Île-de-France | Le réseau de proxénètes faisait travailler des mineures

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4 hommes impliqués dans un trafic sexuel d’adolescentes
photo d'une adolescente tendant la main pour échapper a l'agression
La plus jeune n’a que 14 ans. En quelques mois, comme d’autres adolescentes, elle a été trimbalée un peu partout pour assouvir les fantasmes des clients. Près de 600 euros la nuit et 100 euros la demi-heure.

Une demi-douzaine d’adolescentes étaient conduites au domicile des clients ou dans des hôtels. Quatre hommes ont été déférés jeudi 28 janvier soir pour proxénétisme.

La plus jeune n’a que 14 ans. En quelques mois, comme d’autres adolescentes, elle a été trimbalée un peu partout pour assouvir les fantasmes des clients. Près de 600 euros la nuit et 100 euros la demi-heure.

Ses « souteneurs » la déposaient au domicile de ceux qui payaient.

Un sordide tour de l’Ile-de-France qui vient de se terminer par le placement en détention provisoire de trois hommes pour proxénétisme aggravé. Un quatrième a pu obtenir un contrôle judiciaire. L’enquête se poursuit avec la désignation d’un juge d’instruction.

Ce réseau, qui vient d’être démantelé par les gendarmes du Val-d’Oise, tirait profit d’un fonctionnement basé sur l’emploi d’une demi-douzaine de filles, quasiment toutes mineures, et de l’utilisation d’une flotte des véhicules qui étaient pour la plupart loués.

Comme souvent dans ce genre de dossiers, il faut l’intervention d’un voisin pour que l’enquête démarre.

En octobre dernier, des riverains de Louvres (Val-d’Oise) se plaignent aux gendarmes. Il y a trop d’allées et venues dans leur résidence. Des jeunes femmes sont rejointes par des hommes dans un appartement loué depuis peu de temps. Les militaires interviennent régulièrement. Une enquête préliminaire est ouverte.

Quatre hommes sont dans le collimateur.

Il y a celui qui loue cette habitation. Une demi-douzaine de filles, dont celle âgée de 14 ans, travailleraient ici. Mais lui ne vit pas là mais dans les Hauts-de-Seine avec sa compagne. Officiellement, il touche 900 euros d’allocation handicapé. Mais dans les faits, il empoche 50 % du montant des passes. Cela lui permet de rembourser une dette, a-t-il assuré lors de sa garde à vue. L’emploi d’adolescentes ? Il jure qu’il ignorait qu’elles étaient mineures.

Un autre membre du réseau est vite identifié. Lui aussi fait travailler l’adolescente de 14 ans. Enfin au début de la garde à vue, il la présente comme une « relation amoureuse ». Mais les enquêteurs le surveillent depuis des mois. Il finit par reconnaître qu’il postait les annonces sur des sites de rencontres et qu’il la conduisait dans des hôtels de toute la région parisienne. C’était occasionnel, assure-t-il. Cela a pourtant permis à ce chômeur de vivre grand train, logeant à l’hôtel et se nourrissant de livraisons à domicile.

D’après une source proche du dossier, le réseau fonctionnait sans lien hiérarchique entre les différents membres. Une sorte de mise en commun de moyens matériels comme les voitures mais avec une certaine autonomie.

Par exemple, l’un des proxénètes louait les véhicules (2 800 km en neuf jours rien sur le nord de l’Ile-de-France) ou réservait des chambres d’hôtel. Les bonnes adresses étaient échangées entre les différents membres.

Saïd Harir, l’avocat du jeune homme qui louait l’appartement de Louvres, souligne que :

« Le rôle de chacun des mis en cause devra être précisé au plus vite afin que l’instruction avance et permette à notre client d’envisager sa libération sous contrôle judiciaire en attendant le procès ».

Outre cette adresse et les domiciles des clients, les filles se prostituaient dans des hôtels de Roissy-en-France (Val-d’Oise) ou de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Un appartement de Creil était également loué via le site Airbnb.

Une partie seulement des victimes ont pu être entendues, sans que cela donne lieu forcément à des dépôts de plainte.

Une source proche du dossier soupire :

« Il y a des filles en fugue ou d’autres en grande détresse sociale ».

L’une des adolescentes aurait même été forcée à rester dans un appartement.

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