La Réunion | Le prêtre Fabrice Ibrahim condamné pour viols sur mineur

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L’enfant était victime de viols et d’agressions sexuelles hebdomadaires…
Mercredi débute le procès du prêtre de la Plaine des Palmistes, Fabrice Ibrahim, accusé de viols et d’agressions sexuelles réguliers sur un jeune paroissien ainsi que sur sa mère quelques années plus tôt

Actualisation du 15 avril 2022 :

Le père Fabrice Ibrahim vient d’être condamné à 12 ans de prison pour les viols commis sur une paroissienne et son fils. C

Cette peine est moins lourde de trois ans par rapport aux réquisitions de l’avocate générale prononcées un peu plus tôt.

Casquette et masque n’ont pas permis à l’ancien homme d’église qui comparaissait libre de dissimuler son vrai visage à la barre de la cour criminelle.

Le verdict est tombé ce jeudi soir dans le procès pour viols commis par l’ancien curé de la paroisse de la Plaine des Palmistes. L’homme d’église a été condamné à 12 années de réclusion criminelle, 5 ans de suivi socio judiciaire ainsi que d’une interdiction de travailler au contact des mineurs, une inscription au Fijais (le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes), une obligation de soins et une interdiction d’entrer en contact avec les victimes.

Un peu plus tôt au cours de cette deuxième et dernière journée de cour criminelle, 15 années de prison assorties d’un suivi socio judiciaire de 10 ans avaient été requises à l’encontre du prêtre de la Plaine des Palmistes accusé de viols sur une paroissienne et son fils, un adolescent à l’époque des faits.

Avant d’être démis de ses fonctions, le père Fabrice Ibrahim officiait à la paroisse de la ville des hauts de l’Est jusqu’au milieu des années 2010.

Ce jeudi matin au deuxième et dernier jour de son procès, la paroissienne Valérie* a apporté son témoignage et a éclairé la cour sur ce qu’elle a subi en 2011 et 2012.

A cette époque, elle avait pour habitude de confier au prêtre son désarroi au sujet de son couple.

Très proche de lui puisqu’elle s’occupait de ses affaires courantes ainsi que de l’intendance de l’église, elle s’était sentie dans l’obligation d’accepter ses avances.

Pierre, son fils, a ensuite été appelé à la barre. Très ému, il a expliqué avoir trouvé la force de sortir des griffes du prêtre grâce à une nouvelle relation amoureuse. Mais aussi avoir été obligé de déménager pour fuir le scandale que ses révélations avaient provoqué.

Puis, la difficulté de surmonter un traumatisme familial tout en acceptant son homosexualité. “Depuis que je connais la date de cette audience, je suis suivi par un psychiatre qui m’accompagne dans cette épreuve. Cela ne m’empêche pas d’avoir parfois envie de me jeter sous le métro. Je veux qu’il arrête”, a conclu Pierre qui vit désormais en métropole.

“On avait foi en Dieu mais surtout en lui et il fallait suivre son chemin pour aller au paradis”, tel était l’état d’esprit des paroissiens qui, comme lui et sa mère, s’étaient réfugiés dans la foi en espérant trouver un salut.

Après la pause méridienne, Fabrice Ibrahim s’est avancé à la barre.

“Le choc carcéral m’a profondément touché et je ne suis plus la même personne”, a expliqué l’accusé.

Le quadragénaire a reconnu avoir été l’homme décrit par ses détracteurs, à savoir un homme autoritaire, rigide, dominateur et abusant de sa position.

“J’ai honte de ce que j’étais et de mon abus de pouvoir”, a-t-il confessé.

Et concernant les nombreuses relations sexuelles qu’il entretenait et qui se chevauchaient, l’ancien homme d’église a reconnu qu’il les devait à son statut.

“Elles me valorisaient en tant qu’homme car je me suis toujours senti rejeté”, a détaillé celui qui s’est aujourd’hui lancé dans l’apiculture.

Lun des avocats des parties civiles a questionné :

“Mais vous aviez conscience qu’en contraignant un mineur, vous avez franchi la ligne rouge ?”

