Sommières | Viol d’une ado de 15 ans, le “tonton” dit qu’elle était consentante

En 2010, au moment des faits, l’accusé était âgé de 57 ans.
Un ami de la famille, un “tonton”, accusé du viol d’une adolescente de 15 ans.
L’avocat général a requis 10 ans de réclusion lors de son procès aux assises du Gard.

PHOTO ARCHIVE / SAMUEL DUPLAIX
PHOTO ARCHIVE / SAMUEL DUPLAIX

Moralement responsable, mais pas pénalement.
C’est en substance la ligne de défense développée par l’accusé et son avocat.
Emmanuel Bouchaux reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec la fille de son meilleur ami dans une maison, dans le secteur de Sommières, en 2010.
À l’époque, il avait 57 ans, la petite Chloé (1) était âgée de 15 ans.

 Il affirme qu’elle était consentante

Costume, cravate à gros motifs, cheveux grisonnants, lunettes noires et grises, l’accusé est dans le box pour cet acte sexuel qui a donné lieu à sa mise en examen pour viol, peu après la dénonciation des faits.
Emmanuel Bouchaux a même été placé en détention provisoire pendant six mois.
Schématiquement, il estime que la relation était consentie même s’il a reconnu que son attitude était condamnable sur le plan moral.
Mais pour la justice, la relation sexuelle ne peut pas être consentie par le simple fait de l’âge de la plaignante, 15 ans, au moment des faits.

Elle raconte une relation forcée

Sur le banc des parties civiles, Chloé (qui a aujourd’hui 20 ans) est prise régulièrement de tremblements.
Elle a beaucoup de mal à suivre les débats qui lui semblent insupportables.
Elle a quitté la salle d’audience quand la présidente Perrin a effectué le rappel des faits décrivant la scène au cours de laquelle, elle a décrit comment le “tonton” l’a pénétré.
À ce moment-là, elle avait expliqué être prise d’une crise de tétanie qui l’a laissé sans voix : impossible de bouger ni d’appeler au secours.
“Je ne comprenais pas ce qui était en train de se dérouler.”
Tremblante, en sanglots, elle a maintenu sa version face aux jurés et assuré que la relation était forcée.
Quelque temps avant le passage à l’acte, le “tonton” lui avait tiré les cartes lui prédisant qu’elle allait avoir une relation sexuelle…

Une ado ballotée

Sur la description de la scène, l’accusé reste stoïque dans le box.
Au-delà de la divergence radicale des versions des uns face à celle des autres, c’est aussi deux univers qui se confrontent lors de ce procès criminel.
Ainsi, la jeune fille est ballottée entre ses parents qui se sont séparés.
Sa mère a refait sa vie avec un autre homme.
Son père, sorte de “self-made-man”, qui est reparti de zéro dans la région de Sommières, confesse (à la période où l’affaire a éclaté) qu’il avait du mal à s’occuper de sa fille.
Chloé semble malchanceuse car elle est souvent confrontée à des événements de la vie qui lui tombent dessus comme la misère sur le pain.
Quand l’école l’appelle pour lui dire que Chloé est à l’infirmerie et va très mal, le père pense à une vétille du quotidien mais pas à un viol commis par son “meilleur ami”, son “seul ami”.
Le père explique à la barre que la nouvelle l’a littéralement sidérée.

Une famille de musiciens

Sur le terrain de la personnalité, l’accusé est décrit comme particulièrement doué.
Même le père de la victime le dit très brillant, très cultivé.
“Je l’admirais sur le plan professionnel. Ses facultés en coaching sont fascinantes”.
Le frère d’Emmanuel Bouchaux ne tarit pas non plus d’éloges sur son intelligence et évoque une famille où tous les frères ont reçu à la fois la droiture et une bonne éducation en guise de viatique et où la lecture était très présente ainsi que la musique.
Leur père était violoniste, leur mère violoncelliste.

Pour sa part, la jeune Chloé était bonne élève avant les faits, elle avait même une classe d’avance.
Mais elle a été perturbée par la séparation des parents.
Même sa maman confessera l’avoir un peu trop délaissée.
La petite est en proie à des crises de tétanie et, par le passé, a fait l’objet de deux tentatives de suicide.
Sur le premier aspect, Me Malgras ne manquera pas de souligner qu’il est impossible d’avoir une relation sexuelle avec une personne qui subit une crise de tétanie.
Vers 20 heures, une des filles d’une ancienne compagne de l’accusé, l’a décrit comme un manipulateur né.

“Il adore jouer avec les gens.
C’est quelqu’un qui se sent supérieur.
Il veut se montrer tout-puissant.”

Ce vendredi 9 octobre, après la suite des débats, l’avocat général a finalement requis 10 ans de réclusion à l’encontre de l’accusé.

Source: http://www.midilibre.fr/

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