depuis, les constations médicales confirment les unes après les autres que l’enfant a été maltraité durant ces trois mois : il présente des ecchymoses sur tout le corps, y compris sur les parties génitales –

« il a le dos marron » – des dents en moins, une plaie à la bouche, on lui a arraché les cheveux, tiré les oreilles ; il souffre d’hémorragie oculaire « caractéristiques de l’enfant secoué » et de fractures consolidées à l’épaule droite, au bassin, et d’une luxation du coude pour laquelle l’assistance maternelle a consulté le 21 mars. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de repousser la prévenue dans ses retranchements mais le juge Delay ne tirera rien de plus d’elle que ce qui est consigné dans ses dépositions.

« Il tombait tout le temps… »

L’assistante maternelle, qui travaille dans un foyer pour personnes handicapées, maintient sa version des faits. « Il tombait tout le temps, je l’ai signalé » ; « il ne se plaignait jamais », répète-t-elle en essuyant ses larmes, « c’est impardonnable ».

« Qu’est-ce qui est impardonnable ? », tente le président. « De ne pas avoir perçu sa souffrance ? » « Oui. Mais j’ai rien fait ».

« On a du mal à comprendre qu’un enfant souffre ainsi sans que vous vous en rendiez compte. Quelqu’un d’autre dans votre entourage a-t-il commis ces violences ? » tente à nouveau le président. « Ce n’est pas moi ».

La seule à avoir perçu cette souffrance est la mère de l’enfant qui s’en est inquiétée auprès de l’éducateur de l’ASE. « Mais ça n’émeut personne », souligne le juge en ajoutant « ça marque beaucoup les enfants, c’est comme les femmes battues ».

« L’ASE et l’éducateur ont sorti le parapluie »

Les expertises psychiatriques décrivent une femme « immature » et « impulsive », ce que confirment dans un premier temps son concubin et sa belle famille.

Pour la partie civile, « personne n’assume ses responsabilités. L’ASE et l’éducateur ont sorti les parapluies […] À un moment donné, il faut prendre ses responsabilités ». Et d’ajouter : « la vérité, c’est qu’elle n’a pas su gérer l’enfant. Il n’y a pas de doute sur l’auteur de ces violences. C’est elle ! ». Aujourd’hui l’enfant « se répare » dans une nouvelle famille d’accueil.

Le Ministère public emboîte le pas aux parties civiles. « Ses explications ne tiennent pas face aux constations médicales. La souffrance de l’enfant a été chiffrée à 4 sur 5 par le corps médical », lance-t-il en requérant deux ans de prison ferme.

Mais ces expertises médicales, il ne faut pas les prendre au pied de la lettre, pour la défense.

« Comment ma cliente pouvait-elle avoir conscience d’avoir commis des actes de violence sur l’enfant alors que ni l’éducateur de l’ASE, ni le médecin chef de la PMI, et ni le médecin traitant n’ont rien vu ? ».

Et de balayer l’expertise sans appel réalisée en 2015, cinq ans après les faits, au motif que leurs auteurs « n’ont jamais examiné l’enfant ».

Comment expliquer dès lors l’origine des blessures ?

« C’est l’apprentissage de la marche » et puis l’enfant a pu « rouler dans l’escalier » d’autant que sa cliente « n’est pas violente de nature » ; à l’issue de plaidoyer qui livrait bataille des témoins contre les experts, il demandait la relaxe.

Le jugement a été renvoyé au 6 juin.

Source : leveil.fr

 

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