Fabrice Ibrahim, 48 ans aujourd’hui, a reconnu :”Mes pulsions et l’affection que j’avais pour Pierre étaient plus fortes que l’interdit”.

L’accusé demeure dans le déni en soutenant que sa jeune proie n’avait jamais exprimé son désaccord

Pourtant, répondant ensuite aux questions de son avocat, Me Nicolas Normand, l’ancien curé a soutenu que Pierre n’avait jamais exprimé son désaccord, qu’il avait répondu à ses sollicitations sans rechigner. Une déclaration qui montre dans quelle ambivalence mentale se trouve toujours le mis en cause.

“Fabrice Ibrahim s’est servi des attributs de la religion contre la religion. Et l’église ne peut apporter son approbation car son honneur a été piétiné et trahi”, a fustigé Me Jean-Jacques Morel pour la défense des intérêts du diocèse.

Le bâtonnier Laurent Payen a poursuivi :

“La famille des victimes a été irradiée par cette bombe atomique”.

“Cela pèse au quotidien dans la vie de Pierre. Ce prêtre était un modèle pour lui qui voulait suivre cette voie”.

La robe noire a insisté sur la soumission de Valérie, forcée à une première fellation ainsi que les suivantes. Puis celle de son fils Pierre, coincé dans son adolescence, sidéré par les fellations et les sodomies que le prêtre Ibrahim lui imposait régulièrement.

La représentante de la société a rappelé le contexte, détaillé les faits et leurs circonstances avant de requérir 15 ans de réclusion criminelle assortis d’un suivi socio judiciaire de 10 ans.

C’est finalement à trois années de moins qu’il a été condamné. Les réquisitions concernant le suivi socio judiciaire auquel il devra s’astreindre sont elles aussi réduites de moitié.

Dès la sortie d’audience, l’avocat du condamné a immédiatement fait savoir que son client acceptait le verdict.

“12 ans c’est tout à fait acceptable (…) C’est fini, il ne fera pas appel. Fin de l’histoire !”, a commenté Me Nicolas Normand.

Article du 13 avril 2022 :

Au cours des trois jours d’audience, il sera question d’emprise et de la personnalité manipulatrice de l’homme d’église qui encourt 20 ans de réclusion.

Février 2017, le curé de la Plaine des Palmistes était interpellé par les gendarmes de la compagnie de Saint-Benoit suite à la plainte d’un de ses jeunes paroissiens.

Celui-ci relatait des faits de viols et d’agression sexuelles hebdomadaires dont il aurait été victime entre 2013 et 2015.

Il avait expliqué que l’homme d’église représentait pour lui un père de substitution et que, de par sa fonction, il avait une forte emprise sur lui.

Enfant de chœur et adepte de l’église palmiplainoise, il avait 14 ans au moment des faits présumés et s’était confié à l’aumonier de l’Université dans laquelle il étudiait au moment de sa majorité.

Entendue à son tour dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet de Saint-Denis, la mère du plaignant avait indiqué avoir subi le même sort entre 2011 et 2012.

À son tour, elle avait décrit le père Ibrahim comme un homme à forte personnalité qui l’avait mise dans une position de soumission du fait notamment des fonctions qu’il occupait.

Les faits auraient été reconnus par le mis en cause au moment des confrontations avec les deux victimes.

Fabrice Ibrahim, 48 ans, a été ordonné prêtre en 2002 à Saint-Paul.

Il avait ensuite été désigné comme prêtre de la paroisse Sainte-Geneviève à Saint-Joseph en 2007 avant de rejoindre Sainte-Rose en 2010 puis la Plaine des Palmistes.

Le scandale avait éclaboussé la communauté catholique de La Réunion, extrêmement choquée par ses révélations.

Le procès devant la cour criminelle composée de cinq magistrats professionnels débute ce mercredi et va durer trois jours.

Le verdict devrait tomber ce vendredi.

L’ecclésiastique en position de personne ayant autorité encourt 20 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles aggravés.

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