La Réunion | Un pédocriminel de 71 ans condamné à 5 ans de prison, dont 3 ans avec sursis pour viol sur ses 3 filles

“Est-ce que je suis un monstre ?”

Le tribunal de Champ Fleuri

Un homme était jugé hier par le tribunal de Champ Fleuri, pour des attouchements sexuels commis sur ses filles alors mineures, entre 1986 et 2001. Ses trois victimes ont mis plusieurs années à sortir de leur silence, avant d’abandonner les poursuites.

C’est une affaire particulièrement sordide qui était portée à la connaissance du tribunal de Champ-Fleuri hier matin. Le prévenu, âgé de 71 ans, devait répondre d’attouchements sexuels commis entre 1986 et 2001 sur deux de ses quatre filles.

Une troisième victime avait également porté plainte pour des faits encore antérieurs, mais aujourd’hui prescrits. Et ce n’est qu’à partir de 2011, que trois des filles du prévenu, vont se décider à faire éclater la vérité au grand jour.

Un récit cauchemardesque, pour des faits parfois vieux de plus de trente ans, alors que les malheureuses fillettes étaient âgées de 4 à 12 ans. Entendues durant l’enquête, chacune décrit des attouchements et des pénétrations qui se poursuivent à chaque fois sur plusieurs années.

Dénégation complète de l’homme présent à la barre, qui avouera en tout et pour tout:

“du laxisme durant l’éducation de ses enfants”.

Inconnu de la justice jusque-là, J.L. réside aujourd’hui en métropole avec la mère de ses enfants. Il a fait le voyage pour être présent à son procès, grâce à sa quatrième fille. La seule avec laquelle il garde un contact.

Ses trois autres filles, qui devant la longueur de la procédure ont préféré retirer leurs plaintes “pour passer à autre chose”, ont tout de même fait connaître leurs attentes vis-à-vis de la justice.

“Je ne souhaite pas poursuivre la procédure, et désire aujourd’hui avancer. J’attends seulement que mon père reconnaisse ce qu’il a fait devant le tribunal”, écrit une des victimes, dans une lettre adressée au tribunal.

Une bouteille à la mer, devant un père qui préfère “garder le silence, car (il) ne comprend pas”.

La lecture de la procédure semble même laisser l’intéressé de marbre, même lorsque les expertises psychologiques sur ses filles révèlent des traumatismes profonds:

“Vies relationnelles difficiles, crises d’angoisses, dépressions, tentatives de suicide !”, énumère Hugues Courtial, président du tribunal.

La mère elle-même a confirmé que ses filles avaient parlé de ces gestes par le passé. Sans plus de réaction dans le foyer à l’époque.

Et à chaque fois ce même scénario. L’entrée en jeu d’un petit copain, qui permet de mettre un terme aux attouchements, mais avec des reproches sur la relation naissante de la part du géniteur. De quoi définitivement vous couper les pattes, avant même d’avoir quitté l’enfance.

“Je me pose la question. Est-ce que je suis un monstre, plaide le prévenu, à la fin de la lecture de la procédure. Si j’avais commis tout ça, je pense que je ne serais pas là devant vous. Je suis dépassé, je ne peux pas vous répondre”.

Un vrai malaise plane, sur une audience à sens unique. Procédure contre prévenu. La vice-procureur Véronique Maugendre relève:

“Le poids du silence des victimes, ni présentes ni représentées, pèse sur l’audience, mais l’attitude de ces jeunes femmes est commune à beaucoup de victimes. Il est important d’être entendu après avoir gardé ça sous silence pendant des années, puis on essaie de passer à autre chose”.

Une ambivalence certaine entre le dépôt de plainte, et cette volonté d’oublier en se retirant de cette même plainte.

“Et de l’autre côté, on a cet homme qui nie en bloc. On se demande même parfois, si on est bien sûr le bon dossier”.

Il est vrai que le fossé semble immense entre ce gramoune fraîchement débarqué de métropole, prolixe à la barre, et l’homme dépeint dans les procès-verbaux, auteur de gestes d’une rare gravité. Un fossé qui pourrait s’expliquer par l’ancienneté des faits.

Avec le retrait des plaintes, l’avocat du prévenu, Me Julien Barraco souligne :

“les investigations n’ont pas été poussées très loin, . La justice s’appuie sur des preuves, et vous n’avez que des récits basés sur des souvenirs et des ressenties qui ont plus de trente ans. Pour prononcer de la prison ferme, il fallait une procédure en conséquence. D’autant qu’il n’y a aucun nouveau fait depuis 2001, et que le risque de récidive est inexistant”.

L’avocat du prévenu, Me Julien Barraco 

À cheval entre le ministère public qui demandait cinq ans de prison ferme, et la défense qui proposait une peine avec sursis et des soins, le tribunal a tranché pour une peine mixte.

J.L. a été condamné à 5 ans de prison, dont 3 ans avec sursis comportant une obligation de soins. Son nom a également été porté au fichier des auteurs d’infraction sexuelle.

Le prévenu, qui a pu repartir en métropole, sera convoqué prochainement pour effectuer sa peine de prison ferme.

Source: clicanoo

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