La Machine | Il prostitue deux filles, la première de 15 ans est enceinte

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« Un monstre, que peut-on dire de plus » il prostitue et met enceinte une fille de 15 ans
Le tribunal correctionnel de Nevers a infligé, mardi 12 avril, sept années de prison à un Machinois de 34 ans pour proxénétisme aggravé et violences conjugales.

Elle est tétanisée. Elle ne peut pas leur opposer de résistance. Les rapports sont toujours douloureux. Après, elle se sent sale. Et, dans son ventre, grandit un enfant qu’elle ne veut pas.

Le premier homme à monter dans la chambre a l’âge de son père. Elle, elle n’a que 15 ans. « Ce n’était absolument pas consenti », dépose-t-elle, sept ans plus tard, à l’audience correctionnelle. « J’ai subi des viols qui m’ont énormément traumatisée. Il y a encore des parties de mon corps qu’il ne faut absolument pas toucher. »

Son compagnon, âgé de 27 ans à l’époque, trouve les michetons en se faisant passer pour elle sur des sites de rencontre et réseaux sociaux. Il empoche les 80 € des passes, 100 € sans préservatif, elle n’a pas son mot à dire. « Le médecin qui m’a examinée [pour la procédure] a dit que j’étais miraculée de ne pas avoir attrapé de maladies. »

Aucun ne lui demande son âge, aucun ne sera poursuivi
Une vingtaine de clients réguliers défile dans les logements sordides que le couple occupe à La Machine. Et dans des voitures, dans des bois… Aucun ne lui demande son âge. Aucun ne sera poursuivi.

Pourtant, la justice dispose des noms. Plusieurs sont même entendus par les gendarmes. Mais, à la barre, il n’y a que le proxénète (nous ne donnons pas son nom dans l’unique but de préserver l’anonymat de ses deux victimes). « Un monstre, que peut-on dire de plus », assène Me Valérie Kucan, avocate de la partie civile.

Les dépositions sont nombreuses dans ce dossier et, à quelques exceptions près, elles dressent un portrait abominable du prévenu. Dans les années 2015-2020, il est de notoriété publique à La Machine qu’il « ne vit qu’avec des gamines pour pouvoir les manipuler », puis les faire tapiner.

« Manipulateur », « pervers », « emprise »
Les mots « pervers » et « emprise » reviennent systématiquement. Quand il rencontre la première victime, il ment à ses parents sur sa grosse voiture et sur sa société pour pouvoir emménager ensemble. En fait, il n’a jamais travaillé de sa vie. Il enferme sa proie. Elle ne peut jamais sortir sans lui.

Il lui interdit la pilule et la met enceinte. La prostitution intervient entre le quatrième et le huitième mois. Il a pris des photos d’elle nue, pour se masturber, lui fait-il croire, quand elle ne voudra plus avoir de relations sexuelles en raison de la grossesse. Il les utilise en fait sur internet pour recruter les clients.

Le bébé arrive. Elle ne peut pas l’aimer, tout à son calvaire qui se poursuit. Au retour de couches, « il m’a arraché les fils », révèle-t-elle. Un détail « dégueulasse », selon un terme employé par le parquet. Un de plus.

Il suspend son bébé par la fenêtre
Elle veut partir. Il suspend le nourrisson par la fenêtre et la regarde. « Tu vas faire quoi, maintenant, hein ? » Le petit est retiré à quatre mois. Les services sociaux ne savent pas pour cet incident, mais ils ont l’œil sur le prévenu, dont les trois autres enfants ont déjà été placés.

Sans pleurs à la maison, il réinstalle le proxénétisme. « Il faut bien te nourrir », lâche-t-il à sa compagne. Il achète surtout des stupéfiants et des cadeaux pour ses enfants.

Quand elle se rebelle, il la bat. Sur une rare inattention de son geôlier, elle parvient à appeler un couple d’amis. Ils la sortent de là par la force.

« Un couteau sur la gorge » si elle refusait
Deux mois à peine et il s’installe avec une autre mineure, une lycéenne de 17 ans, qui va subir le même sort. Déscolarisée, enfermée, privée de téléphone mobile, empêchée de dormir jusqu’à ce qu’elle craque. « Oui, oui, elle était consentante » pour la prostitution, tente de faire croire le prévenu. « Un couteau sur la gorge » quand elle essayait de refuser, corrige-t-elle.

Sa seule chance : il ne la met pas enceinte. En tout cas, elle parvient à s’enfuir avant. Quelques semaines passent et le prévenu est à nouveau en ménage. La fille a 14 ans. Il n’y aura pas de plainte de sa part…

Je suis horrifié de voir à quel point l’on peut rabaisser l’âme humaine

La peine la plus lourde pouvant être prononcée par un tribunal correctionnel est un emprisonnement de dix ans. Sept ans de détention avec une incarcération immédiate sont requis.

Une sanction « à la hauteur » des existences brisées des deux victimes. « Elles ont besoin que la justice passe pour se reconstruire », clame Paul-Édouard Lallois, un vice-procureur « horrifié de voir à quel point l’on peut rabaisser l’âme humaine ».

Le tribunal suit : le prévenu est escorté à la maison d’arrêt. À sa sortie, dans trois à cinq ans, en fonction des remises de peine, il sera interdit de séjour dans la Nièvre durant cinq ans.

Arrivé « les mains dans les poches », reparti les menottes aux poignets

À l’appel de son nom, le prévenu sollicite le renvoi. Il vient de déposer un dossier d’aide juridictionnelle et aucun avocat n’a encore accepté de le défendre. En réalité, il a reçu sa convocation le 26 novembre. Les parties civiles et le parquet s’opposent à sa demande. « Pour une affaire aussi détestable, il arrive les mains dans les poches », s’étonne Paul-Édouard Lallois.

Le tribunal considère qu’il ne doit sa situation qu’à sa propre inconséquence et retient le dossier. Au moment de prononcer quelques mots en défense, il est donc seul. Et peu inspiré. « Je suis désolé. Tout ce que je demande, c’est pas de mandat de dépôt. Pour que je puisse aller voir ma mère et mon fils avant. » Il n’est pas exaucé. Quelques minutes plus tôt, quand déposait l’une de ses victimes, il semblait moins préoccupé. Il bâillait.

Verbatim

Extrait d’une lettre écrite par la première victime à l’attention d’un psychologue. « J’ai vécu trois ans en enfer. Ils m’ont tous violée. À croire que ça ne les dérangeait pas. Toute la ville savait ce qui se passait. Et personne ne m’a aidée. »

Me Valérie Kucan, avocate de la première victime. « Ce sont des faits abjects. Je n’ai pas de mots. Après moult explications vaseuses, j’ai quand même l’impression qu’il reconnaît les faits, mais je suis sûre qu’il ne comprend pas en quoi ils sont d’une gravité extrême. Il y a sans doute eu d’autres victimes. Mais elles ne veulent pas parler. »

Me Évelyne Magnier-Morignat, avocate de la seconde victime. « On est dans le sordide à 100 %. Face à un prédateur, à la mécanique bien huilée. Il choisit de très jeunes filles, souvent en difficultés familiales, avec l’envie de partir. Une fois qu’elles se retrouvent chez lui, le piège se referme. Elles sont réduites à l’état d’objet sexuel. »

Paul-Édouard Lallois, vice-procureur. « Vous avez décrit l’innommable, vous avez entendu l’abject et vous avez vu la souffrance. La souffrance de ces jeunes filles, qui ont été d’une dignité extraordinaire. Une foultitude de témoignages vient leur accorder un crédit formidable. Elles étaient face à un monstre, qui a fait d’elles ses choses, sans une once d’émotion. Y a-t-il de la repentance aujourd’hui ? Je pense que non. »

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